Flambée du gaz: accord pour relancer la production de CO2 au Royaume-Uni
Afin d’éviter des pénuries, le gouvernement britannique a conclu mardi soir un accord avec le groupe américain CF Fertilisers pour permettre le redémarrage immédiat de la production de CO2 au Royaume-Uni, interrompue après une envolée des prix du gaz naturels.
Les prix du gaz planent depuis plusieurs jours près de leur record historique, atteint la semaine dernière. Ils sont en hausse de 81% sur un mois et de plus de 500% sur un an.
Cette flambée a entraîné une interruption de l’activité dans une usine d’engrais appartenant au groupe américain CF Industries, qui produit 60% du CO2 du Royaume-Uni.
Principalement utilisé dans l’abattage des animaux et la chaîne du froid, l’arrêt de la production de CO2 faisait craindre au secteur de l’élevage et aux industries agroalimentaires de fortes pénuries.
L’accord à court terme conclu mardi soir entre le gouvernement britannique et le groupe américain « permettra aux nombreuses industries essentielles dépendant d’un approvisionnement stable en CO2 de disposer des ressources nécessaires pour éviter toute perturbation », a affirmé dans un communiqué le ministre des Entreprises et de l’Énergie Kwasi Kwarteng.
Pendant trois semaines, le gouvernement britannique « apportera un soutien financier limité aux coûts d’exploitation de CF Fertilisers, le temps que le marché du CO2 s’adapte aux prix mondiaux du gaz », précise le communiqué, permettant ainsi à l’entreprise de redémarrer immédiatement sa production du CO2 dans son usine de Billingham (nord de l’Angleterre).
-« Hiver difficile » –
Cet accord répond aux vives inquiétudes exprimées plus tôt dans la semaine par différents secteurs de l’industrie britannique dépendant du CO2.
Le patron des supermarchés Iceland ayant ainsi prévenu que des pénuries pourraient survenir « dans les prochains jours et semaines » si l’interruption de production de dioxyde de carbone se prolongeait.
Mardi, le sidérurgiste British Steel, filiale du Chinois Jingye, a à son tour sonné l’alerte, dénonçant une « spirale hors de contrôle » dans les prix de l’électricité.
« En avril, il fallait payer 50 livres par MWh et à présent 2.500 livres/MWh. Cette hausse colossale, sans précédent, rend impossible de gagner de l’argent avec l’acier à certains moments de la journée », s’était ému British Steel dans une déclaration reçue par l’AFP, prévenant que cet hiver, les prix pourraient encore monter en même temps que la demande.
L’agence S&P GLoball Platts rappelait dans une analyse la semaine dernière que « les prix de l’électricité avaient grimpé fortement à travers l’Europe » à cause de faibles niveaux de stockage, de la concurrence avec l’Asie pour les porte-conteneurs de GNL et à cause d’inquiétude sur la fiabilité de l’approvisionnement en provenance de Russie.
Le Royaume-Uni est particulièrement sous pression à cause de sa forte dépendance au gaz naturel et aux énergies renouvelables pour générer de l’électricité pendant une saison qui a manqué de vent, tandis que son infrastructure nucléaire vieillissante est inefficace.
La flambée des prix du gaz s’est aussi traduite par la faillite de plusieurs petites sociétés de distribution gazière ces derniers jours et M. Kwarteng a laissé entendre que d’autres pourraient mettre la clé sous la porte, même si le gouvernement n’entend pas les renflouer.
Le ministre a répété mardi que les consommateurs restaient la priorité du gouvernement et que les limites aux prix du gaz resteront en place, même si une hausse de 12% est prévue au premier octobre.
Il a toutefois admis que certaines familles se dirigeaient vers « un hiver difficile » avec des factures d’énergie attendues en hausse et une baisse des minimas sociaux.
ved-cdu/cls