« Gilets jaunes »: Philippe prêt à un abandon de la hausse des taxes carburant et à un « débat » sur l’ISF
L’exécutif est prêt à abandonner définitivement la hausse de la taxe pesant sur les carburants s’il ne trouve pas les « bonnes solutions », ainsi qu’à un « débat » sur sa réforme controversée de l’impôt sur la fortune (ISF), face à la crise des « gilets jaunes », a annoncé mercredi le Premier ministre Édouard Philippe.
« Si nous ne trouvons pas les bonnes solutions, a-t-il dit, nous n’appliquerons pas » l’augmentation de la taxe carbone prévue au 1er janvier et qui a agi comme détonateur de la fronde, avant que l’exécutif ne la suspende mardi pour six mois.
Le chef du gouvernement s’exprimait devant les députés « sur la fiscalité écologique et ses conséquences sur le pouvoir d’achat ». Son discours était suivi de trois heures trente d’interventions des groupes politiques, puis d’un vote pas avant 20h00.
Le Premier ministre a fixé les deux limites du gouvernement à ce débat: il ne doit entraîner ni « nouvelles taxes », ni « augmentation des déficits », après le moratoire de six mois sur la taxe carburants, qui entraîne deux milliards d’euros de manque à gagner pour les finances publiques.
Il s’est dit ouvert à des « États généraux » sur les impôts et les dépenses publiques, « comme le réclament bon nombre de manifestants ».
Quant à la réforme de l’ISF, supprimé en 2017 et transformé en impôt sur la fortune immobilière (IFI), « nous ne craignons pas » le « débat » sur son efficacité, a affirmé Édouard Philippe, confirmant un « bilan » d’experts devant se tenir en 2019.
« Comme le Parlement l’a souhaité, un comité composé d’experts et de personnalités qualifiés, dont des parlementaires, effectuera le bilan de cette réforme. Nous ne craignons pas ce débat. Il est nécessaire. Il aura lieu », a-t-il lancé lors d’un discours souvent chahuté.
Même sans coup de pouce, le SMIC augmentera de 1,8% au 1er janvier 2019 en vertu de la hausse légale, a par ailleurs souligné l’ancien maire du Havre.
Malgré l’appel du président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand au « respect » et à la « dignité » dans l’hémicycle, les députés d’opposition ont à plusieurs reprises manifesté bruyamment leur désapprobation.
« Tous les acteurs du débat public, responsables politiques, responsables syndicaux, éditorialistes, citoyens, seront comptables de leurs déclarations dans les jours qui viennent. Oui, je lance ici un appel à la responsabilité », a lancé Édouard Philippe.
Le Premier ministre a également esquissé un mea culpa. « S’il existe un tel niveau de colère, qui encore une fois vient de loin, c’est que nous avons beaucoup de choses à améliorer encore », a-t-il dit.
« En revanche, je suis persuadé, aujourd’hui autant qu’hier, que le cap que nous avons fixé en mai 2017 est le bon », a néanmoins jugé le chef du gouvernement.
Après les graves violences et saccages à Paris samedi dernier, l’inquiétude est de mise pour l’ordre public pour la quatrième grande mobilisation des « gilets jaunes » ce samedi.
« Aux factieux, aux casseurs, je veux dire: nous leur ferons face et nous serons intraitables. Je peux entendre la colère, mais je ne peux pas accepter la violence et je combattrai toujours la haine », a affirmé le Premier ministre devant les députés.
Quant au grand débat local de trois mois voulu par l’exécutif pour trouver des réponses aux doléances des « gilets jaunes », son organisation sera confiée à l’ancienne ministre des Sports et secrétaire d’État chargée de l’Écologie Chantal Jouanno, avec un « comité de garants », a-t-il annoncé.
Frais bancaires, assurances, mutuelles, entretien des voitures, prime transport versée par les entreprises: le Premier ministre a suggéré les « dépenses contraintes » qui pourraient être débattues.