Les deux députés Hervé Mariton (UMP) et Marc Goua (PS), ont publié ce mardi 30 septembre un nouveau rapport incriminant le coût considérable que représenterait la fermeture de la centrale nucléaire alsacienne de Fessenheim dans les délais évoqués par le gouvernement. Un coût évalué selon cette commission des finances à plus de cinq milliards d’euros et qui parait en effet bien malvenu au regard du contexte économique et des contraintes budgétaires actuelles.

Si Ségolène Royal, la ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, a immédiatement réagi pour démentir de telles prévisions, qualifiant ce rapport parlementaire de « calculs farfelus » lancés « dans la nature pour essayer d’influencer des décisions », elle n’a pas souhaité en dire davantage sur l’avenir de la centrale de Fessenheim.

Le gouvernement semble bel et bien encore hésitant sur le choix des réacteurs à fermer dans le cadre de l’objectif de plafonnement du nucléaire du projet de loi sur la transition énergétique. Une décision qui devra, selon les mots de la ministre être prise « sur la base des deux réacteurs qui sont les plus coûteux et qui nécessitent le plus d’investissements ». Pas ceux de la centrale alsacienne, à priori…

En effet, l’analyse des deux députés de la commission des finances consacrée au coût lié à une fermeture anticipée, excluant ainsi le coût du démantèlement prévu de longue date et qui reste a priori inchangé, dresse un tableau assez inquiétant pour l’économie de la région concernée.

Selon leurs calculs, qui restent nécessairement assez approximatifs, l’arrêt de la centrale de Fessenheim à la fin de l’année 2016 entraînerait un coût social de plus d’un milliards d’euros. Une estimation prenant en compte à la fois l’impact sur plus de 2000 emplois, la baisse des recettes des collectivités et les frais liés à l’adaptation du réseau électrique.

Ajouté à cela, ces deux rapporteurs précisent que le groupe EDF, exploitant le site de production alsacien, pourrait réclamer près de quatre milliards de dédommagements compte tenu du manque à gagner évident lié à l’arrêt prématuré de ces deux réacteurs. Des réacteurs qui présentent dans les faits toutes les conditions de sécurité pour une exploitation jusqu’en 2019 et 2021 selon un récent avis de l’Autorité de sûreté nucléaire.

Pourquoi donc dans ce cadre s’obstiner à fermer « un outil rentable économiquement et techniquement sûr de terminer son cycle de vie » alors même que la tendance serait plutôt à l’économie, s’interroge le rapport qui préconise par la suite le report de la fermeture de la plus vieille centrale de France.

Précisons ici que la fermeture de deux réacteurs de 900 MW de Fessenheim dans le Bas-Rhin est envisagée par le gouvernement afin de compenser l’entrée en service de l’EPR de Flamanville (Manche) prévue en 2016, afin de respecter les nouvelles limites de capacité nucléaire sur le territoire (63,5 GW) imposées par la future loi sur la transition énergétique.