Les énergies renouvelables en 2016 : produire plus en investissant moins
Encore balbutiantes il y a une dizaine d’années, les énergies renouvelables se sont désormais durablement installées dans le paysage énergétique mondial. Conscient des nouveaux enjeux environnementaux et soucieux de lutter durablement contre le réchauffement climatique, les États du monde entier misent sur les technologies éoliennes, solaires, biomasses, géothermiques ou encore marines renouvelables pour réduire leurs émissions carbone. À tel point que 2016 a été une année record en termes de déploiement des énergies renouvelables, redonnant ainsi une véritable dynamique de croissance des ressources propres à l’échelle mondiale. Explications.
Une puissance renouvelable en hausse…
Selon le rapport « Tendances Mondiales des investissements dans les énergies renouvelables », publié début avril par l’Organisation des Nations Unies (ONU), les nouvelles capacités de production renouvelable ont atteint un niveau record au cours de l’année dernière : la capacité globale de production mondiale a vu sa puissance renouvelable croître de plus de 138,5 GW.
La croissance des énergies propres connaît donc une formidable progression de 9% par rapport aux capacités déployées l’année précédente (127,5 GW en 2015). Mieux, les énergies propres représentent 55,3% des capacités de production installées en 2016, soit plus de la moitié de l’ensemble des moyens de production nouvellement établis à travers le monde l’année dernière.
C’est l’énergie solaire qui a effectué la plus belle performance de l’année : avec le déploiement de 75 GW sur les 12 mois de l’année, le secteur compte en effet la puissance déployée la plus importante. La construction de la plus grande centrale photovoltaïque du monde, au Tamil Nadu en Inde, est à ce titre tout un symbole.
L’année 2016 aura également été placée sous le signe de l’éolien offshore, avec une forte augmentation (41%) des investissements dans ce secteur. Les projets d’éolien en mer ont en effet reçu plus de 30 milliards de dollars « avec au moins 14 projets d’une valeur comprise entre 500 millions de dollars et 5,7 milliards de dollars qui ont obtenu le feu vert au Royaume-Uni, en Allemagne, en Belgique, au Danemark et en Chine ».
Les auteurs du rapport onusien soulignent enfin l’émergence d’une nouvelle tendance : les projets renouvelables hybrides, qui combinent deux technologies. Ce ne sont pas moins de 5,6 GW de projets en cours de construction qui allient hydraulique et solaire, photovoltaïque et solaire thermique, solaire et éolien ou encore géothermie et biomasse. Ces projets présentent de multiples avantages, comme la mutualisation des terrains, la diminution des frais de maintenance ou encore la réduction de l’intermittence.
« Cela ne signifie cependant pas que le futur sera un long fleuve tranquille pour les renouvelables. L’éolien et le solaire restent vulnérables face à des retournements politiques défavorables, ou face à des mesures mises en place pour protéger directement le charbon et le gaz. Leur compétitivité pourrait être mise à mal, pendant au moins un temps, par une hausse brutale des taux d’intérêt internationaux, en réponse notamment à la politique économique américaine », estiment les auteurs de ce rapport.
… pour des investissements en baisse !
Selon les chiffres avancés par ce rapport, la forte croissance de la puissance renouvelable mondiale s’est accompagnée d’une baisse record des investissements. Hors hydroélectricité à forte puissance, les investisseurs ont placé quelques 241,6 milliards de dollars dans les énergies propres : soit une baisse de 23% des montants investis par rapport à 2015, mais également le niveau le plus bas depuis 2013.
En même temps que la capacité solaire mondiale augmentait, le secteur a vu ses nouveaux investissements (à hauteur de 113,7 milliards de dollars) baisser de 34% par rapport à 2015. Les investissements dans l’éolien ont également baissé de 9% pour s’établir à 112,5 milliards de dollars au total pour 2016.
Les auteurs du rapport estiment que ce signe est positif car il illustre principalement la baisse des coûts des technologies éoliennes et photovoltaïques, grâce à des conditions de financement plus favorables et une plus grande efficacité technologique. « L’éolien et le solaire sont plus compétitifs que le charbon ou le gaz – voire les deux – en termes de coûts dans un nombre croissant de pays« .
« Les technologies propres toujours moins chères offrent une réelle opportunité pour les investisseurs. C’est exactement ce genre de situation, où se rejoignent les besoins des personnes et l’exigence de profits, qui mènera la transition vers un monde meilleur pour tous », estime Erik Solheim, directeur exécutif de l’ONU Environnement.
Le rapport pointe cependant un ralentissement des investissements en Chine et dans les pays émergents. L’Empire du Milieu a par exemple vu reculer ses placements financiers de 78,2 milliards de dollars (32% par rapport à 2015) après une décennie à tendance haussière. Les pays en développement ont vu leurs investissements dans les énergies renouvelables se réduire de 30% en 2016 (117 milliards de moins).
La tendance est similaire pour les pays développés : l’investissement dans les énergies propres a globalement baissé de 125 milliards de dollars (soit 14%). Les États-Unis ont par exemple réduit de 46,6 milliards de dollars (10%) leurs engagements dans les projets renouvelables, alors que la Japon a coupé de 14,4 milliards (56%) son budget alloué aux technologies propres.
Le rapport de l’ONU montre cependant que les chiffres ne sont pas à la baisse partout. Les engagements financiers de l’Europe sont par exemple repartis à la hausse : les investissements du Vieux Continent ont légèrement augmenté de 3% en s’établissant à 59,8 milliards de dollars. Sur les deux premières marches du podium, le Royaume-Uni et l’Allemagne avec respectivement 24 milliards et 13,2 milliards de dollars d’investissement.
La prudence est donc de mise. Ces ralentissements prouvent en effet que « l’éolien et le solaire restent vulnérables aux changements défavorables de politiques ou aux mesures mises en place pour soutenir le charbon et le gaz ».