Les doutes s’accumulent sur la fusion Siemens/Alstom
Les doutes s’accumulent sur le projet de fusion dans le rail de l’allemand Siemens et du français Alstom, plusieurs autorités nationales de la Concurence de pays européens ayant fait part de leurs réserves.
« Il y a une offre améliorée de remèdes (de la part Siemens/Alstom pour convaincre Bruxelles, ndlr) qui suscite encore des doutes, comme on peut le lire dans la presse », a déclaré lundi à l’AFP le président de l’Autorité belge de la Concurrence Jacques Steenbergen.
Par ailleurs, l’Autorité allemande de la concurrence a confirmé à l’AFP avoir adressé en décembre à la Commission européenne son avis, au même titre que d’autres pays sur ce projet de fusion. Selon le Financial Times, le Kartellamt a émis dans ce courrier de « sérieux doutes » quant à la faisabilité de ce projet. Il juge les concessions proposées par Alstom et Siemens « ni pertinentes, ni suffisantes » pour satisfaire Bruxelles, selon le journal britannique.
La Commission européenne s’est refusée à tout commentaire.
Mercredi dernier, lors d’une visite à Berlin, la Commissaire européenne à la Concurrence Margrethe Vestager avait rencontré le ministre allemand de l’Economie Peter Altmaier, selon un porte-parole de la Commission.
Et mardi 15 janvier, Mme Vestager « présentera plusieurs cas liés à la concurrence », lors de la traditionnelle réunion du collège des Commissaires européens, a-t-il ajouté.
Selon une source européenne, les discussions porteront sur l’opportunité de créer des champions européens pour faire face à la concurrence chinoise notamment. Un argument mis en avant par Siemens et Alstom pour justifier leur fusion.
Lors d’un discours à Berlin mercredi dernier, Mme Vestager avait souligné que « l’on ne pouvait pas construire des champions européens (…) avec des fusions qui nuisent à la concurrence ».
Parmi les 28 membres de la Commission européenne, les commissaires français et allemand, Pierre Moscovici (chargé des questions économiques) et Günther Oettinger (chargé du budget) sont particulièrement attachés à la fusion, selon des sources concordantes.
Bruxelles a jusqu’au 18 février pour approuver ou non le projet d’union Siemens/Alstom, qui avait été annoncé en septembre 2017.
La Commission européenne avait dit craindre que cette « concentration ne réduise la concurrence pour la fourniture de plusieurs types de trains et de systèmes de signalisation ».
Les deux groupes ont proposé le 12 décembre dernier des concessions modestes pour tenter d’obtenir l’aval de la Commission.
Consultés par Bruxelles, de nombreux concurrents et clients des deux groupes avaient ensuite fait part de leur scepticisme quant à ces propositions, selon plusieurs sources. Le 9 janvier, Siemens et Alstom les ont quelque peu améliorés, selon une source.
Au niveau gouvernemental, le projet est fermement défendu par le ministre français de l’Économie. Bruno le Maire a estimé qu’un refus de la Commission européenne serait une « erreur économique » et une « faute politique » fatale pour le secteur européen du rail face à la concurrence chinoise.
L’Allemagne avait fait campagne pendant trois ans pour qu’Alstom choisisse de convoler avec l’allemand Siemens plutôt qu’avec l’américain General Electrics ou le canadien Bombardier.
Mais depuis l’annonce en septembre 2017, pourtant saluée par Berlin, le gouvernement allemand est resté très en retrait sur ce dossier, se gardant de commenter publiquement l’avancée difficile du projet.
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