Éolien offshore : le projet de plateforme industrielle au Havre est relancé
En raison de ses 3.500 kilomètres de façades maritimes et du savoir-faire de ses industriels, la France a indéniablement une carte à jouer en matière d’énergies marines renouvelables et, notamment, d’éolien en mer.
La filière éolienne offshore tricolore n’en est qu’à ses balbutiements : six parcs sont actuellement en développement. Trois d’entre eux sont construits par EDF au large de Fécamp (en Seine-Maritime), de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) et de Courseulles-sur-Mer (Calvados) ; deux par Engie au large du Tréport (Seine-Maritime) et des îles d’Yeu et de Noirmoutier (Vendée) ; et un par Iberdrola au large de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor).
Pour soutenir le développement de ces parcs, Siemens Gamesa et le Grand Port Maritime du Havre ont décidé de construire deux usines destinées à la production d’éoliennes offshore. Après plusieurs mois d’incertitudes, le projet semble enfin reparti.
La fin de l’incertitude pour les acteurs de la filière
C’est désormais officiel, le Havre accueillera deux usines de fabrication d’éoliennes offshore dans les prochaines années.
Le groupe espagnol Siemens Gamesa et le Grand Port Maritime du Havre ont en effet annoncé début octobre la signature d’un nouvel accord-cadre portant sur le déploiement de deux unités de production industrielle dédiées aux équipements du secteur de l’éolien en mer. Une nouvelle qui lève les doutes qui subsistaient sur ce projet.
« Après plusieurs mois d’incertitudes sur les projets éoliens en mer, cet accord signe une reprise effective des travaux de développement de notre projet. Le but est de créer à partir du Havre une véritable plateforme industrielle européenne, compétitive, innovante et flexible », se félicite Filippo Cimitan, directeur de la branche française de Siemens Gamesa.
Au printemps dernier, des tensions sont apparues entre l’État et les acteurs de la filière de l’éolien en mer. Le gouvernement a en effet tenté de renégocier à la baisse les tarifs d’achat de l’électricité des six parcs éoliens offshore actuellement en construction.
Une situation qui menaçait la construction des deux usines Siemens Gamesa. Après des semaines de tractation, aucun projet n’est annulé mais le montant de la subvention publique est réduit de 40%. Les tarifs de rachat de l’électricité subissent le même sort et se voient amputés de 30%.
Deux usines de fabrication d’éoliennes offshore
L’objectif de l’accord est de définir un cadre concret pour les prochaines étapes de développement de ce projet de complexe industriel. Il s’agit donc de préparer les travaux d’aménagement de la zone portuaire (comme la réfection des quais pour le traitement des colis lourds) ainsi que le chantier de construction des deux usines de fabrication d’éoliennes au sein du Port du Havre.
Le géant espagnol Siemens Gamesa prévoit donc le déploiement de deux usines sur le quai Johannès Couvert.
La première fabriquera des pales d’éoliennes alors que la seconde se chargera de l’assemblage des nacelles (c’est-à-dire la turbine et le moteur de l’éolienne). Une zone logistique sera également établie au sud du quai de Bougainville.
Ces travaux sont estimés à 57 millions d’euros. Les travaux devraient débuter courant 2020 pour une mise en service du complexe d’ici l’horizon 2021. Les promoteurs du projet estiment que ces usines nécessiteront la création de quelques 750 emplois directs et indirects (sans compter les emplois induits par le chantier).
Cette plateforme industrielle « alimentera les parcs éoliens en mer de Dieppe-Le Tréport, Saint-Brieuc et Yeu-Noirmoutier, ainsi que les futurs projets éoliens en mer en France et en Europe. Ces investissements s’inscrivent dans un cadre d’opportunités industrielles durables pour l’éolien en mer à confirmer dans la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie », a déclaré la direction de Siemens Gamesa.
Deux enquêtes publiques pour le parc de Dieppe-Le Tréport
Le parc éolien en mer de Dieppe-Le Tréport sera constitué de 62 éoliennes offshore d’une puissance unitaire de 8 MW, posé sur un fond marin situé entre 14 et 24 mètres de profondeur.
Grâce à sa puissance cumulée totale de 496MW, il devrait permettre la production de 2.000 GWh d’électricité renouvelable chaque année. Un volume qui pourrait couvrir les besoins des deux tiers de la population de Seine-Maritime.
La mise en service de ce parc était initialement prévue en 2021. Toutefois, le projet suscite l’inquiétude des pêcheurs locaux qui craignent que le projet vienne perturber leur activité et détruire un écosystème unique.
L’implantation des éoliennes est prévue en partie sur le périmètre d’un parc naturel marin où vivent des mammifères marins et des populations d’oiseaux.
C’est la raison pour laquelle le gouvernement a annoncé la mise en place de deux enquêtes publiques portant sur le projet de construction du parc éolien de Dieppe-Le Tréport.
La première enquête porte sur la construction du parc, la seconde sur son raccordement au réseau électrique terrestre. Portées par la préfecture de Seine-Maritime, ces deux enquêtes se termineront le 29 novembre prochain.