État des lieux de l’énergie renouvelable en France
Le 31 décembre dernier, la France comptait officiellement plus de 46 gigawatts de capacités de production d’électricité à partir de sources renouvelables (hydraulique, éolien, solaire, géothermie, biogaz…). Soit une hausse de 5 % par rapport à 2015. Cette progression, constante depuis plusieurs années, signe la réussite de la politique française en matière de développement des énergies renouvelables. Mais elle ne serait cependant pas suffisante pour atteindre les objectifs nationaux à l’horizon 2023 ou 2030. Selon le baromètre annuel de l’association Observ’ER (l’observatoire des énergies renouvelables), le rythme de déploiement des énergies renouvelables reste encore insuffisant.
Développer les énergies renouvelables pour réduire les émissions de CO2
Le dioxyde de carbone est un composé inorganique présent de manière naturelle dans l’atmosphère terrestre depuis des millions d’années. Il apparait toutefois que le CO2 qui résulte de l’activité humaine est devenu, depuis la Révolution Industrielle, l’un des produits de combustion les plus dangereux pour l’environnement. La communauté scientifique internationale s’accorde en effet à dire que la hausse des températures terrestres est étroitement liée aux émissions polluantes anthropiques issues de l’utilisation des énergies fossiles. Le secteur de la production d’électricité est ainsi devenu responsable de près d’un quart des émissions de dioxyde de carbone d’origine humaine.
Pour tenter d’enrayer ce phénomène, la France s’est fixé comme objectif de diviser par quatre ses émissions de dioxyde de carbone en favorisant l’utilisation de sources d’énergies décarbonées pour sa production d’électricité. Et notamment les énergies renouvelables. Depuis plusieurs années, le gouvernement met en place des mécanismes de soutien visant à favoriser l’émergence de moyens de production d’électricité plus respectueux de l’environnement. 2016 n’a pas vu fléchir la volonté des personnes en charge de définir notre politique énergétique : officialisation des objectifs de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), renforcement des actions de simplification administrative, création d’un nouveau mécanisme de soutien (complément de rémunération), etc.
L’ensemble de ces nouveaux mécanismes de soutien, combinés à l’effet de ceux en place depuis plusieurs années, a eu un effet largement positif en termes d’accroissement des capacités renouvelables tricolores : toutes énergies confondues, la puissance installée du parc français de production d’électricité renouvelable a augmenté de 5% par rapport à 2016.
2016, année faste pour les énergies renouvelables en France
C’est une des conclusions du 7ème Baromètre des énergies renouvelables électriques, publié le 10 janvier 2017 par l’Observ’ER. Ce document, réalisé en partenariat avec la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), s’intéresse à l’ensemble des filières renouvelables de production électriques de notre pays. Véritable outil au service de la transition énergétique, il dresse un panorama complet et actualisé du dynamisme des secteurs électriques renouvelables de l’Hexagone.
Selon les chiffres avancés par les auteurs du Baromètre, la puissance raccordée sur le territoire français en 2016 s’élève à 46,5 GW. De fait, les filières renouvelables sont désormais à l’origine de près de 23 % de l’électricité produite en France.
« 45,82 GW étaient installés à fin septembre 2016 et si on prolonge les tendances, on arrive à 46,5 GW fin 2016 », explique le directeur des études de l’Observ’ER, Frédéric Tuillé. Il apparait cependant que la France vise entre 71 et 78 GW de capacités installées d’ici 2023. Or, « si on se projetait dans la tendance d’aujourd’hui (…) on n’atteindrait pas tout à fait » le bas de cette fourchette. Loin d’être en retard sur ses objectifs, la France ne déploie pas assez rapidement ses ressources renouvelables.
Les énergies renouvelables intermittentes ont le vent en poupe
L’éolien a terminé l’année 2016 avec une puissance supplémentaire raccordée de 1.100 MW. « Un chiffre proche de la meilleure croissance annuelle de la filière[1.57 MW en 2010, ndlr] » et qui confirme ainsi les signes de croissance observés en 2014 et 2015. Grâce à une augmentation de 7,8 % de sa puissance, le parc éolien tricolore affiche une production électrique annuelle totale de 21.343 GWh. Prouvant ainsi que le sévère ralentissement des années 2011-2013 ne serait bientôt plus qu’un mauvais souvenir.
Les auteurs du rapport insistent sur le fait que l’éolien est aujourd’hui devenu un important relai de croissance pour les régions. « Avec l’éolien, une collectivité perçoit des revenus à plusieurs niveaux. Sur le plan fiscal, avec la cotisation foncière des entreprises, la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises ou l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux. Ces sommes sont reversées (parfois en totalité) aux communes sur lesquelles sont implantées les machines, mais également au département et à la région. D’une façon générale, le bloc communal et le département reçoivent chacun du centre des impôts local une somme de l’ordre de 7.000 euros par MW installé et par an ».
Le nouveau découpage régional permet d’ailleurs au Grand Est et aux Hauts-de-France de se placer sur les deux premières marches du podium grâce à des puissances éoliennes respectives de 2.672 MW et 2.575 MW. Ces deux régions représentent à elles-seules 75 % du parc tricolore total.
