Face à l’incertitude américaine, les pays vulnérables appellent à défendre l’action climatique
Des pays parmi les plus vulnérables au changement climatique ont, sur fond d’incertitudes américaines, appelé mercredi à Bonn à renforcer l’action mondiale contre le réchauffement planétaire, à quelques jours de la tenue du sommet du G7 en Italie.
« Aucun pays ne retrouvera sa grandeur sans action climatique accrue », a prévenu le commissaire au climat philippin Emmanuel De Guzman, faisant écho au slogan de campagne de Donald Trump (« rendre sa grandeur à l’Amérique »).
« L’accord de Paris est notre planche de salut », ont écrit dans une déclaration commune les 48 Etats du Climate Vulnerable Forum (CVF), qui représente plus d’un milliard d’individus et regroupe aussi bien des Etats africains (Niger, Ethiopie, Rwanda…), des îles (Fidji, Marshall etc), que le Bangladesh, le Vietnam, le Népal ou encore Haïti.
« De grands progrès ont été réalisés à Bonn, dans le programme de travail destiné à (mettre en oeuvre) le nouveau régime climatique mondial (…) Le monde avance », estiment-ils. Mais ils appellent aussi à l’allocation « rapide » des capitaux du Fonds vert de l’ONU, et à la montée en puissance des financements promis au Sud par les pays du Nord, pour soutenir des mesures permettant de rester sous les 1,5° de réchauffement.
Les négociateurs climat du monde entier sont réunis jusqu’à jeudi à Bonn, pour avancer sur les modalités d’application de l’accord de Paris, qui vise à limiter le réchauffement « bien en-deçà » de 2°C voire 1,5°C en jugulant les émissions de gaz à effet de serre.
Depuis l’élection de Donald Trump, l’incertitude règne sur la participation américaine au processus. Pendant sa campagne, il avait promis d' »annuler » l’accord de Paris, mais semble depuis hésiter et ne devrait pas annoncer sa décision avant son retour du G7 (26 et 27 mai).
Respecter la limite du 1,5° est « une question de survie »: « ce n’est pas une menace abstraite ou future, beaucoup en paient déjà le prix », a dit le négociateur marocain Aziz Mekouar, citant la « sécheresse dévastatrice » affectant actuellement l’Afrique de l’est.
« Pour les pays en première ligne des dérèglements climatiques, la rhétorique et les politiques en provenance de la Maison Blanche sont une question de vie ou de mort », souligne l’ONG Christian Aid, réagissant à la déclaration du CVF.
« Si Donald Trump n’y voit pas clair sur les implications de ses politiques, alors c’est aux autres dirigeants du G7 de s’assurer qu’il comprend, et d’insister sur la nécessité d’agir », écrit le responsable climat de l’ONG Mohamed Adow dans un communiqué. « Sinon, ils seront complices dans les souffrances imposées aux pauvres de ce monde », ajoute-t-il.