Si le coût de cinq milliards d’euros avancé par le rapport des députés Hervé Mariton (UMP) et Marc Goua (PS) a  été démenti et qualifié de « fantaisiste » par la ministre Ségolène Royal, à combien alors s’élèverait le montant de la fermeture d’une centrale nucléaire comme celle en activité à Fessenheim ? Une question à laquelle il est impossible de répondre avec précision selon François Lévêque, professeur d’économie à Mines ParisTech, auteur de Nucléaire On/Off et interviewé par Challenge.fr.

Et pour cause. Estimer le coût d’une fermeture anticipée, nécessite selon cet économiste, de calculer la différence existante entre le manque à gagner, à savoir, la vente d’électricité si la centrale poursuivait sa production et les coûts que la fermeture aura permis d’éviter, comme les salaires, la matière première, les frais de maintenance ou les investissements nécessaires à la prolongation de l’activité. Autant d’hypothèses qui rendent des prévisions peu fiables à long terme.

L’évolution du prix de l’électricité tout d’abord est difficilement prévisible sur les décennies à venir. Comme le souligne François Lévêque, « aucun spécialiste des prix de l’énergie n’est capable de dire avec certitude si le prix du mégawatheure sera de 40 euros ou de 80 euros dans cinq ans« , et en cas de changement d’avis du gouvernement sur l’avenir de Fessenheim, la centrale pourrait bien fonctionner dix ou vingt ans supplémentaires.

Cela étant et malgré le prix de l’électricité, il est évident que les coûts évités seront bien inférieurs aux recettes manquées car l’énergie nucléaire produite à Fessenheim est à ce jour bien meilleur marché que tous les autres moyens de production actuels. Fermer la centrale impliquerait donc de fermer des moyens de production existants et rentables pour investir lourdement dans de nouvelles installations, qui elles ne seraient pas rentabilisées avant une longue période d’exploitation.

En définitive, si le coût d’une fermeture anticipée de Fessenheim pourrait effectivement atteindre plusieurs milliards d’euros, avancer un chiffre exact, ne serait ici que pure spéculation.

L’arrêt de la centrale alsacienne n’est d’ailleurs toujours pas acté à l’heure actuelle et ce coût est forcement dépendant de la centrale en question. Ségolène Royal s’est en effet récemment déclarée ouverte aux propositions du groupe EDF quant aux meilleures solutions pour respecter le plafonnement de la capacité de production nucléaire française établi à 63,2 GW dans le projet de loi de transition énergétique.

Si la centrale de Fessenheim semble la piste privilégiée, « une proposition plus judicieuse » de l’énergéticien français pourrait amener le gouvernement à revoir sa position. Comme l’a rappelé un nouvelle fois la ministre, le choix de la centrale à fermer sera effectué sur la base des « deux réacteurs qui coûtent le plus cher en terme d’investissement pour être remis aux normes« .

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