Huiles usagées: accord pour lancer une filière biocarburants en Charente-Maritime
Collecter des huiles usagées pour produire des biocarburants: deux acteurs de Charente-Maritime veulent s’engouffrer dans la brèche entrouverte par le Sénat, qui a légalisé en novembre cette pratique pour les seules flottes d’entreprises ou de collectivités.
L’association Roule ma frite 17 et Picoty, acteur régional de distribution de carburants et de lubrifiants présent dans plus de soixante départements, ont officialisé mardi un partenariat de collecte et de revalorisation des huiles alimentaires usagées (HAU).
L’association récupère depuis 2007 l’huile usagée cédée par des restaurateurs de Charente-Maritime. Le groupe pétrolier va désormais proposer un prix de rachat, afin de sécuriser les collectes.
Picoty confiera ensuite l’estérification de l’huile (transformation chimique) à une filiale de Veolia installée en Ile-de-France avant de l’incorporer dans ses produits pétroliers à La Rochelle.
« Nous espérons collecter plus ou moins 100 tonnes cette année et 500 tonnes d’ici trois ans », a précisé à l’AFP Victor Mage, directeur du site rochelais de Picoty, qui devrait à terme investir dans un estérificateur pour regrouper toutes les opérations en Charente-Maritime.
« En plus, ça crée des emplois non délocalisables », a noté Victor Mage, qui souligne aussi l’impact positif sur les réseaux d’eaux usées, car la « non-gestion de l’huile augmente de 15 à 20% le coût de traitement des eaux ».
Dix litres d’huiles usagées correctement retraitées peuvent donner huit litres de carburant et rejeter jusqu’à 90% en moins de gaz à effet de serre qu’un diesel classique, écrivait le député écologiste Julien Bayou dans son argumentaire pour défendre un premier amendement sur le sujet voté en juillet, mais retoqué en août par le Conseil constitutionnel.
Ce carburant « a les émissions de gaz à effet de serre les plus faibles parmi tous les biocarburants », estime l’Union européenne, qui prône la « valorisation énergétique » des huiles alimentaires usagées, dans le cadre d’un projet baptisé Recoil. Selon la Commission, ce carburant est aussi « hautement biodégradable » et ne nuit pas à la souveraineté alimentaire.
Le Sénat a pour l’instant autorisé l’utilisation de ce carburant seulement par les « flottes captives », qui s’approvisionnent à une même pompe dédiée, car « les taux de pollution, de rejets dans l’atmosphère, sont encore trop élevés », avait avancé le sénateur Jean-François Husson (LR), misant sur cette expérimentation pour « progresser » en la matière.