Le gaz européen frôle son record historique, l’électricité s’envole
Le prix du gaz naturel évoluait vendredi à des niveaux extrêmes, frôlant le record historique en Europe, encore propulsé par les perspectives d’une interruption des livraisons en provenance de Russie.
Le prix du gaz naturel européen s’est envolé et a atteint vendredi 342,005 euros le MWh, à peine en dessous de son record historique en séance (345 euros le MWh) enregistré en mars après l’invasion russe de l’Ukraine.
Vers 16H00 GMT (18H00 à Paris), le contrat à terme du TTF néerlandais, référence du marché européen du gaz naturel, évoluait à 307 euros le mégawattheure (MWh), en légère baisse sur la séance mais en envol de plus de 24% sur la semaine.
« Cette situation est due à l’insuffisance de l’offre de gaz naturel », expliquent les analystes de Commerzbank, entre livraisons de gaz russe via Nord Stream 1 déjà très réduites et celles en provenance de Norvège entravées par des travaux de maintenance.
Le prix du gaz est propulsé depuis une semaine par les suspensions d’approvisionnement russe à venir via Nord Stream 1, en raison d’une maintenance du gazoduc, selon une annonce du géant russe Gazprom.
Si la Russie décidait « de continuer d’utiliser ses approvisionnements comme une arme et de maintenir le gazoduc fermé après la fin de la maintenance, le risque de nouvelles flambées subsiste », estime Ole Hansen, analyste chez Saxobank.
Aux Etats-Unis, Freeport LNG a annoncé mardi que son terminal de gaz naturel près de Houston au Texas, qui avait été endommagé par un incendie en juin, ne reprendrait du service qu’en novembre, soit avec un mois de retard.
Entraînée par les cours du gaz, l’Europe a connu une semaine de prix records de l’électricité pour livraison début 2023, culminant vendredi à 950 euros le MWh en Allemagne et à 1.300 euros en France. Il y a un an, les prix dans ces deux pays étaient seulement d’environ 85 euros par MWh.
Dans l’Hexagone, EDF a annoncé la prolongation de l’arrêt de réacteurs nucléaires affectés par des soucis de corrosion.
Seuls 24 des 56 réacteurs nucléaires d’EDF fonctionnent en ce moment, ce qui réduit la production électrique française à un niveau historiquement bas, et fait mécaniquement augmenter les cours.
Une situation qui devrait encore soutenir « une augmentation déjà très visible de la demande de produits à base de carburant, en particulier le diesel et plus tard cet automne également le mazout de chauffage, au détriment du gaz », affirme Ole Hansen.
Les prix du pétrole restaient quant à eux stables vendredi, entre de potentielles réductions de production des pays membres de l’Opep+ et l’éventualité d’un retour de l’accord sur le nucléaire iranien de 2015.
Le baril de Brent de la mer du Nord, référence du brut en Europe, pour livraison en octobre, prenait 0,19% à 99,53 dollars, hésitant autour de la barre des 100 dollars.
Le baril de West Texas Intermediate (WTI), son homologue américain, pour livraison le même mois, perdait quant à lui 0,24%, à 92,30 dollars.
Mercredi, le ministère iranien des Affaires étrangères a confirmé avoir reçu une réponse des Etats-Unis concernant les « ajustements » requis par Téhéran à la proposition d’accord soumise par l’Union européenne sur le dossier nucléaire iranien.
Une issue positive des négociations entraînerait la levée d’une partie des sanctions américaines contre l’Iran et le retour en grâce du brut iranien sur le marché international.
Mais le pétrole a toutefois augmenté sur la semaine, après que le ministre saoudien de l’Énergie, Abdelaziz ben Salmane a ouvert la porte à une possible réduction de la production de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+)