Éolien offshore : les acteurs français entre innovation et exportation
Forte de ses quatre façades maritimes (3.427 kilomètres, soit le deuxième gisement éolien offshore d’Europe) et d’un tissu industriel expérimenté et complémentaire (énergie, métallurgie, aéronautique, chantier naval…), la France a rapidement affiché d’ambitieux objectifs en matière de déploiement de l’éolien en mer.
En 2009, le gouvernement annonce son intention d’installer plus de 6.000 MW de turbines offshore d’ici l’horizon 2020.
10 ans plus tard, retardé par de multiples recours et un cadre règlementaire encore flou, le secteur éolien en mer français peine pourtant à décoller.
En attendant que les obstacles soient contournés dans l’Hexagone, les professionnels du secteur perfectionnent leurs technologies et se tournent vers l’étranger pour valoriser leurs savoir-faire.
Zoom sur deux entreprises qui misent plus que jamais sur l’énergie renouvelable marine pour verdir le mix électrique mondial.
Un parc éolien en Écosse pour EDF
Acteur incontournable de la transition énergétique, EDF s’est rapidement positionné en faveur de la création d’un véritable secteur éolien offshore français. Disposant d’un vaste réseau de partenaires industriels et de véritables compétences au sein de ses équipes de R&D, l’électricien a remporté le premier appel d’offres du gouvernement pour développer trois parcs en mer.
Si, pour l’instant, le contexte n’est pas encore favorable à la construction de ces unités de production renouvelable, EDF a décidé de ne pas rester inactif et de se tourner vers l’étranger pour renforcer ses capacités de production éolienne offshore.
Le groupe de Jean-Bernard Lévy a ainsi annoncé ce 3 mai l’acquisition d’un nouveau projet éolien en mer au large de l’Écosse.
Cette opération financière a été menée par la filiale renouvelable du groupe, EDF Renewables, auprès de la société Mainstream Renewable Power.
Ce parc a d’ores-et-déjà été baptisé « Neart na Gaoithe », une expression gaélique que l’on peut traduire par « Puissance du vent » en français.
Ce projet dispose de toutes les autorisations administratives ainsi que de l’ensemble des accords de raccordement au réseau.
Sa mise en service est prévue en 2023. Grace à sa puissance cumulée totale de 450 MW, il permettra de répondre aux besoins électriques de 375.000 foyers sans aucune émission de gaz à effet de serre.
Un des meilleurs régimes de vent d’Europe
Les turbines éoliennes qui composeront le parc de Neart na Gaoithe seront déployées sur une superficie de 105 kilomètres carrés au cœur de l’estuaire de Forth, sur la côte Est de l’Écosse. Selon EDF, ce parc éolien en mer bénéficiera d’un des meilleurs régimes de vent d’Europe.
L’électricien français a annoncé que le projet nécessiterait un investissement total de 1,8 milliards de livres (soit 2,04 millions d’euros).
Conformément au souhait d’EDF, le contrat comprend une clause autorisant l’ouverture ultérieure à d’éventuels partenaires. L’objectif étant de garder la possibilité de partager l’effort financier.
EDF a également précisé que le projet bénéficiait d’un « Contract for Difference » qui fixe le prix d’achat du MWh à 114,39 livres (soit 114 euros) pour une période de 15 ans.
« Ce nouveau projet d’envergure démontre notre volonté de devenir un acteur de référence de l’éolien en mer à l’international. Il confirme l’engagement d’EDF en faveur des énergies renouvelables notamment dans les pays où le groupe bénéficie d’un ancrage fort comme le Royaume Uni. Le projet s’inscrit dans la stratégie CAP 2030 d’EDF qui prévoit de doubler les capacités renouvelables du groupe à l’horizon 2030 », s’est félicité Bruno Bensasson, Président-Directeur Général d’EDF Energies Nouvelles, dans un communiqué de presse.
Une turbine à forte puissance sur une structure légère
C’est un nouveau venu dans le domaine des énergies marines renouvelables qui a fait parler de lui il y a quelques semaines, lors de la mise à l’eau d’un démonstrateur innovant d’éolienne flottante.
La jeune start-up bretonne Eolink, basée à Plouzané, a en effet annoncé le 19 avril dernier l’installation de son prototype à l’échelle 1/10ème dans le rade de Brest.
La particularité de l’Eolink réside dans son design novateur. Contrairement à ses cousines posées sur le fond marin, l’éolienne bretonne reste à flot grâce à une structure flottante de 7 mètres de long sur 6 mètres de large arrimée.
De plus, le mât conventionnel unique de l’éolienne cède sa place à quatre bras qui prennent appui sur chaque angle du flotteur (selon un principe issu de l’industrie pétrolière offshore).
Selon ses concepteurs, ce système permet de réduire la masse et donc d’améliorer la résistance de l’éolienne et ainsi accueillir un rotor plus puissant.
Eolink, soutenu par la Région Bretagne, réalise ici un premier test de son prototype modèle réduit avant de lancer la construction d’un prototype de grande taille. Ce dernier pourrait embarquer un rotor de 150 mètres de diamètre pour une turbine de 6 MW.
Le modèle d’éolienne que la PME bretonne souhaiterait produire en série à terme aurait des dimensions encore plus importantes : un gigantesque rotor de 200 mètres culminant à 120 mètres de hauteur. Une seule éolienne pourrait afficher une puissance de production électrique de 12 MW.