Fermier péruvien contre géant de l’énergie: la justice examine l’appel
La justice allemande se penche de nouveau lundi sur la plainte d’un fermier péruvien qui demande au géant allemand de l’énergie RWE de contribuer à réparer les dégâts causés par le réchauffement climatique dans son village des Andes.
Saul Luciano Lliuya avait porté plainte en 2015 contre RWE mais sa demande avait été rejetée en décembre dernier par le tribunal de Essen (ouest) qui l’avait jugé en partie « irrecevable » et « infondée ».
Le fermier, soutenu par une ONG allemande, avait fait appel et le tribunal de Hamm (nord) l’examine lundi depuis le début d’après-midi.
Ce paysan avait déposé plainte contre l’énergéticien allemand, justifiant son choix par le fait que le groupe, qui n’a aucune centrale au Pérou, est l’un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre de la planète.
Ce père de deux enfants, également guide de montagne, réclame le financement par RWE d’une partie des travaux de sécurisation de la communauté de Huaraz, capitale de la province de Ancash dans le nord du Pérou où il réside. La commune est menacée d’inondation en raison de la fonte des glaciers.
Il veut aussi le remboursement des 6.300 euros de travaux effectués pour protéger sa maison contre la montée des eaux.
RWE ne peut pas être rendu responsable individuellement d’une telle menace, car « il existe de nombreux autres émetteurs qui dégagent des gaz à effet de serre », avait argumenté le tribunal de Essen.
En raison de la multiplicité des sources d’émissions de gaz à effet de serre dans le monde, à la fois naturelles ou industrielles, et de la complexité du climat, il n’est pas « possible d’imputer juridiquement à un seul émetteur des effets spécifiques du changement climatique », avait réagi le groupe allemand.
Le fermier est soutenu par l’association environnementale allemande Germanwatch, qui compte faire de cette affaire un symbole.
L’association estime que ce dossier, le premier du genre, pourrait créer un précédent décisif pour la « justice climatique mondiale », un concept politique qui oppose les responsabilités d’un « Nord » polluant aux revendication de réparation des pays du « Sud ».
« Pour moi, RWE est en partie responsable du danger qui menace Huaraz (…) c’est l’un des plus grands émetteurs au monde, et ces compagnies ne prennent pas leur responsabilité quant aux conséquences de ces émissions », a déclaré Saul Luciano Lliuya dans un communiqué de l’association Germanwatch.