Guyane: le rapporteur public demande l’annulation de l’autorisation de la centrale d’EDF
Le rapporteur public du tribunal administratif de Guyane a demandé jeudi « l’annulation » de l’autorisation environnementale accordée à EDF pour la construction d’une centrale électrique controversée en bord de mer.
Le rapporteur public a estimé que la préfecture de Guyane avait « commis une erreur d’appréciation » en accordant en octobre 2020 cette autorisation à EDF pour son projet de centrale électrique de 120 MW, à Matoury, dans un secteur à haute valeur écologique soumis aux risques naturels.
Le tribunal administratif de Guyane avait été saisi par les associations France nature environnement (FNE) et Guyane nature environnement.
Pour le rapporteur public, il y avait des « alternatives suffisantes », trop vite « écartées » par l’État et EDF, à ce terrain acheté en 2017 par EDF lors d’une transaction à 15 millions d’euros avec la société sucrière et agricole de la Guyane française, propriété de la famille Seban, de riches propriétaires terriens.
Pour le rapporteur, ces alternatives présentaient des risques naturels « légèrement moins défavorables » et évitaient la construction d’un oléoduc de 14 kilomètres pour alimenter en biodiesel importé la centrale électrique envisagée.
Ces « sites alternatifs n’existent tout simplement pas », a rétorqué à l’audience le secrétaire général des services de l’État en Guyane, Mathieu Gatineau.
Pour l’avocat d’EDF, Me Steve Hercé, la centrale au Larivot (Matoury) doit se faire sinon en 2024, « on va dans le mur » puisque l’actuelle centrale électrique d’EDF, vétuste et polluante, devra être arrêtée fin 2023.
« A-t-on dans les délais un ou des moyens équivalents de sécuriser l’approvisionnement électrique ? » a pointé Me Hercé.
Une récente étude commandée par la collectivité territoriale de Guyane (CTG) et financée par l’Agence française de développement (AFD), consultée par l’AFP, estime que « le risque de black-out » en 2024 « est maîtrisable » « sans le Larivot » et grâce au déploiement massif du solaire.
Les conclusions de cette étude sont rejetées par EDF et la CTG.
Le 10 février 2022, le Conseil d’Etat avait annulé une première décision du juge des référés du tribunal administratif de Guyane qui avait suspendu en septembre l’autorisation environnementale accordée au projet de centrale électrique.
mb/gvy/am
COMMENTAIRES
Pauvre France, tout le monde veut de l’énergie pas chère, mais pas de centrales nucléaires ou à gaz à côté de chez soi, ni d’éoliennes, ni de barrages, ni rien du tout. Même les grands projets PV génèrent des oppositions.
Il n’y a que les petits ou moyens projets PV qui passent sans encombre.
Heureusement pour nous, jusqu’aux années 90, la société avait encore la notion d’intérêt général.
Je serais intéressé de voir l’étude montrant qu’on peut remplacer une centrale thermique, pilotable, par un « déploiement massif du solaire » intermittent, même en Guyane.
Des batteries ? en quel volume ? et à quel coût ?Sachant qu’une batterie aujourd’hui vaut bien plus que 100 Euro / kWk.
La Guyane est proche de l’équateur avec des durées de journée presque identiques au long de l’année, donc le solaire + batterie ou STEP + qqes frais réseau et pertes, paraît intéressant. Reste à voir s’il faut en plus un back up, ce qui alourdirait le coût du « système ENR ». Je ne sais pas quelle est la différence de production solaire d’un jour à l’autre.
En tous cas, il y a un projet pilote 100% ENR: PV + batteries + H2
https://www.actu-environnement.com/ae/news/guyane-lancement-construction-parc-photovoltaique-associe-stockage-hydrogene-38260.php4