Les éoliennes flottantes Golfe du Lion sur les rails
Un article de notre partenaire Les Energies de la mer.
Deux constructeurs d’éoliennes vont équiper les flotteurs des quatre fermes pilotes françaises. Siemens Gamesa avec une 8 MW pour le flotteur SBM Offshore – IFPEN destiné à Provence Grand Large d’EDF Renouvelables et MHI Vestas avec des éoliennes de puissance de 9,5 MW pour les flotteurs Naval Energies d’Eolfi à Groix et Eolmed mené par Quadran énergies marines à Gruissan. Et pour le consortium Les Eoliennes Flottantes Golfe du Lion – LEFGL à Leucate, ce sera une première avec une 10MW.
Interview exclusive de Jean-Mathieu Kolb, directeur du projet Les éoliennes flottantes Golfe du Lion.
Pour la ferme pilote du Golfe du Lion à Leucate, vous avez choisi de placer sur les flotteurs WindFloat de Principle Power, trois turbines V164-10,0 MW de MHI Vestas en remplacement des quatre Haliade de 6 MW et c’est une première.
Pourquoi avoir fait le choix de tester une machine dont la puissance est augmentée mais qui n’a pas encore été testée ? Vous permettez ainsi à MHI Vestas de bénéficier d’un site de tests en France ?
Jean-Mathieu Kolb : La vie est faite d’opportunités… et nous a conduit à retenir la turbine VESTAS 10 MW pour équiper la ferme pilote éolienne flottante EFGL. Certes, il s’agit d’un nouveau modèle, mais MHI Vestas est l’un des leaders sur le marché et nous apporte toute son expérience, avec en plus une plateforme d’éolienne qui a déjà été testée en mer.
Nous allons ainsi pouvoir installer une machine de la gamme « 10 MW et + » dans l’éolien flottant. Cela ouvre une nouvelle ère qui bénéficiera à l’ensemble de la filière.
En effet, c’est un chemin nécessaire pour rendre l’éolien flottant compétitif, alors autant se rapprocher le plus possible des éoliennes qui vont faire le marché du futur.
Avec cette éolienne de 10 MW, quels sont les enjeux techniques éolien et flotteur pour la ferme pilote Eoliennes Golfe du Lion ?
C’est d’abord une opportunité pour faire plus avec moins. Je m’explique. Nous allons passer de 24 MW à 30 MW et réduire à trois (contre 4) le nombre de structures (de flotteurs) à mettre en œuvre, toujours à plus de 1- km des côtes.
Et ce passage se fera sans incidence sur les études environnementales déjà entreprises, ce qui était essentiel pour nous.
Ensuite, le choix de la technologie du flotteur WindFloat de Principle Power permet de s’adapter aux machines et de dimensionner dorénavant un flotteur qui fonctionne avec une éolienne de 10 MW.
Comme nous avions déjà travaillé sur la machine Senvion, nous ne repartons pas de zéro, le facteur clé, le poids en tête de mât, est assez proche de celui de la machine précédente. Cela prouve également les avancées technologiques poids / puissance dans l’éolien.
Il convient néanmoins d’opérer quelques ajustements dans les études d’ingénierie et dans nos permis, ce qui repousse de fin 2021 au printemps 2022 la mise en service de la ferme pilote.
Ce travail d’ingénierie est effectué avec Principle Power, mais également avec Eiffage, car il s’agit aussi d’étudier la fabrication du flotteur, dans l’optique de disposer d’une structure qu’on pourra demain construire en série.
Des études d’ingénierie sont également conduites avec le turbinier MHI Vestas. De notre côté, des équipes communes Engie-EDPR travaillent sur le projet, une équipe technique de cinq personnes est dédiée à l’ingénierie.
Bénéficiez-vous de la convention S3REnr de la région Occitanie qui avait été signée par RTE et quel est le coût de raccordement offshore ? et êtes-vous concerné par le tarif du raccordement terrestre ? Pensez-vous pouvoir bénéficier comme pour l’offshore posé la prise en charge du coût de raccordement ? (en mer et à terre).
Un projet pilote d’éolien flottant bénéficie d’un cadre qui lui est propre en ce qui concerne le raccordement. C’est un travail réparti entre RTE, qui est le maître d’ouvrage du raccordement jusqu’à la « limite de propriété » qui se situe au niveau de la première éolienne, et nous de la ferme pilote, qui portons néanmoins l’ensemble des coûts du raccordement électrique.
