L’éolien en mer a le vent en poupe en Europe

Le Royaume-Uni affiche depuis plusieurs années de fortes ambitions dans le secteur de l’éolien offshore. Deux projets, qui vont permettre de développer au Royaume-Uni une puissance installée totale de 2.300 MW, viennent d’être remportés aux enchères à un tarif garanti de 57,50 livres sterling pendant 15 ans (soit 63,10 euros le MWH). Si ce tarif ne constitue en rien un record, il témoigne en revanche de la compétitivité croissante des turbines éoliennes offshore outre-manche. Mais le Royaume-Uni n’est pas le seul acteur actif dans le domaine des énergies marines renouvelables : selon la dernière étude de l’Institut de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), les trois plus importants producteurs d’énergie éolienne offshore sont européens.

Deux projets éoliens au Royaume-Uni

L’énergéticien portugais EDP Renováveis et son homologue français Engie ont annoncé le 11 septembre avoir remporté un contrat portant sur le développement d’un parc éolien offshore en Grande-Bretagne. Cette concession a été obtenue par la joint-venture Moray Offshore Windfarm (détenue à 77% par EDP et 23% par Engie) à la suite d’un appel d’offres du ministère britannique des Entreprises, de l’Énergie et de la Stratégie industrielle.

Le contrat s’étalera sur une durée de 15 ans « pour la fourniture de 950 MW d’électricité d’origine éolienne offshore, à un prix de 57,50 livres sterling par MWh », expliquent les deux partenaires dans leur communiqué de presse. Les travaux de construction débuteront dès lors que l’ensemble des fournisseurs auront été sélectionnés par Engie et son partenaire. La fin du chantier et la mise en service commerciale du parc ne devraient donc pas intervenir avant l’horizon 2022.

Dans le même temps, l’énergéticien danois Dong Energy a annoncé avoir décroché le contrat de construction de la ferme éolienne Hornsea Project Two. Ce projet, situé à 89 kilomètres des côtes du Yorkshire, affiche une puissance de 1.396 MW : il est à l’heure actuelle le plus grand parc en développement dans le monde.

Lors de sa mise en service, également prévue d’ici 2022, Hornsea Project Two permettra de répondre aux besoins électriques de près de 1,3 millions de foyers britanniques au prix de 57,5 livres sterling.

La compétitivité croissante de l’éolien en mer

Ces deux projets, qui commenceront à générer de l’électricité totalement respectueuse de l’environnement d’ici 5 ans, témoignent de la baisse constante des prix de l’électricité éolienne. Mieux, le coût de ces nouvelles installations renouvelables marines est 50% moins cher que lors de la première enchère tenue en 2015.

« Ce sont des records pour le Royaume-Uni, mais cela s’inscrit dans une tendance plus longue », estime Pierre Tardieu, un des responsables de WindEurope, qui rassemble les industriels européens du secteur. Cette baisse s’explique par plusieurs raisons, à savoir la programmation pluriannuelle des appels d’offres, la signature de contrat de long terme pour la vente de l’électricité produite ainsi qu’un « phénomène de maturation de l’industrie avec une chaine logistique qui se met en place, des économies d’échelle et un phénomène d’apprentissage de la part des développeurs », explique M. Tardieu.

Cette tendance a de quoi rassurer les investisseurs vis à vis de la compétitivité de l’éolien en mer. « L’éolien offshore est capable de s’adapter à des conditions techniques difficiles, à un prix de l’électricité bas, et cela sans prix du carbone pour l’instant », note Matthieu Monnier, responsable pôle Industrie et Offshore à France énergie éolienne (FEE, une association qui regroupe les sociétés tricolores du secteur de l’éolien).

L’Europe précurseur en matière d’éolien en mer

Pour de nombreux spécialistes, l’Europe joue un rôle de précurseur en matière d’éolien en mer. Selon le rapport « Données économiques maritimes françaises » de l’Ifremer, rendu public fin août, la puissance générée par les éoliennes offshore européennes dépasse la barre des 11.000 MW (les données utilisées par l’Ifremer, les plus récentes sur le sujet, datent de 2015).

Le Royaume-Uni est, sans surprise, le leader mondial du secteur : il représente 46% de la puissance mondiale installée. Le podium est ensuite complété par l’Allemagne (30%) et le Danemark (11,5%).

La France n’est pas encore engagée dans le domaine de l’éolien offshore : aucune turbine en mer n’est pour l’instant en service dans les eaux territoriales françaises. Le gouvernement prévoit cependant d’attribuer jusqu’à 6.000 MW de projet d’ici l’horizon 2023 (en plus des 3.000 MW qui doivent d’ici là entrer en service).

Si l’éolien en mer devrait avoir une place dans le mix électrique français au cours des prochaines décennies, les projets peinent parfois à se concrétiser. C’est par exemple le cas du parc éolien offshore de Boulogne-sur-Mer, annoncé en février dernier par Ségolène Royal et aujourd’hui annulé à la demande de Nicolas Hulot.

« Le précédent gouvernement nous avait confié, par courrier du 15 mars 2017, la mission d’organiser la consultation des parties prenantes afin de déterminer un périmètre précis pouvant accueillir un parc éolien en mer posé sur la zone dite de Bassure de Baas, au large de la Côte d’Opale et de la Baie de Somme (…). Suite à cette consultation, nous avons rendu nos conclusions au ministère le 3 mai 2017, en indiquant que les conditions favorables au lancement d’un appel d’offres sur la zone de Bassure de Baas n’étaient pas réunies à ce stade », expliquent le préfet des Hauts-de-France, Michel Lalande, et le préfet maritime, Pascal Ausseur.

La surprise suscitée par l’annonce est d’autant plus importante que la zone de Bassure de Bass avait été identifiée comme une zone de « moindres contraintes » pour le développement de l’éolien en mer (au même titre que Dunkerque ainsi que des zones situées au nord et nord-ouest de Fécamp, et au nord de Paluel).

Europe Écologie Les Verts n’ont pas manqué de faire part de leur déception. Les membres du parti écologiste réclament le réexamen de ce projet « susceptible de fournir de l’électricité à 400.000 habitants et plusieurs dizaines d’emplois dans la maintenance ». Ils demandent également la réalisation d’études d’impact scientifique afin de mesurer « les conséquences bénéfiques ou néfastes à l’égard de l’environnement et des activités de pêche ».

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