Éolien flottant : « donnons de la visibilité à la filière sur le long terme »
À deux jours du « FWP Atlantic Forum » (trois jours dédiés à l’industrie éolienne flottante) organisé à Brest et en Loire-Atlantique, nous donnons la parole à Olivier Perot et Jean-Louis Bal. Les présidents de Fédération Energie Eolienne (FEE) et du Syndicat des Energies Renouvelables (SER) souhaitent que la trajectoire prise par la PPE ira dans le bon sens pour la filière de l’éolien flottant.
Comment, selon vous, peut-on accélérer le décollage d’une véritable filière industrielle de l’éolien flottant ?
Olivier Perot, président de la FEE : Il y a avant tout besoin d’une impulsion des pouvoirs publics. Avec la maturité des acteurs et le travail conséquent effectué sur les fermes pilotes, le premier étage de la fusée, allumé à moitié, est en place. Il reste encore évidemment beaucoup d’étapes pour transformer ces fermes en une réalité. Pour les étages suivants de la fusée, il faut donner en parallèle de la visibilité à la filière sur le long terme en planifiant des volumes réguliers et suffisants et des appels d’offre dès 2019, nous l’avons proposé à l’Etat, sur l’horizon de temps de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE).
Jean-Louis Bal, président du SER : Avant d’être sûrs de voir une filière décoller, nous attendons avec impatience les trajectoires proposées par le gouvernement à travers la PPE. L’une des clés du décollage réside dans l’accélération des procédures d’autorisation administratives. Mais il faut faire attention qu’il n’y ait pas un trou d’air avec ces fermes pilotes. Au sein du SER, nous avons établi un calendrier qui devrait permettre, sur les 5 ans à venir, d’atteindre un volume global de 3000 MW, sans faire les choses brutalement. Il ne faut pas passer de 4 fermes pilotes à un appel d’offre de 2000 MW. Il faut y aller progressivement afin de progresser sur la maturité technologique de la filière.
L’éolien flottant a-t-il le potentiel pour être un acteur majeur de la transition énergétique ?
J-L. B : Oui. Je rappelle que l’objectif en 2030 est d’avoir 40% d’électricité renouvelable, contre 20% aujourd’hui. Les 20% supplémentaires seront sur trois piliers : sur terre, le photovoltaïque et l’éolien terrestre ; et un tiers viendra des énergies marines via principalement l’éolien offshore. Si l’éolien posé est actuellement, naturellement le plus compétitif, l’éolien flottant a toute sa part à prendre, pour des tas de raison. Technologiquement – je pense aux turbines -, c’est très proche de l’éolien posé. En termes de potentiel, avec l’éolien flottant, du fait qu’on s’affranchit des contraintes des profondeurs des eaux, cela élargit considérablement les capacités de production.
O.P : Pour nous clairement. L’éolien flottant peut devenir une des composantes du mix énergétique au même titre que les autres énergies renouvelables. Sans oublier que, dans les années à venir et probablement à horizon 2030, l’éolien flottant peut devenir aussi compétitif que l’éolien offshore posé. Le marché français est important, comme ceux qui se dessinent au Japon,aux Etats-Unis ou à Taïwan.
2e domaine maritime au monde, la France dispose d’un vaste potentiel éolien en mer. En quoi la Bretagne et les Pays de la Loire peuvent devenir des chefs de file du développement de la technologie éolien flottant ?
O.P : Grâce à ses fermes pilotes et un certain nombre d’industriels déjà présents sur la façade atlantique comme par exemple Ideol ou Naval énergies, l’écosystème est bien structuré. Des fermes commerciales sont éligibles à court terme. Le Grand Ouest est un territoire idéal pour le développement de la filière. Tous les ingrédients sont réunis ! Notre réflexion est la même pour le bassin méditerranéen.
J-L. B : Même s’il ne faut pas mettre sur un pied d’inégalités les zones méditerranéenne et atlantique, Tous les ingrédients sont effectivement réunis dans ces territoires ! Il faut en effet une planification pour réaliser les infrastructures portuaires adaptées. J’ajoute que si aujourd’hui il y a un prototype en cours de tests au large du Croisic, c’est grâce à une volonté des collectivités locales de développer la filière. Je rappelle que la Méditerranée est très bien pourvue en vents et la région Occitanie entend également développer l’éolien flottant. Il ne faut pas voir ça comme une rivalité mais comme une complémentarité.
Lors du « FWP Atlantic forum » de Brest, à quoi serviront concrètement les ateliers techniques et les visites sur site ?
O.P : Le FWP Atlantic forum, comme tout forum, permet de rapprocher les gens et les entreprises du monde entier. Ce rendez-vous majeur de l’éolien flottant permet aussi de partager des expériences, des résultats, des questions, des problématiques et donc, finalement, d’accélérer le développement d’une filière aussi bien au niveau commercial, technique, technologique.
J-L. B : L’événement de Brest est une occasion unique pour démontrer que tous les acteurs de la filière travaillent main dans la main. Le FWP Atlantic forum peut également susciter des vocations locales. Un certain nombre de PME peuvent ainsi trouver dans l’éolien flottant de nouveaux marchés pour leurs activités.
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