Un hiver globalement sans risque pour l’approvisionnement électrique
Comme chaque année à l’entrée de l’hiver, la question de la sécurité d’approvisionnement électrique se pose. Le mix électrique français actuel est-il suffisamment solide pour assurer l’équilibre entre l’offre et la demande en électricité en cas de vague de froid et ainsi éviter tout risque de coupure de courant ?
Alors que les premiers effets de l’hiver se font ressentir, le gestionnaire du réseau électrique français a publié son traditionnel rapport sur la sécurité d’approvisionnement électrique.
Selon cette étude prévisionnelle de RTE, la France est parée pour cette période hivernale : l’approvisionnement électrique ne devrait pas poser de problème au cours des prochains mois.
Des stocks hydrauliques record
Dans l’édition 2019 de son Bilan prévisionnel de l’équilibre offre-demande d’électricité en France, le gestionnaire du réseau électrique estime que l’hiver 2019-2020 devrait se passer sans incident majeur en termes d’équilibre du réseau électrique.
Dans un contexte de stabilité de la demande, la pointe de consommation pourrait atteindre les 85.000 MW : un niveau comparable à celui observé depuis 6 ans et qui n’est pas jugé problématique par RTE.
Les auteurs du rapport indiquent en effet que la disponibilité des moyens de production français, supérieure à celle de l’année dernière, devrait permettre de dégager suffisamment de marge pour faire face sereinement aux températures de saison.
En premier lieu, les auteurs du rapport précisent que le parc renouvelable français continue à se développer et, surtout, à participer à l’approvisionnement électrique. Si la production éolienne et photovoltaïque est marginale en hiver (elle permet d’améliorer la disponibilité globale de l’offre et d’alléger d’autres ressources énergétiques), la France pourra compter sur sa capacité hydraulique et ses stocks record.
« Le stock hydraulique est supérieur aux moyennes historiques en cette entrée d’hiver, selon les informations fournies par les concessionnaires. Cela a été rendu possible par un moindre usage du stock hydraulique par les acteurs du marché. Ainsi, le premier semestre 2019 a vu la production hydraulique être inférieure de 30 % à celle du premier semestre 2018. L’effet de l’économie des stocks a été par ailleurs amplifié par des pluies importantes en octobre ».
Une meilleure disponibilité du parc nucléaire
Les auteurs soulignent d’autre part que la France pourra compter sur sa puissance de production nucléaire pour faire face à l’hiver. La situation est en effet particulièrement favorable grâce au report de l’arrêt des deux réacteurs de la centrale de Flamanville et un planning d’indisponibilité moins contraignant que l’année dernière (un seul arrêt de groupe nucléaire pour janvier 2020 contre quatre en janvier 2019).
Du côté du parc thermique, outil de production d’appoint que les énergéticiens sollicitent en général pour faire face à des pointes inattendues et élevées de la demande en électricité, rien n’a évolué depuis l’année dernière.
La France dispose d’une puissance de 11.700 MW de groupes alimentés au gaz, de 3.000 MW de groupes charbon et de 1.300 MW de turbines à combustion. Des ressources polluantes dont la sollicitation se devra d’être minimisée pour ne pas freiner l’atteinte des objectifs de notre transition énergétique.
Vers des hivers à risque ?
RTE estime qu’en cas de difficulté majeure, les moyens de production pourront être complétés par ceux de nos voisins européens.
Grâce notamment à une meilleure disponibilité du parc nucléaire belge, à la fin du chantier de remise en état de l’interconnexion Hernani-Argia-Cantegri avec l’Espagne et aux stocks hydrauliques de la Suisse, l’offre en électricité de nos voisins devrait atteindre en moyenne les 8.600 MV.
« Ces informations et les parcs de production déclarés disponibles dans les pays voisins laissent envisager des possibilités d’importations plus importantes que l’année passée en cas de tension sur l’approvisionnement en France », estiment à ce titre les experts de RTE.
Le rapport annuel du gestionnaire du réseau électrique français ne laisse pas apparaitre de doute sur la capacité de la France à faire face à l’hiver 2019-2020 : la sécurité d’approvisionnement semble assurée, aucun risque de déséquilibre n’apparait dans les calculs prévisionnels de RTE.
Cette tendance pourrait cependant ne pas se vérifier d’ici quelques années, et notamment à partir de 2023.
« La fermeture des moyens de production thermiques se poursuit avec l’arrêt des dernières centrales au charbon. En complément, le parc nucléaire connaît un programme chargé de visites décennales, entamant sa disponibilité. De nombreux pays européens réalisent, dans le même temps, la fermeture de moyens de production thermiques à flamme et nucléaires. Si le développement des énergies renouvelables se poursuit durant cette période, en l’absence de mise en service de l’EPR de Flamanville, il ne suffit pas à compenser les fermetures réalisées ».
COMMENTAIRES
On prévoit une baisse des moyens pilotables dans les années à venir, mais dans un même temps, on imagine remplacer les véhicules thermiques par des électriques…