Prix de l’énergie: l’UE divisée, entre appels aux réformes et attentisme
Les dirigeants de l’Union européenne, réunis mercredi en Slovénie, ont affiché leurs divisions quant à la réponse à apporter à la flambée des prix de l’énergie, France et Espagne appelant à une réforme en profondeur tandis que d’autres prônent la patience.
Le sujet s’est invité en marge du sommet consacré à l’élargissement aux Balkans occidentaux, alors que le cours du gaz naturel a atteint de nouveaux records historiques sur les marchés européens en raison d’une forte demande à l’approche de l’hiver.
« Nous avons demandé à la Commission », l’exécutif européen, « d’être audacieuse dans sa réponse », a déclaré le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, à son arrivée au château de Brdo. « Nous sommes confrontés à une crise sans précédent qui requiert des mesures exceptionnelles, innovantes et énergiques », a-t-il insisté.
L’Espagne fait partie des cinq pays de l’UE qui réclament une « approche commune », aux côtés de la France, de la République tchèque, de la Grèce et de la Roumanie.
Paris souhaite une révision importante du marché de l’électricité, notamment de la fixation des prix jugé trop dépendante des cours des énergies fossiles, tandis que Madrid propose des « achats groupés » de gaz, sur le modèle de l’approvisionnement européen en vaccins anti-Covid-19.
Mais d’autres pays, comme l’Allemagne et les Pays-Bas, ont mis en garde contre des « mesures extrêmes », arguant qu’il s’agissait d’une situation temporaire liée aux limites de l’offre, contrecoup de la crise sanitaire et sur fond de reprise économique.
« La question est: doit-on changer fondamentalement le marché en réaction aux prix élevés de l’énergie, ou cela relève-t-il des États membres? », s’est interrogé le Premier ministre néerlandais sortant Mark Rutte.
« Je n’exclus pas qu’il faille faire davantage au niveau européen, mais il faudrait alors procéder à une analyse approfondie », a-t-il averti.
Le dirigeant souverainiste Viktor Orban a quant à lui blâmé la politique énergétique de l’UE, en particulier le Pacte vert européen, qui vise la neutralité carbone du continent, et le marché du carbone où les fournisseurs d’énergie doivent s’acquitter de « droits à polluer » fortement renchéris.
La flambée actuelle des prix, c’est la faute de la Commission », a-t-il asséné, appelant à « modifier certaines régulations ».
Depuis le Luxembourg, où se tient une réunion des ministres européens de l’Environnement, le ministre de l’Énergie grec Kostas Skrekas a lui lancé un avertissement contre de telles tentations « populistes ».
De même, pour le vice-président de la Commission, Frans Timmermans, il faut accélérer la transition énergétique: « Le plus vite nous augmenterons les sources d’énergie renouvelables, le plus vite nous pourrons protéger les citoyens contre les hausses de prix », a-t-il déclaré au Luxembourg.
Bruxelles proposera mercredi 13 octobre un arsenal de mesures temporaires pour contrer la hausse des prix. Le sujet s’invitera aussi au sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’UE les 21 et 22 octobre, où des adaptations à plus long terme pourraient être discutées.