Les énergies marines « en toile de fond » dans les 20 ans de la CRE
Alors que la Commission de régulation de l’énergie va souffler ses 20 bougies, Jean-François Carenco revient sur le sujet des énergies marines pour notre site partenaire Energies de la mer.
Parmi les nombreux thèmes abordés, le président de la CRE a évoqué la constitution récente d’un groupe de travail sur le sujet dans le cadre du comité de prospective lancé il y a deux ans par l’organisme, avec deux co-présidents, Jérôme Pécresse, de GE Renewables Energy, et Marc Lafosse, le responsable du sujet au Syndicat des énergies renouvelables. « Parce qu’il faut se préparer au changement du mix et à l’impact sur les réseaux », a insisté le président de la CRE.
Des réseaux au cœur de la « révolution énergétique », a insisté J-F. Carenco. Un dossier qui doit également être traité dans le cadre du Turpe, le tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité qui fixe certes la part réseau de la facture des clients, mais aussi les investissements consentis par les gestionnaires de réseau notamment RTE, responsable du transport et des raccordements des éoliennes offshore.
« Il faut le faire » et « on est attentif à ce que cela se déroule », a insisté le président de la CRE, s’exprimant sur les raccordements, qui ne représentent qu’une part des 33 milliards réclamés par RTE dans le cadre de la révision du Turpe, pour passer au Turpe 6.
« Il faut jouer de la flexibilité »
Dans cette première partie de son interview vidéo, M. Carenco évoque « la réduction de la consommation soit globalement, soit parce que nos industries sont meilleures, soit parce que nos appartements sont mieux isolés. Il faut jouer de la flexibilité. Sur la production, il faut bien voir que l’investissement majeur n’est pas la réponse à tout. Il faut bien voir que l’investissement majeur n’est pas la réponse à tous entre la consommation et l’investissement. Il y a aussi ce que j’appelle la flexibilité : les interconnexions, le stockage, l’effacement ….. » et les 3 milliards d’investissements de RTE… « Oui, dit comme cela c’est un jok, avec RTE on travaille sur la programmation des investissements sur les quinze ans qui viennent. RTE ce n’est pas seulement des câbles… Chaque seconde, RTE assure l’équilibre sur le réseau, c’est un boulot exceptionnel ».
Interrogée sur la mutualisation des raccordements pour les six premiers appels d’offres éoliens en mer (AO) 2011, 2013, 2016, qui pourrait apporter une réduction des coûts, Domitille Bonnefoi, directrice chargée des réseaux, indique que cet aspect n’a pas été envisagé. « Les premiers AO sont très loin les uns des autres (les zones géographiques), on ne peut donc imaginer de mutualiser ».
« Ce que demande en revanche RTE et la CRE, c’est une planification de la part de l’Etat pour les appels d’offre à venir« , insiste-t-elle. Les premiers parcs sont localisés, aujourd’hui RTE dispose d’un budget, s’il le dépasse de 10%, ou si on arrive en dessous de 10%, il y a un malus ou un bonus.
C’est la nature de la régulation incitative et c’est la manière d’optimiser les coûts relatifs à ces raccordements nécessaires. La responsable précise par ailleurs que « cela a déjà été fait sur deux ou trois parcs, dont Saint-Nazaire, où on incite RTE ». Mais cela ne divise pas les coûts par deux, ajoute-t-elle, cela coûte cher ».
Le président de la CRE a, au passage, rappelé que c’est sous la pression de la CRE qu’ont été renégociés les deux premiers appels d’offres pour l’offshore éolien, avec l’entrée dans la procédure de RTE dans les câbles. C’est aussi ce qui a permis de « réduire » le coût du dispositif.
Les territoires ultramarins, terrain de jeu du système énergétique français
J-F. Carenco a par ailleurs évoqué les ZNI (les zones non interconnectées) et notamment les « îles » des Caraïbes et La Réunion.
« Longtemps, les Outre-mers ont été vécues comme une dépense« . Dorénavant « l’Outre-mer devient le lieu où s’invente un système énergétique français« .
Après avoir demandé à Catherine Edwige, membre du collège, de faire une synthèse des actions en cours, il a évoqué très rapidement la possibilité d’avoir recours à l’énergie thermique de la mer (ETM) dans ces régions qui y sont adaptées.
