Le rapport mi-figue mi-raisin du Haut Conseil pour le Climat
La France affiche des objectifs « ambitieux » en matière de lutte contre le réchauffement climatique mais les actions mises en place pour les atteindre sont « insuffisantes ».
C’est en tout cas ce qu’estiment les experts du Haut Conseil pour le Climat, une instance indépendante créée par le président de la République qui vient de rendre son premier rapport.
Un premier rapport sans concession
Le Haut Conseil pour le Climat est une instance indépendante créée par Emmanuel Macron en novembre 2018 au moment de la crise des « gilets jaunes ».
Composé de 13 experts (climatologues, économistes, ingénieurs, responsables d’ONG…), cet organisme a pour mission d’apporter un éclairage critique objectif sur la mise en œuvre de la politique climatique française.
Cette instance est destinée à aiguiller les décideurs publics sur la trajectoire à adopter pour atteindre les objectifs de la transition écologique française.
Largement inspiré du Comité pour le Changement Climatique lancé par le gouvernement britannique il y a une dizaine d’années, le Haut Conseil pour le Climat vient de rendre son premier rapport intitulé « Agir en cohérence avec les ambitions ».
Ce document de 50 pages porte un regard critique sur les actions engagées par le gouvernement. Et les conclusions de ce premier travail sont peu engageantes pour le gouvernement : les objectifs de réduction des émissions de CO2 de la France sont ambitieux mais encore loin d’être réalisés.
« L’action nationale et internationale face au changement climatique est largement insuffisante pour contenir le réchauffement planétaire à 1,5 ou 2°C. Les engagements pris jusqu’ici dans le cadre de l’accord de Paris et de la première stratégie nationale bas-carbone de la France adoptée en 2015 sont insuffisants. Si des actions supplémentaires ne sont pas rapidement mises en œuvre, le rythme du réchauffement climatique pourrait s’accélérer », estiment en effet les auteurs du rapport.
Des actions à l’efficacité insuffisante
Les experts du Haut Conseil pour le Climat saluent bien évidemment la décision de la France d’inscrire dans la loi l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050.
Le projet de loi Energie-Climat consacre en effet ce principe qui vise à ce qu’un territoire (en l’occurrence la France) n’émette pas plus de CO2 qu’il peut en absorber naturellement.
L’ambition est là… mais les actions ne suivent pas. Les experts du haut Conseil pour le Climat estiment en effet que l’objectif de neutralité carbone a peu de chance d’être atteint tant que les mesures mises en place ne portent que sur des réductions marginales des émissions.
« Le 1er budget carbone fixé en 2015 et couvrant la période 2015-2018 a été dépassé de 62 tonne-équivalent carbone, selon les données préliminaires produites par le CITEPA. La baisse des émissions de 1,1% par an en moyenne pour la période 2015-2018 est beaucoup trop faible et très inférieure à la décroissance visée de 1,9% par an soutenant ce 1er budget ; elle doit démarrer ou changer d’échelle dans pratiquement tous les grands secteurs de l’économie pour dépasser les 3% par an d’ici 2025 afin de s’engager vers la neutralité carbone conformément à la trajectoire du projet de la Stratégie Nationale Bas-Carbone ».
De la nécessité de favoriser les solutions bas-carbone
Le Haut Conseil pour le Climat souligne l’insuffisance des mesures gouvernementales destinées à transformer efficacement les infrastructures les plus polluantes de notre économie.
Le rapport plaide notamment pour un renforcement des actions visant à améliorer le bilan carbone du secteur des transports (responsable de 31% des émissions polluantes françaises en 2018), du bâtiment (19%), de l’agriculture (19% également), de l’industrie (18%) et du secteur de la transformation d’énergie (10%).
Les experts du Haut Conseil plaident donc pour la mise en place d’actions visant à instaurer des changements structurels profonds. Le gouvernement doit à ce titre orienter sa stratégie climatique vers l’efficacité énergétique, les options bas-carbone et un désinvestissement net dans les filières intensives en émissions de gaz à effet de serre. Et donc favoriser l’électromobilité, les opérations de rénovation thermique des logements, les pratiques agricoles responsables et les énergies décarbonées.
Pour ce faire, le gouvernement devra systématiquement prendre en compte l’objectif de réduction des émissions de CO2 et de conservation des puits de carbone lors de la rédaction des textes de loi ou pour tout investissement public structurant.
Quels outils pour la prise de décision ?
Les experts proposent d’ailleurs de créer un nouvel outil pour faciliter la prise de décision du gouvernement : la valeur de l’action pour le climat.
Il s’agit d’une référence en euros par tonne de dioxyde de carbone que doit prendre en compte les instances publiques pour évaluer et sélectionner les actions utiles à la lutte contre le changement climatique.
Le rapport souligne enfin l’importance des « instruments » de politique climatique. Et notamment l’importance de la taxe carbone, véritable outil au service d’une économie plus sobre en émissions polluantes. Il s’agirait de modifier cette taxe afin qu’elle concerne les acteurs les plus polluants de notre société et que les recettes engendrées soient redistribuées aux ménages les plus modestes.
« La transition bas-carbone doit être juste et perçue comme telle pour que les actions soient durablement soutenues par l’ensemble de la société. Le gouvernement doit veiller à l’équité de la transition et au caractère soutenable des solutions mises en place afin de garantir une juste répartition des coûts et efforts entre les ménages, les entreprises, les collectivités locales et l’État ».
COMMENTAIRES
Puisque la réduction du CO2 dans beaucoup de secteurs consiste à électrifier (hydrogène, transporte, industrie) il convient de renforcer les électricités produites sans CO2, nucléaire et carbone.
Il convient au contraire de diminuer les sources produisant du CO2, éolien et solaire, car, intermittentes, elles sont obligatoirement mariées à des centrales à gaz produisant,sur l’année, la très grosse majorité de l’énergie.
Le gouvernement, poussé par les « pseudo écologistes anti nucléaires » , a donc tout faux, hélas.