Hydrogène : les entreprises européennes se bousculent au Kazakhstan
Les entreprises européennes de l’énergie se bousculent au Kazakhstan pour profiter du formidable essor du secteur de l’hydrogène dans ce pays d’Asie centrale.
Le 14 avril dernier à Paris, c’est une conférence un peu particulière qui était organisée au siège du MEDEF, rassemblant les responsables du secteur « hydrogène » du syndicat patronal et des représentants du fonds d’investissement para public « Kazakh Invest ». L’objectif affiché lors de la réunion : prolonger et approfondir les liens étroits qui unissent depuis plusieurs années les entreprises françaises et cet immense pays d’Asie centrale pour l’exploitation et l’exportation du précieux « H2 ».
Une rencontre qui ne doit rien au hasard : le Kazakhstan compte bien devenir leader mondial dans ce secteur d’avenir. Depuis plusieurs années et l’arrivée au pouvoir du président Tokayev, c’est même l’une des priorités des pouvoirs publics kazakhstanais qui comptent bien afficher une totale neutralité carbone à l’horizon 2060 grâce à cette énergie propre.
Mais la France n’est pas seule dans les starting-blocks : plusieurs puissances européennes misent sur cet immense pays, future une plaque tournante de l’hydrogène mondial. En effet, depuis plusieurs années, les fonds d’investissement parapublics kazakhstanais multiplient les partenariats avec les groupes industriels européens. Et pour l’instant, c’est un partenariat gagnant-gagnant.
L’hydrogène kazakhstanais, manne énergétique
Largement utilisé dans l’industrie à l’heure actuelle, l’hydrogène continue aussi de susciter les espoirs et les convoitises du monde entier. Car sur le papier, l’énergie est abondante, efficace et propre : produisant trois fois plus d’énergie que l’essence, elle ne rejette pas de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Et si les méthodes de production demeurent polluantes, les progrès formidables qui ont été mis au point ces dernières années alimentent l’optimisme du secteur.
Appelé dans tous les cas à se développer dans les prochaines décennies, l’hydrogène fait d’ores et déjà l’objet d’investissements massifs, et particulièrement au Kazakhstan. Nur-Sultan mise en effet depuis de nombreuses années sur l’exploitation et l’exportation du secteur : bénéfices pour la balance commerciale, souveraineté énergétique assurée et lutte contre le réchauffement climatique, « l’H2 » a tout pour plaire.
Kozhanov, directeur de général du groupe Kazakh Invest déclare ainsi dans les colonnes d’Astana Times : « Aujourd’hui, le pays étudie la possibilité de mettre en œuvre de grands projets dans la production d’hydrogène vert. Les investisseurs étrangers sont prêts à étudier la faisabilité économique de la mise en œuvre de grands projets dans cinq régions du Kazakhstan. Probablement, nous vivons maintenant la dernière décennie de prix élevés du pétrole et nous sommes déterminés à nous intégrer dans les nouvelles chaînes d’approvisionnement mondiales de l’industrie de l’énergie combustible».
Le pays se voit déjà leader du marché de l’hydrogène. Un marché émergent, qui devrait être mûr dans les 10 prochaines années. Et pour se préparer, les autorités kazakhstanaises ont déjà signé des contrats avec plusieurs firmes venues de toute l’Europe.
La visite lucrative du président Tokayev à Bruxelles
Une tendance accélérée ces derniers mois, et notamment lors de la tournée bruxelloise du Président Tokayev les 25 et 26 novembre dernier.
Un grand tour diplomatique qui a ainsi permis à Svevind – consortium énergétique suédo-allemand – d’obtenir un accord-cadre pour la production d’hydrogène vert à partir de 2030 dans la région de Manguistaou, à l’ouest du pays. Un positionnement stratégique, offrant une voie d’accès royale aux rivages de la mer Caspienne, connexion stratégique au réseau de pipelines kazakh. Car le projet sera principalement destiné à l’export, en direction de l’Asie et de l’Europe.
Mais la France n’est pas en reste : Total Energie aurait signé un protocole d’accord via sa filiale Total Eren (qui opère deux centrales photovoltaïques sur place) avec l’entreprise nationale KazMunayGas et la société Air Liquide a affiché publiquement ses ambitions de développement de ses activités dans le secteur de l’hydrogène au Kazakhstan.
Et durant sa tournée bruxelloise, le président Tokayev a également eu l’occasion d’échanger avec des représentants de la société belge de production d’énergie renouvelable « BREG », laissant présager de nouveaux accords entre le secteur énergétique européen et le Kazakhstan. Visiblement, l’avenir mondial de l’hydrogène semble déjà s’écrire au Kazakhstan.
COMMENTAIRES
Je reste dubitatif… Pourquoi faut-il aller chercher son hydrogène vert dans un pays en « stan »? L’Europe n’a-t-elle pas encore compris que l’indépendance énergétique était un enjeu capital?
Encore une fois on préfère déporter tous les désagréments de production vers d’autres pays, ici en l’occurence, désagréments visuels et liés à l’occupation des sols si on parle d’éoliennes par exemple. Si on ne change pas radicalement de logiciel, les problèmes continueront pour l’Europe et s’aggraveront. J’espère me tromper.