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La petite planète de monsieur Hulot (Tribune)

Un projet de loi, une priorité, mettre fin à l’exploration et à la production gazière en France en 2040, tout le monde s’y attendait mais un peu de réflexion et de hauteur de vues n’aurait pas été inutile. La planète « France » est certes irradiante mais elle dispose de 65 millions d’individus sur les 7 milliards de la planète, et sa production pétrolière est de 0,8 million de tonnes par an tandis que la production et consommation mondiale est de 14 millions de tonnes par jour ! On a rarement vu un acte aussi nombriliste. Il y a donc désormais comme je l’avais expliqué lors de la sortie du film Valérian et l’empire des mille planètes deux entités bien distinctes que constituent la France et le reste du monde. Nos décisions vont « impressionner » la deuxième planète, « je pense que d’autres pays vont nous emboiter le pas » !

L’idéologie sous- jacente est claire, ce sont les hydrocarbures qui ont pourri notre monde, il faut donc en éliminer la production et la consommation, car » le monde de demain sera celui de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables «. La France va donc être à l’avant-garde de cette ambition qui doit être celle du monde ».

Avant d’engager un peuple, le nôtre, dans une politique aussi ambitieuse, il faudrait retrouver un peu d’humilité et s’assurer de ne pas se tromper d’époque, de planète et de données !

On ne peut condamner une source d’énergie

Notre petite planète qui lutte contre la pollution de sa capitale en l’exportant dans sa périphérie des banlieues est sous l’emprise d’une idéologie qui balaie toutes les opinions contraires : nous allons sauver la planète dont le problème principal est celui du réchauffement climatique. Les scientifiques qui portent le GIEC sont considérés comme unanimes et ils demandent que les réserves d’hydrocarbures soient gelées pour que notre globe terrestre soit préservé. Je ne crois ni à l’unanimité des scientifiques, ni à la condamnation « définitive » de telle ou telle source d’énergie. Ce n’est pas la façon dont la planète fonctionne, je parle de l’autre, la grande, celle des sept milliards d’individus. Les observations portent sur les « changements climatiques », sur les « dérèglements climatiques », sur les augmentations en puissance des « accidents climatiques ». Cela est largement suffisant pour nous mettre en alerte et essayer de comprendre les raisons de ce qui apparait comme une « accélération », il n’est pas nécessaire pour autant de lancer dans les médias des « prévisions » d’illusionnistes ! Comme dirait un de mes anciens professeurs « c’est plus compliqué que cela ».

Ce qui est clair, en tout cas, c’est qu’il y a une augmentation des conflits internes dans le monde, qu’il y a aussi augmentation de la population mondiale et que ceci accroit les désirs de migration en déstabilisant les démocraties les mieux installées se croyant à la fois maitres du monde et abritées. Rapprocher les deux observations , celle du dérèglement climatique et celle de l’accélération des flux migratoires peut être une tentation politique, ce n’est pas une possibilité scientifique.

Pour tenter de retrouver une stabilité il faudrait un contrôle des naissances plus affirmé et l’on sait qu’il est directement lié à l’éducation. J’ai tenté de convaincre que pour les sept milliards d’individus de la grande planète cela voulait dire de l’énergie disponible, c’est-à-dire techniquement existante et la moins chère possible. Pour l’instant, 90% de la population mondiale est dans le « monde ancien » de Monsieur Hulot, la grande planète, et a besoin de TOUTES les sources d’énergie possibles et surtout des moins chères. Par conséquent, avant d’engager tous les humains vers « les économies d’énergie et les énergies renouvelables », il faut s’assurer qu’elles le peuvent. Je vis dans cette autre planète, pas la petite de Monsieur Hulot et s’il peut expliquer sa position à des dictateurs corrompus qui peuplent les assemblées internationales, il doit comprendre qu’il existe aussi des populations à qui il faut apporter des solutions au moindre coût en investissements comme en maintenance.

Penser à demain en observant les réalités industrielles d’aujourd’hui

La population humaine va continuer à utiliser les hydrocarbures, le problème qui nous est posé, à nous tous pays développés, c’est de réduire les gaspillages alors que nous  avons « exporté » notre mode de vie irresponsable dans le monde entier. Que cette société canadienne très amicale que nous avons accueillie chez nous pour produire notre pétrole national soit mise en difficulté et que nous ayons un problème existentiel en Guyane où l’on vient de découvrir des hydrocarbures, c’est des anecdotes de notre petite planète. Mais  nous devons raisonner sur deux points essentiels pour notre survie et pour notre capacité de maintenir une exemplarité.

