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Grande-Bretagne/France : un projet d’interconnexion électrique dans les tuyaux… de la justice

Le projet Aquind qui doit relier les réseaux électriques français et britanniques a reçu le statut de « projet d’intérêt commun » européen malgré le Brexit. Or, le régulateur européen de l’énergie met des bâtons dans les roues de ce projet qui permettrait pourtant d’avancer sur le terrain des coopérations concrètes appelées de leurs vœux par Emmanuel Macron et Theresa May.

C’est un projet aussi bien majeur que nécessaire. Majeur : une liaison terrestre de 20 km en Angleterre, plus un câble sous la Manche de 185 km et, pour finir, une liaison de 40 km en Normandie : environ 245 km de câbles pourraient relier dans les prochaines années le poste électrique de Lovedean (ville située au nord-est de Portsmouth) et celui existant de Barnabos (commune au sud de Dieppe en Seine-Maritime) géré par Réseau de transport d’électricité (RTE).

Projet gigantesque également côté portefeuille, avec un coût total évalué à 1,4 milliard d’euros et partagé entre les deux pays.

Ce projet d’interconnexion électrique sous-marine en courant continu d’une capacité de 2000 MW, piloté par la société britannique Aquind, ensuite, est nécessaire. Pour plusieurs raisons.

La première est qu’il devrait permettre, dès 2023, le transport de 16 millions de MWH par an, soit, tout de même, 3% de la consommation totale française et 5% côté Royaume-Uni.

Et à l’approche de l’hiver, l’intérêt est simple : pallier les pics de froid ou des pannes dans des centrales au lieu d’acheter de l’électricité à d’autres voisins européens.

Résultat : l’interconnexion permettrait une meilleure gestion de la demande des deux côtés de la Manche (notamment avec le développement croissant des véhicules électriques), et une accélération de l’intégration des énergies renouvelables.

Sans oublier, ce n’est pas anecdotique, une amélioration de la compétitivité avec la fluctuation des prix. Dernier argument de poids : il n’existe actuellement qu’un seul échange entre la France et le Royaume-Uni à Calais, datant des années 1980, ce qui fait de cette frontière l’une des moins bien intégrées entre les grands pays européens.

Un obstacle de poids juridique

Problème, ou plutôt un gros obstacle : alors que la Commission européenne a reconnu l’interconnexion Aquind en tant que Projet d’intérêt commun (PIC), l’Agence de coopération des régulateurs de l’énergie (ACER) européenne lui a refusé, au début de l’été, une exemption indispensable à la poursuite du projet.

Elle insiste en effet sur le fait que la société britannique doit demander des aides publiques en Grande-Bretagne et en France. Aquind, qui est une société privée, souhaite avoir une dérogation pour permettre le développement de l’interconnexion comme projet indépendant sans subvention publique.

Une demande légitime dans la mesure où les projets PCI, infrastructures clés qui relient les différents États membres, ont pour finalité de favoriser la concurrence, de permettre une sécurité d’approvisionnement et d’atteindre les objectifs communautaires en matière de réduction des énergies à effet de serre.

En contrepartie, les porteurs de projets comme Aquind, FAB, ElecLink, IFA2 ou encore GridLink, peuvent bénéficier de permis accélérés et ainsi éviter les lourdeurs administratives inhérentes à ce type de chantier, un gain de temps indispensable pour accélérer les premiers coups de pelle des projets d’interconnecteurs électriques.

Une décision illogique

Et le temps, c’est de l’argent à l’heure où il est essentiel de rassurer les investisseurs privés internationaux qui sont nombreux à vouloir accompagner ce type de projets d’interconnexions électriques, piliers du marché intérieur de l’énergie comme le souligne la Commission de régulation de l’énergie (CRE).

Alors que l’Union européenne favorise le développement des échanges énergétiques et tente de favoriser les investissements privés, les montants supportés par les investisseurs privés sont très élevés tant en termes de Capex que de coûts de maintenance…

La décision de l’ACER est d’autant plus illogique qu’ElecLink, autre projet d’envergure d’interconnexion entre la Grande-Bretagne et la France, a de son côté été exempté du recours aux fonds publics.

Si Aquind devait appliquer la décision de l’ACER (rien n’est acquis car la société mène en ce moment même un recours contre celle-ci, qui devrait être tranché à la fin du mois d’octobre), ce projet deviendrait public, et non plus privé.

Ce type de situation créerait, in fine, un précédent préjudiciable à l’attrait de la place européenne pour des investissements privés. Bref, en totale contradiction avec le vote du Parlement européen qui souhaite le développement des interconnexions…

Si l’interconnexion Aquind obtient finalement tous les feux verts pour rester une structure privée, le chantier devrait débuter en 2020.

 

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