L’EPR de Flamanville : une lueur au bout du tunnel

Même s’il faut attendre la rentrée pour connaître le verdict définitif, il paraît acquis que l’Autorité de sûreté nucléaire ASN va autoriser l’usage de la cuve de l’EPR suite aux résultats des investigations menées depuis 2015. Il semblerait en revanche que le couvercle de cuve devra être changé au bout de cinq ou six ans de fonctionnement. Fabriquer un couvercle, c’est cher, mais si cette décision est confirmée, elle ne repoussera pas la mise en service de la centrale, déjà fort en retard… En effet, contrairement à celui de la cuve, le remplacement du couvercle est une opération qui se pratique durant un arrêt programmé pour renouvellement du combustible et maintenance périodique, sans en allonger fortement la durée. Beaucoup de couvercles ont déjà été remplacés.

Mais pourquoi cette focalisation sur le couvercle quand le fond de cuve, mis en cause en même temps, obtient le feu vert ?

Contrairement à ceux des centrales antérieures, le fond de cuve des EPR est dépourvu de pénétration alors que le couvercle est traversé par les mécanismes des barres de contrôle et l’instrumentation du cœur : on conçoit que cela complique les vérifications exigées par l’ASN.

Mais pourquoi un couvercle acceptable en 2018 ne le serait-il plus en 2024 ?

Ce n’est pas à cause de la fragilisation sous irradiation neutronique : le matelas d’eau entre le cœur et le couvercle réduit suffisamment le flux de neutrons.

Ce n’est pas à cause d’une augmentation des ségrégations de carbone dans l’acier : la température est trop basse.

Si on veut vraiment trouver une raison technique, ce pourrait être la limitation du nombre de cyclages thermiques subis par le couvercle. Voire… En tous cas, cela donne quelques années de plus à Areva et EDF pour justifier la tenue du couvercle au-delà de 2024.

Nous ne sommes pas sortis du tunnel, mais on aperçoit la lumière au bout : On peut raisonnablement espérer que dans deux ans il y aura quatre EPR en fonctionnement et deux en construction, alors que Toshiba se débat avec les problèmes de Westinghouse et que le prestige de la Corée du Sud va souffrir de sa décision de sortir du nucléaire. Restent les deux puissants concurrents, Russie et Chine…

 

 

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