Nous travaillons en étroite collaboration avec RTE depuis le début du projet, que ce soit pour la concertation, nos démarches administratives et les études de sites. Nous avons par exemple fait réaliser les études géotechniques ensemble.
Plus récemment, nous avons lancé un appel d’offres commun pour la fourniture et la pose des câbles (autant pour la partie RTE que pour la nôtre).
Ce qui facilite je crois la collaboration, c’est aussi de partager des ambitions communes. Prenons par exemple l’importance de l’ancrage local du projet. L’ensemble des études et travaux menés sur le projet EFGL et son raccordement ont à ce jour mobilisé une quinzaine d’entreprises de la Région Occitanie.
On peut citer BRLI, à Nimes, pour la réalisation de l’étude d’impact sur l’environnement, associé à Biotope à Mèze, pour les études sur l’avifaune et les mammifères marins, et Abies à côté de Toulouse, pour le paysage. Autre exemple, notre bouée Lidar a été installée par la société Jifmar depuis son implantation de Port-La Nouvelle.
Ou encore sur le volet « écoconception », auquel nous tenons beaucoup, notamment à travers la bouée « BoB » (Bouée d’Observation de la Biodiversité) imaginée par la société Ecocean et qui a été installée sur site en juin dernier (MerVeille Energie N#1 page 59).
Quelles sont les normes internationales auxquelles la ferme pilote doit répondre ? Pensez-vous participer auprès / ou avec des organismes spécialisés ISE à l’établissement de nouvelles normes ?
Disons que l’univers normatif de l’éolien flottant existe et se construit en même temps. Nous bénéficions d’une bonne base qui découle encore beaucoup du croisement de normes issues de l’éolien posé mais aussi de l’Oil&Gas.
Et nous retrouvons des acteurs de la certification qui ont l’expérience de l’éolien posé et de l’Oil&Gas, tels que Bureau Veritas et ABS Group (American Bureau of Shipping) qui interviennent sur la certification de notre projet.
Néanmoins, nous sommes encore au stade des projets pilotes et la normalisation avance en même temps que les projets, en se confrontant grâce à eux à la réalité. L’univers normatif va forcément évoluer afin de mieux s’adapter et s’affiner au cas spécifique de l’éolien flottant, en bénéficiant du retour d’expérience des projets pilotes.
Comment sélectionnez-vous un ou plusieurs assureurs pour la ferme pilote ?
Il y a deux appels d’offres, l’un pour sélectionner un courtier, l’autre ensuite pour les assurances. Côté assurances, nous avons lancé un appel d’offre pour sélectionner notre futur courtier en assurance.
Le sujet sous-jacent de tout cela, qui est clé, est la bonne maitrise et allocation des risques, et un projet pilote est une étape nécessaire, à échelle réelle, en conditions réelles, mais pour un petit nombre d’unité, afin d’y parvenir et être prêt demain à passer à un stade commercial réussi et le plus compétitif possible.
Vous avez lancé une campagne d’investissement participatif avec enerfip. Quel est le périmètre et pourquoi cette démarche ?
Il s’agit de permettre aux citoyens, en particulier ceux habitants au plus proche de notre projet, d’y investir et de devenir ainsi acteur de la transition énergétique de leur territoire.
Le financement participatif se présente sous la forme d’un prêt fléché sur l’extension de notre campagne de mesure du vent, notamment grâce à la bouée Lidar de Fugro déjà installée sur site et qui mesure avec succès depuis plus d’un an.
Il est porté par la plate-forme Enerfip, qui est d’ailleurs aussi une entité locale, basée à Montpellier. Ouvert uniquement à l’échelle locale au début, le financement est à présent ouvert aux habitants de la Région depuis le 10 décembre, et c’est déjà succès, puisque nous avons atteint les 466 000 euros (avec 398 épargnants), alors que le « seuil de réussite » était fixé à 300 000 euros. A partir du 1er janvier la collecte sera ouverte à l’échelle nationale, jusqu’au 12 janvier 2020.
L’objectif est de recueillir 600 000 euros.
