La France, l’Espagne et le Portugal vont relier leurs réseaux électriques
La France, l’Espagne et le Portugal ont décidé vendredi de construire une nouvelle ligne sous-marine pour relier leurs réseaux électriques et réduire l’isolement de la péninsule ibérique en matière d’énergie.
Les dirigeants des trois pays réunis à Lisbonne se sont félicités de la signature, en marge de leur sommet, de l’accord de financement de ce projet de ligne à très haute tension pour relier la France à l’Espagne sous le Golfe de Gascogne.
C’est « un pas très important », a déclaré le Premier ministre portugais Antonio Costa en annonçant qu’un groupe de travail continuerait à plancher sur de nouvelles connexions électriques et gazières.
La Commission européenne subventionnera le projet « Golfe de Gascogne » à 30%, en apportant 578 millions d’euros, un montant sans précédent pour un projet énergétique.
La ligne de 370 km de long doit être mise en service à l’horizon 2025 et doubler quasiment les capacités d’échanges d’électricité entre la France et l’Espagne pour les porter à 5.000 MW, a souligné RTE, le gestionnaire français des réseaux qui mène le projet avec son homologue espagnol REE.
C’est le projet le plus important lancé depuis que l’Espagne et le Portugal se battent pour que la péninsule ibérique cesse d’être ce qu’ils appellent « un îlot en Europe du point de vue énergétique ».
Le Portugal dispose d’un excédent de production d’électricité, notamment renouvelable, qu’il pourrait exporter au-delà de l’Espagne si les interconnexions se développent comme le prévoit la Commission européenne.
« La durabilité de notre stratégie d’investissement dans les énergies renouvelables passe par l’exportation », a déclaré António Costa. Le Portugal prévoit notamment de vendre de l’électricité au Maroc.
La France et l’Espagne avaient déjà doublé leur capacité d’échange d’énergie en inaugurant en 2015 une connexion de lignes à très haute tension enterrées sous les Pyrénées.
– « Midcat » –
Mais Madrid et Lisbonne voudraient aussi être mieux reliés au marché européen du gaz, en construisant un nouveau gazoduc de connexion avec la France par la Catalogne. Ce projet « Midcat » se heurte aux réticences de Paris.
L’Espagne et le Portugal importent du gaz d’Algérie, par un gazoduc entré en service en 2011. Ils disposent de sept terminaux de regazéification de gaz naturel liquéfié (GNL), qu’ils importent notamment du Qatar et des Etats-Unis, devenus exportateurs avec le développement du gaz de schiste.
Madrid et Lisbonne assurent que cette infrastructure permettrait à l’Europe de réduire sa dépendance au gaz russe. Mais une étude commandée par la Commission européenne et publiée en avril tend à montrer que le gazoduc Midcat, d’un coût estimé à plus de 440 millions d’euros, ne serait ni rentable ni nécessaire, l’Europe disposant déjà de nombreux autres terminaux de regazéification peu utilisés.
Le président français Emmanuel Macron a reconnu que la France s’était opposé à des projets d’interconnexions parce qu’elle « n’avait pas été convaincue de leur utilité ».
Mais si la fermeture progressive des centrales à charbon entrainait une hausse de la demande pour le gaz, et que le gazoduc Midcat « a du sens économique, nous le ferons », a-t-il dit.