« Le gouvernement doit mettre de l’ordre pour les parcs éoliens en mer ! »
Le Grenelle de la mer avait ouvert un champ de possibilités pour développer l’emploi et réindustrialiser les territoires du Littoral. Mais, visiblement, les procédures ne sont pas en face pour que les opérateurs, les développeurs, les industriels, les financiers, les élus … puissent évoluer dans un univers marin où les risques de recours sont levés avant que les appels d’offre soient lancés. Le parc éolien offshore du Tréport est l’exemple d’une absurdité administrative qui entraîne des surcoûts inutiles et un temps de perdu incroyable.
Cette situation devrait évoluer pour les prochains d’appels d’offre et il en est temps !
Que se passe-t-il en France pour que les projets stagnent, ne puissent pas trouver leur place dans un équilibre favorable entre environnement – emploi – mix énergétique, développement du territoire et diminution des émissions de gaz à effet de serre ?
Est-ce les lois, l’arsenal de procédures administratives sont à la hauteur des enjeux face aux différents recours ? Est-ce que la crédibilité des scientifiques ne peut pas être mise en cause si une autorité supérieure donne un avis contraire à une recommandation locale ? Cela serait naturellement dommage et pourrait être mal interprété. Est-on pour autant dans une impasse ?
Telles sont certainement quelques une des questions qui sont sur la table de Nicolas Hulot et de son secrétaire d’Etat Sébastien Lecornu qui s’intéresse particulièrement à l’énergie.
Les élus opposants avaient prévenu la presse de leur position négative. Michel Delépine, le maire de Mers-les-Bains, (successeur d’Emmanuel Maquet), a annoncé qu’il y participerait. Emmanuel Maquet, président du Syndicat mixte Baie de Somme – Grand littoral picard et député, participait au vote. Il était contre le projet.
Le maire du Tréport, Laurent Jacques, a également voté contre, en sa qualité de vice-président de la communauté de communes des Villes-Sœurs. Le groupe FN au Conseil régional a lui déposé un amendement pour inciter les conseillers régionaux membres du conseil de gestion du Parc naturel marin à voter contre le projet. La majorité LR-UDI l’a rejeté.
L’étape du 13 septembre 2017
Le 13 septembre dernier, le conseil de gestion du Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale «devait se positionner» sur le parc éolien. Cette décision devait être prise d’après l’analyse des études d’impact de la future activité, évaluer « les effets notables sur le milieu marin». Son conseil de gestion (composé de représentants de l’État, des collectivités, des professionnels, des usagers, des associations…) et devait rendre son avis le 20 octobre 2017, ce qu’il a fait.
Cet avis, cependant, s’appuie exclusivement sur les données environnementales et ne peut prendre en compte le volet socio-économique. « On nous attend sur l’argumentaire technique, sur des choses très factuelles», insiste Frédéric Fasquel, le directeur du parc marin depuis le 28 avril 2016. « Les techniciens du parc marin épluchent donc les 7 000 pages des études d’impact sur les zones d’implantation et de raccordement ».
Quel était l’ordre du jour du Parc Marin ce vendredi 20 octobre 2017 ?
Parc éolien de Dieppe – Le Tréport : analyse des effets notables sur le milieu marin
« Au vu des enjeux pour le milieu marin local, les membres du conseil de gestion se devaient d’adopter une position solide et argumentée ». Accompagnés par l’équipe technique du Parc marin, ils ont analysé l’étude d’impact fournie par le consortium mené par ENGIE.
Pour ce faire, ils ont choisi de se réunir en ateliers de travail thématiques :
. les oiseaux et chiroptères (chauve-souris),
. les mammifères marins et poissons,
. la qualité de l’eau,
. les écosystèmes et paysages,
. l’approche socio-économique des activités.
Ne traitant pas de l’impact sur le milieu marin, le 5ème atelier ne contribue pas à orienter l’avis conforme, mais il permet aux acteurs du Parc naturel marin d’exprimer la diversité de leurs positionnements.
Ce parc verra-t-il le jour ?
Engie résistera-t-il à l’envie « potentiel » de jeter l’éponge et quel sera l’impact de ce rejet sur le développement industriel du Havre, de Dunkerque, de Dieppe et du Tréport et sur les autres parcs éoliens en mer posés et flottants ?
Réuni à Abbeville (Somme), le conseil de gestion du Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale a rendu un avis défavorable sur le projet de parc d’éoliennes en mer.
Les 62 éoliennes offshore, qui devraient être implantées à une quinzaine de kilomètres des côtes, se trouvent en effet sur son « territoire ». Le vote a eu lieu à bulletins secrets, sur le volet environnemental du projet et l’impact de ce dernier sur le milieu marin. L’avis que le Parc a donné est dit « conforme » : il s’impose à Engie et à l’État, tel un droit de veto.
Ce sera à l’Agence française pour la biodiversité (AFB), qui chapeaute, dorénavant tous les Parcs naturels marins français, de confirmer ou d’infirmer, le 27 novembre, cet avis.
L’Agence pour la Biodiversité présidée par Christophe Aubel en position d’arbitre ?
C’était la première fois qu’un parc naturel marin était consulté sur un tel projet. Lors de cette réunion, à Abbeville, le conseil de gestion a toutefois fait part de son mécontentement.
Son président, Dominique Godefroy, vice-président de la communauté d’agglomération du Boulonnais, regrette que l’avis rendu ne soit plus «souverain», mais soumis au CA de l’Agence française de la biodiversité. «Nous avons protesté. Si notre avis n’est pas pris en compte, tous les présidents de parc marin en France, que nous avons alertés, démissionneront. On ne change pas les règles en cours de jeu», prévient Dominique Godefroy.
Cette procédure exceptionnelle serait due à un vide juridique, conséquence d’une transition entre deux législations, et ne devrait plus avoir lieu ensuite. D’où la menace de Dominique Godefroy : « Si l’on rend un avis négatif et que celui de l’agence est positif, cela fera du rififi« .