Exploration du gaz de schiste : Londres octroie de nouveaux permis
Quand le sujet du gaz de schiste est sur la table, les passions se déchaînent, et même le très flegmatique Royaume-Uni n’y coupe pas. En annonçant la relance de l’exploration des sous-sols pour pallier le déclin des hydrocarbures en mer, le Premier ministre David Cameron s’est attiré les foudres des populations locales et des associations écologistes.
Le gouvernement britannique par l’intermédiaire de la Oil and Gas Authority (OGA), le régulateur national du secteur, a indiqué avoir octroyé 27 blocs terrestres d’exploration d’hydrocarbures conventionnels et non conventionnels dans le centre et le nord de l’Angleterre, une première depuis 2008. Les licences seront formellement attribuées après la finalisation plus complète d’études environnementales, qui concerneront au cours de l’année 132 blocs d’exploration au total.
Ce sont notamment les groupes britanniques Cuadrilla et IGas (allié de Total), le français GDF Suez (Engie), et le Suisse Ineos qui profiteront de ces nouveaux permis. Pour le secrétaire d’État à l’énergie Nicholas Bourne, farouche défenseur du gaz de schiste, le pays doit profiter de cette opportunité qui pourrait maintenir 64 000 emplois, et générer des investissements à la hauteur de 33 milliards de livres (46,5 milliards d’euros). Il s’appuie sur la finalisation d’études environnementales et du soutien enthousiaste du Premier ministre conservateur David Cameron pour relancer les forages au point mort depuis 2011.
Côté opposants, l’association environnementale « Les Amis de la Terre », rappelle que les précédentes explorations ont été suspendues en raison des secousses sismiques causées par la fracturation hydraulique. La technique qui consiste à briser la roche avec un mélange de produits chimiques, d’eau et de sable projeté à haute pression est remise en cause pour le risque de pollution des nappes phréatiques qu’elle présente. L’association se veut être le relais des riverains et des responsables locaux qui s’inquiètent et s’opposent très fermement à ces nouvelles exploitations.
Comme nous vous l’indiquions dans un précédent article, le gouvernement a fait simplifier la procédure de planification pour les forages de gaz de schiste. Il s’agit en fait de retirer cette prérogative aux autorités locales, jugées souvent trop lentes voire réticentes, pour la confier directement au ministre des Communautés et du gouvernement local, et ainsi accélérer les opérations.
Visiblement, les autorités britanniques ont tranché et sont prêtes à utiliser une technique encore interdite dans d’autres pays européens, comme la France et l’Allemagne. Les enjeux sont importants, car le sous-sol du Royaume-Uni recèlerait de très importantes réserves de gaz de schiste. Reste à savoir si le jeu en vaut la chandelle…
Crédit photo : Ruhrfisch