La France passe la barre des 100.000 voitures 100% électriques
Tout comme le bâtiment, le secteur des transports est une des sources majeures de pollution en France : l’ensemble des véhicules en circulation sur les routes hexagonales émettent plus d’un quart des émissions nationales de gaz à effet de serre. C’est la raison pour laquelle le développement de solutions de mobilité alternative, c’est-à-dire plus respectueuses de l’environnement, est apparu comme un enjeu majeur de notre transition énergétique. Si le marché français des véhicules électrique a éprouvé quelques difficultés à décoller, il est depuis deux ans porté par des mesures incitatives (dont le super bonus) qui dopent les ventes. À tel point que la France vient de devenir le premier pays européen dont le parc de véhicules zéro émission dépasse les 100.000 unités. Explications.
Un record inégalé en Europe
Voilà un record dont la France peut être fière : le marché tricolore des véhicules particuliers et utilitaires à motorisation 100% électrique (hors motorisation hybride donc) a dépassé jeudi 23 mars la barre des 100.000 immatriculations. « La France devient ainsi le premier pays européen à atteindre un tel parc de véhicules zéro émission », s’est félicité à juste titre Avere-France, l’association nationale pour le développement de la mobilité électrique.
C’est dans un contexte de forte croissance du secteur français de l’électromobilité que cette barre symbolique a été franchie. Depuis le début de l’année, les ventes de voitures particulières zéro émission connaissent en effet une forte progression : selon les chiffres publiés par Avere-France, le nombre d’immatriculation affiche une hausse de 24% (7.000 immatriculations entre janvier et mars) par rapport à la même période de l’année dernière.
Ce nouveau record confirme également l’intérêt croissant des conducteurs français pour des technologies plus vertueuses et plus sobres d’un point de vue énergétique. Un phénomène que Ségolène Royal, ministre de l’Écologie et de l’Environnement, avait mis en exergue le 1er octobre dernier au Mondial de l’automobile de Paris, lorsqu’elle avait annoncé que le cap des 100.000 véhicules rechargeables (comptabilisant motorisation électriques et hybrides) avait été franchi.
Une progression constante… pour une part de marché toujours anecdotique
La part des voitures 100% électriques n’a cessé de progresser de manière exponentielle en France depuis l’apparition de la nouvelle génération de voitures propres. Les immatriculations de véhicules particuliers électriques se sont élevées à 980 unités en 2010 pour passer à 14.000 en 2012, 43.000 en 2014 et 66.000 en 2015. Si l’on cumule les segments électriques et hybrides rechargeables, le parc s’élève à 117.000 unités : un record égalé seulement par la Norvège (qui a passé ce palier en décembre dernier).
Cette performance s’inscrit dans un contexte particulièrement favorable pour le secteur automobile. Les ventes de véhicules neufs ont en effet atteint de nouveaux records en 2016 : selon le bilan du Comité des Constructeurs Français d’Automobiles, les citoyens ont acheté plus de 2 millions de voitures neuves en 2016 (toutes motorisations confondues).
Les véhicules propres ne représentent cependant qu’une petite part du marché automobile dans son ensemble. Le parc français s’élève en effet à quelques 38 millions de voitures en circulation, parmi lesquelles les voitures et utilitaires électriques représentent 0,25%.
Des mesures incitatives efficaces
Les mesures incitatives mises en place par le gouvernement français ne sont pas étrangères à la croissance exponentielle du secteur. Soucieux de favoriser le remplacement des véhicules polluants actuels (diesel ou gazole) par des véhicules à faibles émissions, tout en œuvrant à la réduction de sa dépendance aux produits pétroliers, le gouvernement a fait le choix d’une politique de soutien forte et active.
Le panel des mesures de soutien est vaste et s’applique tant à l’achat ou à la location d’un véhicule, qu’au développement d’une infrastructure de recharge sur le domaine public ou privé. Le bonus écologique est une des mesures phares. Il s’agit d’une aide financière attribuée par le gouvernement aux citoyens qui décident d’acheter un véhicule électrique neuf. Son montant maximum s’élève à 6.000 euros. Une majoration de 4.000 euros peut cependant être mise en œuvre si l’achat s’accompagne de la mise au rebus d’un vieux véhicule diesel.
L’Avere-France estime que le marché français des véhicules 100% électriques devrait atteindre la barre des 350.000 véhicules en circulation d’ici 2020.
« Au-delà des mesures d’accompagnement de ce marché et des progrès technologiques sur les batteries et les piles à combustible, il faut aussi s’intéresser aux préoccupations majeurs des Français comme la santé et la liberté de déplacement. Quand on instruit ces questions, on constate que la mobilité électrique apporte une solution radicale et durable pour améliorer la qualité de l’air tout en préservant cette liberté de mobilité. Cela nous conforte dans le sentiment que la mobilité électrique n’est qu’au début de sa croissance. Une condition essentielle pour qu’une partie de la conversion du parc automobile français vers l’électrique se poursuive est l’accompagnement des pouvoirs publics tout au long de cette phase de mutation. Alors que les élections présidentielles approchent, il est fondamental que le prochain gouvernement s’engage sur une politique claire vis-à-vis de la filière électromobile pour les cinq prochaines années », estime Joseph Beretta, président de l’Avere-France.