Fukushima: le réacteur n°1 à un point critique
La situation à Fukushima est loin, très loin d’être réglée. Plus de deux mois après le séisme et le tsunami qui ont déclenché une catastrophe nucléaire sans précédent, une fuite d’eau radioactive, assez importante pour remplir une piscine olympique inquiète profondément Tepco, alors qu’un système de refroidissement avait été installé dans le réacteur n°1 de la centrale, dont le cœur est partiellement fusionné.
Une très grande partie de l’eau injectée dans la cuve aurait fui dans les galeries souterraines jusqu’à la mer, laissant les barres de combustible à l’air. L’opérateur japonais explique que les barres se sont simplement «déformées» sous l’effet de la chaleur. Cependant, la température au fond de la cuve, qui s’élève à 120°C, laisse penser qu’une partie du combustible a fondu, formant un corium, une sorte de boule de combustible concentré.
A l’heure actuelle, on ignore si ce corium peut transpercer la cuve, voire la dalle de béton située en dessous. Mais lors d’un point de presse en fin de semaine dernière, Junichi Matsumato, directeur de Tepco, a avoué que le fond de la cuve du réacteur n°1 était percé.
Selon Roland Desbordes, le président de la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité), «si le refroidissement des réacteurs nucléaires échoue, leur coeur pourrait fondre. Les pastilles d’uranium s’accumuleraient alors au fond de la cuve, formant un corium, sorte de grosse boule de métal en fusion. Ce corium pourrait alors transpercer la cuve, puis la dalle de béton en dessous de la centrale, et enfin la roche et la terre avec des conséquences sur les nappes phréatiques et les sols en général.»
La situation actuelle préoccupe donc fortement les experts.