Dans cette deuxième partie de l’entretien, Jean-François Carenco évoque le déploiement des énergies renouvelables de la mer face à la triple révolution à laquelle « le système français énergétique français et européen est soumis : le numérique, le changement climatique et les évolutions technologiques. Au sein des énergies renouvelables, il y a les énergies renouvelables de la mer. Il y a les éoliennes posées ou flottantes, on a pour l’instant clôturé les hydroliennes, mais il y a l’énergie thermique des mers … J’y crois beaucoup... ».
COMMENTAIRES
La CRE a en effet incité à renégocier les premiers appels d’offres pour l’éolien offshore, ce qui a abouti a « réduire » les coûts. On oublie de préciser ici ce que cela veut dire concrètement : RTE a été prié de prendre à sa charge les coûts de raccordements des éoliennes en mer au réseau national, ce qui représente des sommes considérables car ce sont des connexions sous-marines.
Évidemment les producteurs (EDF, Engie) délestés du coût de ces raccordements, ont pu proposer des baisses de prix significatives.
Mais au final, le TURPE, taxe sur nos factures d’électricité (environ 1/3 de celles-ci) qui financent le réseau, va augmenter d’autant, c’est à dire de manière significative (les 33 milliards réclamés en attentent !).
Mais cela permet aux producteurs d’énergies marines (et aux écolos antinucléaires) d’affirmer que le coût de ces énergies baisse.
Dans la réalité, le consommateur paye in fine ces raccordements au travers du TURPE, ce qui explique l’augmentation constante du prix de l’électricité depuis le début du développement des énergies dites renouvelables (éolien, solaire) : quand ce n’est pas la CSPE, taxe qui subventionne ces énergies, c’est le TURPE, taxe qui prend en charge le coût exorbitant de leur raccordement au réseau.
C’est d’autant plus absurde que ces énergies ne sont aucunement la solution à la nécessaire Transition Energétique : car l’électricité française à base de nucléaire et d’hydraulique est totalement décarbonée. L’ajout des énergies solaires et éoliennes ne fait que croître le coût TTC du kWh, via la CSPE et maintenant le TURPE.
L’argent de ces taxes serait bien mieux utilisé à accompagner la rénovation thermique des logements, l’installation de PAC et le passage aux véhicules électriques.
Il est quand même surprenant dans ces débats qu’il ne soit que rarement dit que toutes ces productions d’électricité dites renouvelables ne permettent aucune fermeture des moyens traditionnels pilotables nécessaires pour la régulation et pour les jours sans vent: maintenance, approvisionnement, personnel…à part le carburant tout les frais perdurent.
Quelques précisions quand même. Les contrat pour l’éolien offshore ont été négocié à 140 €/MWh et le facteur de charge en 2019 pour le prototype FLOATGEN(très bonne année pour l’éolien) atteint seulement 34 %. https://www.ideol-offshore.com/fr/floatgen-atteint-6-gwh-de-production-delectricite-en-2019 Il va falloir s’attendre à payer la facture !
J’espère bien que la crise économique entraînée par l’épidémie de COVID 19 va remettre de l’ordre dans les priorités de la nation. Et nous permettre de mettre fin à cette gabegie qui ne permet que de décarboner pour très cher, une électricité qui l’est déjà et bien meilleur marché.
Renvoyons ces sommes pour organiser et faire de la prévention en matière de santé publique. Nos soignants très compétents mais mal rémunérés font des acrobaties pour endiguer la vague des malades en situation si grave qu’ils doivent être hospitalisés en prenant des risques considérables pour leur santé et celle de leur famille par manque de moyens de protection. Les soignants contaminés se comptent par centaines,certains en meurent. Quant au public, les pharmacies n’ont ni masques, ni gel hydroalcoolique, c’est à dire la base même de la protection individuelle. L’impéritie gouvernementale est payée très cher pour des économie de quatre sous en matière de stocks.
Alors cessons de suivre ces lubies d’écolos et revenons à des visions plus pragmatiques. Mettons l’argent si rare aux endroits où l’on n’en a le plus besoin. Et ce ne sont ni les éoliennes en mer , ni les éoliennes terrestres.