Le premier problème est de savoir comment les mesures prises chez nous influent notre appareil industriel dont le déclin depuis vingt ans est l’explication de nos difficultés et en particulier du chômage de masse. Monsieur Hulot doit donc nous dire comment il a prévu l’avenir de Total, Technip-FMC, Vallourec et de leurs centaines de sous-traitants divers. Il faut qu’il nous explique comment ses « renouvelables » sont fabriquées en France, déjà les turbines hydrauliques d’Alstom ont été vendues à General Electric qui veut s’en séparer, les éoliennes off-shore ont été abandonnées ou vendues, la petite entreprise Vergnet est en liquidation et l’intégralité des éléments du solaire est importé de Chine ! L’industrie nucléaire est en panne et avec la programmation de l’abandon de certains réacteurs, on a mis le bazar dans toute la filière après avoir abandonné les turboalternateurs à General Electric ! On ne peut pas penser à demain sans observer les réalités industrielles d’aujourd’hui.

Le seconde  difficulté consiste à comprendre quels sont les possibilités pour nous d’influer sur les bonnes pratiques mondiales d’utilisation optimale des ressources énergétiques en limitant les effets pervers. Pour cela, je donne des exemples- il faut que nous leur montrions  comment une utilisation centralisée du charbon (de nouvelles centrales électriques) avec une augmentation des températures de combustion peut permettre de limiter à 5% les émissions de gaz à effet de serre dans les zones charbonnières, il faut généraliser l’utilisation du butane-propane pour limiter dans certaines zones la déforestation ménagère- il faut demander aux industriels de produire des véhicules en fonction de leur utilisation comme la collecte et la distribution quotidienne, ainsi 300 000 camionnettes des Postes Européennes font moins de 120 km par jour et ne prennent jamais l’autoroute ! On voit que la solution est l’électrique à vitesse limitée à 90 km/h (véhicules moins lourds, moins consommateurs et sans pollution).

L’exemplarité c’est d’abord la connaissance des autres et non le nombrilisme et l’on peut dire que pour les voyageurs qui arrivent à Paris il y a beaucoup d’exemples à ne pas suivre ! Avant de donner l’exemple avec des mesures ridicules, soyons exemplaires, il existe des solutions, montrons-les chez nous avant de donner des leçons à des pays qui souffrent.

En supposant que la grande planète ait besoin de nous, essayons d’abord de montrer l’exemple, une industrie prospère, un endettement maitrisé, un territoire harmonieux, une capitale où la vie est possible, un réalisme assumé, et surtout avec la culture à laquelle nous nous référons un respect pour la science c’est-à-dire le doute permanent et la nécessité de l’expérimentation avant l’affirmation.

commentaires

COMMENTAIRES

  • Bonjour,

    Outre le fait que je ne partage pas du tout l’avis de cet article je m’interroge sur l’intérêt de sa publication.
    Car enfin qui parle ?
    Loïk Le Floch-Prigent est un ancien dirigeant d’ Elf qui appartient aujourd’hui à Total et qui n’a pas du tout participer à une transition énergétique vers des énergies décarbonées.
    Ce monsieur est aussi mis en cause dans plusieurs affaires d’escroquerie.
    Je suis désolé de voir que votre média donne la parole à de tel personnage.
    De plus, reprocher à un responsable politique français de s’occuper des affaires françaises est quand même un comble.

    Répondre
  • Ce projet de loi n’est en effet qu’un effet d’annonce qui ne sert pas à grand chose (mieux que rien tout de même).
    Je suis par contre surprise par le reste de l’article.

    L’hypothèse avancée dans l’article est intéressante :
    Le principale problème écologique aujourd’hui est la surpopulation. Celle-ci résulte dans la non éducation donc pour sauver la planète il faut éduquer.
    Cependant la solution à ce problème reste à prouver: pour éduquer il faut donner accès à l’énergie (je ne suis pas convaincue que cela soit l’élément essentiel mais je pense en effet que ça contribue grandement).
    Par contre si la solution est bien l’accès à l’énergie alors je reste en désaccord avec la conclusion: il faut continuer à développer les énergies fossiles pour donner accès à l’énergie.
    Pour moi, ce discours sonne comme :
    « Pour en finir avec des systèmes non démocratiques, il faut couper les têtes des élites et les brandir sur des pics »
    Certes, cette méthode à plus ou moins bien marché…il y a quelques siècles!
    Pourquoi aujourd’hui il faudrait passer par des énergies fossiles et pas directement par des énergies renouvelables (ok par 100% du mix mais majoritairement)? Surtout avec des coups qui deviennent pas si mal que ça en terme de rentabilité? Pourquoi veut-on encore nous faire croire que c’est irréaliste? Est-ce que la population et la planète bénéficieront réellement d’une transition énergétique fossiles malgré les effets direct sur la santé et la biodiversité (je ne parle pas du changement climatique mais bien de pollution)?

    Mais comme le commentaire précédent le souligne, l’auteur de l’article, ancien PDG d’une compagnie pétrolière au cœur d’un des plus grands scandales de corruption de France, n’est surement pas le plus objectif des auteurs (même si il a le mérite d’afficher clairement qui il est et de ne pas se cacher derrière un pseudonyme).

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