Et si l’avenir des énergies renouvelables se dessinait à… Astana, au Kazakhstan ?
Assurer l’accès à des sources stables d’énergie tout en réduisant au maximum l’impact environnemental de sa production est l’un des défis dont l’homme doit se saisir au cours du 21èmesiècle. Un objectif que prend à cœur le Kazakhstan, pays plus connu pour ses steppes et son pétrole que pour ses éoliennes, dont la capitale Astana recèle pourtant de nombreux projets liés aux technologies durables, et s’apprête à accueillir l’Astana Expo 2017, grand-messe internationale dédiée aux énergies et réseaux du futur.
Astana se met au vert. La capitale kazakhe mène une véritable transition énergétique dans un pays qui pourrait pourtant s’offrir le luxe de s’en passer : il possède de très importantes réserves de pétrole et abrite pas moins de 99 des 110 éléments de la table de Mendeleïev. Une richesse qui ne lui a pas fait perdre de vue les développements actuels, notamment les enjeux approfondis durant la COP 21 : il s’est engagé à être dans le top 30 des pays les plus avancés dans leur transition durable lors de cette conférence. Pour y parvenir, il compte notamment sur le développement des « smart cities » (villes intelligentes), avec pour projet phare Smart Astana. La capitale du Kazakhstan ambitionne ainsi d’intégrer le top 50 des villes les plus intelligentes au monde. Elle s’inspire des modèles de développement les plus avancés d’Europe afin de rationaliser la consommation d’énergie et de révolutionner son modèle économique. Astana a embrassé l’idée selon laquelle les nouvelles sources d’énergie détermineront nos modes de production, ainsi que notre modèle social et les dynamiques du développement de demain. Quatre projets pilotes ont déjà été lancés, visant à rendre intelligents les éclairages publics, les écoles, une polyclinique et les paiements effectués dans la ville.
En guise de récompense de ses efforts, Astana s’est vue confier l’organisation de l’Exposition internationale de 2017, faisant suite à l’Exposition universelle de 2015 à Milan. Baptisée Expo 2017 « L’énergie de l’avenir », elle se tiendra du 10 Juin au 10 septembre 2017, et verra la communauté internationale se réunir pour discuter des questions environnementales et de l’avenir de notre planète. L’exposition doit servir de plateforme de rencontre et d’échanges pour les acteurs de la communauté internationale et de la société civile engagés contre les dérives climatiques. L’initiative a notamment été saluée par Christine Lagarde, directrice du Fonds Monétaire Internationale, qui s’est réjouie de la tenue si rapide d’un rendez-vous majeur sur la scène internationale, qui permettra de poursuivre le travail amorcé avec la signature de l’accord de Paris sur le climat (COP21).
A lire également :175 Etats signent l’accord de Paris sur le climat à l’ONU
Une exposition qui sera également l’occasion pour le Kazakhstan de montrer comment il compte atteindre les objectifs ambitieux qu’il s’est fixés. En pleine diversification de son économie, le pays souhaite en effet privilégier les investissements dans la modernisation de son réseau électrique et l’implantation d’infrastructures d’énergies renouvelables, des investissements « 3 à 5 fois plus attractifs que ceux dans la production de pétrole ». D’ici 2050, les renouvelables devraient composer 50 % du bouquet énergétique du pays, qui prévoit par ailleurs de réduire de 25 % ses émissions de CO2 à l’horizon 2030. Pour la seule année 2015, 120 MW de puissance éolienne et solaire ont été installés dans le pays. Enfin, le gouvernement kazakh plancherait sur un projet de « pont vert » entre l’Europe et l’Asie, dont l’objectif serait de partager retours d’expériences et bonnes pratiques entre pays géographiquement éloignés.
Une dynamique d’échanges à l’échelle internationale qui devrait accélérer considérablement la transition énergétique des uns et des autres, et ce n’est pas du luxe. D’après l’ONU, durant les 35 années à venir, 2,5 milliards d’habitants supplémentaires devraient peupler les zones urbaines mondiales. Cette augmentation équivaut à la création de 70 villes de plus d’un million d’habitants chaque année d’ici 2050. Cet enjeu est majeur lorsqu’on sait qu’aujourd’hui, 40 % de la croissance urbaine se fait dans les bidonvilles. De plus, près de 90 % de cette augmentation devrait avoir lieu en Afrique et en Asie, qui sont aujourd’hui des continents encore majoritairement ruraux et moins développés. Ces villes en expansion sont une source majeure d’émissions de gaz à effet de serre. Viviers humains, elles consomment de grandes quantités d’énergie – une demande qui peut être rationalisée si elle est mieux organisée. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les besoins en infrastructures de toutes natures (énergie, transports, eau, etc.) représenteraient 3,5 % du PIB mondial d’ici 2030, soit environ 71 000 milliards de dollars. De tels besoins doivent être encadrés par la construction de villes intelligentes, qui s’appuieront sur les technologies testées aujourd’hui.
2015 a permis à la France de devenir l’épicentre de la lutte contre le réchauffement climatique avec l’organisation de la COP21. En 2017, c’est bien autour du Kazakhstan que semblent se focaliser toutes les attentions. Cet évènement est en effet le plus important du genre depuis la conférence des Nations unies, ce qui consacre la détermination du pays hôte à devenir un acteur de premier plan et un leader régional dans la lutte contre le changement climatique. En accueillant cet évènement, Astana envoie un signal fort de son engagement dans le renouvelable. Mais la volonté seule d’un pays ne suffit pas pour un enjeu global. Peu importe la qualité de la transition énergétique de certains pays, celle-ci ne servira à rien si elle est compensée par les abus des autres. Aussi, les mots d’ordres sont unité et mobilisation. Des dirigeants, des scientifiques, des multinationales, des universitaires, des start up et des ONG de défense de l’environnement doivent prendre part à ce mouvement un peu partout dans le monde pour partager leurs connaissances, et pour œuvrer à la création d’un front de bonnes volontés.
A lire également :Le directeur général de l’Irena appelle les Etats à concrétiser les engagements pris à la COP21