L’Espagne vise le 100% énergie renouvelable d’ici 2050
Les règles de gouvernance de l’Union Européenne obligent les États membres à soumettre une stratégie climatique et énergétique au plus tard le 31 décembre 2019.
Une fois validée par les instances européennes, cette stratégie est ensuite déclinée en législation nationale pour être mise en œuvre de manière concrète.
Le gouvernement espagnol vient de rendre public une ambitieuse proposition de loi pour le climat qui vise à atteindre une part de 100% d’énergie renouvelable d’ici l’horizon 2050 et une sortie définitive des hydrocarbures fossiles polluants.
Réduire de 90% les émissions de CO2 d’ici 2050
Le gouvernement espagnol, dirigé par Pedro Sanchez, a dévoilé il y a quelques semaines la teneur de sa nouvelle politique énergétique dans un projet de loi sur le changement climatique et la transition énergétique.
Soucieux d’aller plus loin que les objectifs de la Commission Européenne, le gouvernement espagnol a décidé d’axer cette ambitieuse stratégie sur le renforcement de la place des énergies renouvelables dans son mix électrique et la fin des opérations d’exploitation gazière et pétrolière.
Cette stratégie climatique, telle qu’imaginée par la Ministre de l’Écologie Teresa Ribera, vise tout d’abord à porter à 35% la part des énergies renouvelables dans le mix électrique espagnol d’ici 2030.
Il ne s’agira cependant que d’une première étape : le gouvernement de Pedro Sanchez compte en effet produire l’intégralité de l’électricité consommée en Espagne à l’aide du renouvelable au plus tard à l’horizon 2050.
Derrière cet objectif se cache bien évidemment la volonté de tenir l’engagement pris au moment de la signature de l’Accord de Paris de sur le climat. Soucieux de remplir ses obligations en matière de lutte contre le réchauffement climatique, le gouvernement espagnol compte réduire de 90% ses émissions de gaz à effet de serre (par rapport aux niveaux de 1990).
Une sortie du charbon au profit du renouvelable
La décarbonation de la société espagnole va donc passer par le déploiement massif des énergies renouvelables : pour atteindre ses objectifs de production, le gouvernement de Pedro Sanchez a en effet annoncé que 3.000 MW de nouvelles capacités de production renouvelable (énergie solaire et éolienne principalement) verront annuellement le jour.
En parallèle, le secteur espagnol de la production d’électricité devra massivement réduire sa consommation de charbon, ressources fossile la plus polluante.
À la suite des réprimandes de la Commission Européenne, Madrid a en effet décidé de fermer 9 de ses 14 centrales thermiques au charbon dès le mois de juin 2014. Si aucune date n’a été mentionnée, la fermeture des 5 centrales restantes se fera progressivement.
« Ce qui se passera selon nous, bien que nous n’imposions rien, c’est que toutes les centrales au charbon fermeront entre 2020 et 2030. À ce moment-là, l’Espagne sera débarrassée de tout charbon, et je pense qu’elles fermeront naturellement sans que nous n’ayons à intervenir », a expliqué José Dominguez, le secrétaire d’État espagnol à l’énergie.
Interdire la vente de voitures à motorisation thermique dès 2040
Les énergies fossiles verront également leur hégémonie menacée dans d’autres secteurs de l’économie espagnole.
D’ici l’horizon 2050, le gouvernement espagnol s’est en effet engagé à interdire toutes opérations d’exploration et de recherche d’hydrocarbures, y compris la fracturation hydraulique, sur l’ensemble du territoire national, y compris en zone maritime. Sera également bannie l’exploitation de tous nouveaux sites pétroliers et gaziers.
Le secteur du transport va également devoir contribuer à l’effort climatique. L’Etat a annoncé que l’immatriculation et la vente de voitures à l’origine d’émissions directes de CO2 seront purement et simplement interdites à partir de 2040.
Cette nouvelle règlementation empêchera donc les voitures personnelles (y compris les modèles hybrides) et les utilitaires légers fonctionnant à l’essence et au diesel de circuler sur les routes espagnoles.
Ces mesures fortes et symboliques s’accompagneront d’autres mesures au niveau local. Dès 2022, les villes de plus de 100.000 habitants seront invitées à mettre en place un plan de protection du climat.
L’année suivante, les agglomérations de plus de 50.000 habitants devront avoir délimité des zones de faibles émissions.
De plus, entre 2021 et 2030, 100.000 logements devront être rénovés chaque année en fonction de nouvelles règles d’économie d’énergie.
De manière globale, le gouvernement de Pedro Sanchez souhaite que 20% du budget espagnol ait chaque année un impact positif sur le climat et la lutte contre le réchauffement climatique.