Le parc photovoltaïque français a de son côté franchi le seuil des 7 GW en 2016. Oberv’ER indique cependant qu’avec 449 MW de puissance raccordée au cours des 9 premiers mois de l’année, la filière affichait un net recul par rapport à la même période de 2014 et 2015. L’énergie solaire a cependant permis de produire 7,7 TWh d’électricité en 2015, soit un volume suffisamment important pour répondre à 1,6 % de la demande française.
Mais ces résultats en demi-teinte n’empêchent pas la filière de faire preuve d’optimisme quant à son avenir. « Le cadre institutionnel est clairement posé et la programmation pluriannuelle de l’énergie donne un cap ambitieux, à la mesure du potentiel du secteur. La filière est un des piliers de la transition énergétique française sans lequel le pays ne pourra pas remplir ses objectifs de 32% d’énergie renouvelable en 2030 ».
Étroitement liée au niveau d’ensoleillement des territoires, la répartition géographique du parc solaire joue en la faveur du Sud de la France. « La Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie et la région Paca représentent 4 068 MW, soit 58 % de la capacité totale installée du pays. L’indicateur de taille moyenne des sites par région montre également une grande disparité entre les territoires. Ainsi, la Nouvelle-Aquitaine affiche la taille moyenne la plus importante, avec un rapport de 1 à 5 comparé aux Hauts-de-France ou à l’Île-de-France ».
L’hydroélectricité, garante de l’indépendance énergétique française
Fin 2016, l’hydroélectricité restait de loin la première source d’énergie électrique renouvelable de France. Sa puissance installée s’élève à 25.479 MW, ce qui en fait la seconde source d’électricité du pays après le nucléaire. Grâce à une production totale de 58,7 TWh, le parc hydraulique français représente 11 % de la production totale d’électricité du pays.
Les auteurs du rapport notent cependant une baisse de la part de l’hydroélectricité dans la production électrique. Et notamment par rapport à 2013 et son pic de production à hauteur de 75 TWh. Cette variation est à mettre sur le compte de la faible pluviométrie qui a caractérisé l’année 2015. La filière n’en reste pas moins essentielle à l’indépendance énergétique française. « Forte d’un savoir-faire reconnu et portée par un tissu industriel dynamique, la filière est un maillon indispensable de la transition énergétique« , estiment les auteurs de l’étude.
Le bois énergie (la biomasse) affichait une puissance de 408 MW à la fin octobre. Il est cependant utile de préciser que son utilisation correspond davantage aux usages thermiques des français (production de chaleur), même si certaines installations ont vocation à produire de l’électricité. Phénomène similaire dans le secteur de la géothermie : les sites de production d’électricité géothermique sont très peu nombreux sur le territoire français et affichent une puissance totale installée de 17 MW. Technologie mature, la géothermie devrait être au cœur de nouvelles installations « qui vont constituer la vitrine du savoir-faire français, dans une filière où le pays entend bien jouer un rôle international de premier plan ».
Du côté du biogaz, Observe’ER note une année « de pause » pour la filière. La puissance du parc français a augmenté de 385 MW au cours de l’année 2016 : 478 sites ont permis de produire 2.131 GWh. « Les professionnels espéraient davantage de raccordements, mais la publication sans cesse repoussée de textes réglementaires structurants explique le ralentissement du parc de production. Toutefois, les professionnels l’affirment : les projets sont prêts et la dynamique pourrait repartir dès 2017, une fois le cadre réglementaire validé », estiment cependant les auteurs de l’étude.
Cette tendance se confirme également dans le secteur des énergies marines renouvelables. Malgré un potentiel conséquent, sur lequel repose d’importants espoirs de la part de l’État, les projets tricolores accusent un certain retard. Notamment dans l’éolien en mer. « Initialement attendus pour la fin de la décennie actuelle, les premiers MWh ne seront finalement pas produits avant le début des années 2020 ». Si le décollage de l’éolien offshore tricolore est légèrement plus long que prévu, le gouvernement entend plus que jamais consolider le développement de la filière. La ministre de l’Écologie Ségolène Royal a annoncé en novembre dernier le lancement prochain d’un troisième appel d’offres. Ce dernier portera cette fois sur les zones de Dunkerque et d’Oléron.
De manière plus générale, le Ministère de l’Environnement et de l’Énergie a terminé l’année 2016 en promettant la mise en place de nouveaux dispositifs de soutien aux énergies renouvelables pour 2017. Quatre d’entre eux (petites installations de méthanisation de moins de 500 kW, installations hydroélectriques de moins de 1 MW, installations de géothermie, installations éoliennes pour l’année 2016) ont d’ailleurs d’ores-et-déjà été validés par la Commission européenne. Les installations de méthanisation et hydroélectriques de plus grande taille seront soutenues par le biais d’appels d’offres (dont les premiers lauréats seront annoncés d’ici peu) alors que dans la filière éolienne sera mis en place un complément de rémunération pour les petits parcs éoliens.