Ce n’est pas un hasard si la première « hydrolienne » 100 % française de la PME Sabella va être immergée ce jeudi dans le passage du Fromveur, au large d’Ouessant. L’énergie hydrolienne pourrait à terme couvrir les besoins énergétiques de l’île et faire baisser d’environ 25 % le coût de l’électricité, qui est actuellement fournie par des groupes électrogènes alimentés d’un fioul bien plus cher que sur le continent.
La Sabella D10 fait 17 mètres de haut et pèse 450 tonnes. C’est une énorme hélice sur un socle de 10 mètres de diamètre, qui va être posée au fond de la mer à 55 mètres de profondeur. Elle sera invisible depuis la surface bien sûr, et ne gênera ni la navigation, ni les activités de pêche. La puissance de cette hydrolienne sera de l’ordre d’1 MW. Les trois pieds sont lestés pour assurer la stabilité et la bonne tenue sur le fond. Cela permet d’éviter une fixation et ainsi, facilite le démontage en fin d’activité de l’ensemble. Elle produira immédiatement de l’électricité, mais ne sera raccordée au réseau EDF que d’ici fin juillet. En attendant, l’électricité produite sera « brûlée » par des résistances. Deux autres turbines, des Sabella D15, chacune d’une puissance de 2 MW, la rejoindront l’an prochain.
Courant mai, un câble électrique de deux kilomètres avait été immergé dans le Fromveur. Il reliera l’hydrolienne à l’île, sur laquelle a été installé un poste servant à collecter et redistribuer le courant.
Arrivées depuis janvier sur le port de Brest, les pièces de la Sabella D10 ont été montées sur place. L’imposant navire multifonction « Palembang » a été spécialement préparé par une quarantaine de personnes pour délivrer le matériel, dont un robot sous-marin et cinq conteneurs pour sa mise en œuvre. L’opération délicate de chargement de l’hydrolienne, avec les grues du navire, s’est déroulée avec précision. C
‘est jeudi à l’aurore que le « Palembang « a quitté le port de commerce de Brest accompagné des remorqueurs Croisic, de Saint-Nazaire, et VB Gascogne, du Havre. Ces derniers vont l’assister dans les opérations de raccordement et de pose de la machine.
Tout ceci, c’est réalisé sous le regard attentif d’experts étrangers venus d’Indonésie, des Philippines et du grand Nord canadien, tous intéressés par cette technologie. La Sabella SAS a bénéficié des fonds des investissements d’avenir de l’Etat et d’aides européennes. La société française espère maintenant vendre plusieurs centaines de turbines dans le monde entier. Le potentiel mondial de l’énergie hydrolienne est estimé par l’ADEME (l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) à environ 50 GW de puissance ‘installable ».
Il est à noter que L’Institut de recherche sur la mer (Ifremer) a été associé au
projet pour étudier les impacts éventuels de l’hydrolienne sur la faune marine.
Crédit photo : Laurent Lê Quan Tho
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COMMENTAIRES
Bravo pour cette première étape… Mais les pêcheurs découvrent par cet article que deux autres machines vont suivre d’ ici un an…