« Explosion » de la proportion d’huile de palme dans l’essence française (syndicats agricoles)
La proportion d’huile de palme dans l’essence française a fortement augmenté en 2017, selon les syndicats agricoles qui ont dénoncé jeudi un « double langage du gouvernement » et protesté contre l’importation d’huile de palme pour alimenter la bioraffinerie Total de La Mède.
« Les chiffres d’incorporation de biocarburants 2017 viennent d’être communiqués: l’huile de palme incorporée aux essences a progressé de 36% en 2017 », affirment dans un communiqué les producteurs de blé, de maïs, de betteraves et de bioéthanol français, qui dénoncent une « explosion de l’huile de palme dans l’essence française ».
Cette tribune intervient trois semaines après le blocage des raffineries par les agriculteurs français, pour protester contre la mise en service de la bioraffinerie Total de La Mède, symbole de leur lutte contre l’importation de produits agricoles dont l’huile de palme, utilisée à partir de cet été sur le site.
Les signataires de cette tribune rappellent que la loi de finances rectificative de 2016 avait fixé l’objectif de remplacement de l’essence par des biocarburants à 7,5% en 2017 contre 7% auparavant.
« Si l’objectif a bien été atteint, la hausse a essentiellement profité aux biocarburants dérivés d’huile de palme importée, issue de pays n’appliquant pas nos normes », dénoncent l’AGPB (producteurs de blé), l’AGPM (producteurs de maïs) et la CGB (betteraviers).
« Alors que la part de l’éthanol français est restée stable à 5,7% (en volume dans l’essence), les biocarburants de palme ont explosé, passant de 0,14% en 2014 à 1,2% en 2017 », ajoutent les auteurs de cette tribune, qui réclament « une politique plus volontariste au service du climat et de l’agriculture française ».
Pour fournir ces chiffres, les syndicats s’appuient sur un rapport annuel des douanes transmis directement aux filières concernées.
« Le gouvernement a récemment indiqué qu’il souhaitait réduire l’utilisation d’huile de palme soupçonnée de causer la déforestation; or c’est exactement le contraire qui se passe et l’ouverture de l’usine de La Mède laisse présager un doublement potentiel de l’incorporation de ces produits », craignent les syndicats.
Plus globalement, ils militent pour une augmentation du taux d’incorporation des biocarburants dans les essences à 8,3% dès 2019 puis progressivement jusqu’à 15% en 2030.
Nouvelle illustration du ralliement paradoxal sous la même bannière des agriculteurs et des ONG environnementales dans ce dossier, cette tribune est publiée le jour-même du dépôt d’un recours par plusieurs associations environnementales, dont Greenpeace, les Amis de la Terre et FNE, contre l’arrêté préfectoral autorisant l’exploitation de la bioraffinerie de la Mède.
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