L’idée est aussi de créer une communauté autour de notre projet, par exemple en donnant des informations privilégiées sur l’avancement du projet à nos investisseurs locaux.
Cette démarche de concertation, d’information du territoire, nous l’avons depuis le début du projet. Il s’agit de faire de ce projet une réussite, pas seulement sur la plan technique, mais aussi sur le plan environnemental et sociétal.
Quel sera le port d’attache du projet ?
Ce sera Port-La Nouvelle. Nous sommes en relation étroite avec la Région Occitanie et avons déjà formulé nos besoins. Au début 2020, nous aurons des discussions qui associeront également le projet d’Eolmed pour bien définir les espaces, et le planning afin de garantir la co-activité dans le port.
COMMENTAIRES
Evidemment pas de chiffres à la clef concernant le cout global, le financement, les subventions espérées , la durée de la contractualisation, la production annuelle envisagée et à quel moment, la participation à la stabilité du réseau , le stockage et qui paye , notamment la part de RTE, qui construit, avec quel matériel…bref le retour d’investissement pour l’emploi, la maintenance et l’industrie, et la rentabilité des subventions accordées…ce n’est pas avec les 600k€ d’achat local du silence de la population que l’investisseur va pouvoir se dédouaner…de la vérité arrêtez l’enfumage écolo vert de gris.
@bjd : le rapport publié par la cour des comptes en 2018 répond à l’essentiel de vos questions :
– coût global : 1,7 G€ pour les 4 parcs éoliens flottants, soit 220 €/MWh (hors soutien du plan d’investissements d’avenir)
– financement : contrat d’obligation d’achat pendant 20 ans, budget de l’Etat
– production : autour de 400 GWh / an pour les 4 projets démonstrateurs, soit grosso modo 0,1% de la consommation française
– services système : [à ma connaissance] non requis pour ce niveau de puissance, quelque soit la source d’ailleurs
– stockage : pas envisagé par les producteurs…sauf éventuellement le projet Eolmed
– RTE : contrairement aux projets éoliens posés (depuis la loi ESSOC de 2018), le financement du raccordement des parcs éoliens flottants est à la charge du producteur
– impact macro-économique : ce sujet est étudié de façon détaillée dans le rapport de la cour des comptes. Il y a aussi des éléments dans le rapport de la commission d’enquête parlementaire de 2019 sur les EnR
Et vous, vous avez des preuves ou même de simples présomptions favorables pour etayer votre chapelet d’âneries ?
Déjà le contribuable va devoir rembourser les 320 millions d’€ que la région Occitanie débourse pour modifier les installations portuaires de Port la Nouvelle. Ces travaux pharaoniques vont au final nous coûter bien plus cher comme d’habitude. Rappelez-vous du temps de Mr Frêches, c’est pour accueillir plus de tankers pétroliers et gaziers que la région voulait endetter le contribuable et débourser 380 millions d’€ au bas mot. Mettre l’argent du public pour fiancer un projet expérimental privé, c’est ce que je comprend. Au fait, quel est le prix de rachat du Kwh ? Combien de points de Cspe cela va nous couter encore ? Au fait, qui va gagner de l’argent, la populations ou les industriels (étrangers ?). Certains parlent de gabegie à venir, je ne le crois pas, je pense qu’il n’est pas normal que les grands élus nous engagent sur des expériences pilotes qui les dépassent, avec le risque du gouffre financier, pas pour leur carrière mais pour le contribuable. Ces 400 ou 600 millions empruntés, voire plus… si on les mettait au service de l’éducation ou de la santé, dans un vrai esprit de service public, qu’en pensez-vous pour 2020 ?
Bien sûr on organise la faillite de la région, la preuve c’est que vous le dite.
Mais il reste que partout où il est installé l’éolien offshore à un rendement presque deux fois supérieur au terrestre qui produit déjà un watt à un prix bien inférieur à celui du nucléaire amorti, sans parler du nucléaire futur avec EPR dont le MWH se négocie presque au double du nucléaire amorti avec 110 € pour celui d’Hinkley-Point en Angleterre, alors pour votre diatribe contre l’éolien offshore il faudrait apporter autre chose que de simples allégations :
https://www.batirama.com/article/26939-photovoltaique-comwatt-est-pret-pour-l-autoconsommation-collective.html