L’industrie électrique au cœur de l’effet de serre avec le SF6

Le grand public associe l’effet de serre aux émissions de CO2 car ce sont des émissions omniprésentes dans notre quotidien. Mais d’autres gaz ont un pouvoir de réchauffement climatique supérieur à celui du CO2.

Le plus emblématique, 23 500 fois plus contributif à l’effet de serre que le CO2, est le SF6, un gaz fluoré, présent dans la majorité des équipements qu’on trouve dans les postes de transformation de transport et de distribution de l’électricité.

Alors pourquoi cette présence quasi généralisée ?

Le SF6 a deux propriétés exceptionnelles : d’abord, c’est un milieu isolant incomparable qui a permis de réduire drastiquement la taille des équipements électriques, en permettant de rapprocher à de courtes distances deux conducteurs sous tension sans risque de court-circuit.

Ensuite, c’est un milieu qui permet, en cas de court-circuit, d’éteindre plus facilement et plus rapidement les arcs électriques, protégeant d’autant mieux les réseaux électriques de moyenne et haute tension et les personnes se trouvant à proximité.

Pas question donc de renoncer à de telles performances

Pourtant, nous avons « enfermé » dans ces équipements l’équivalent d’environ 2 mois d’émissions mondiales de CO2. Tant que le gaz reste à l’intérieur des équipements, il ne représente qu’un risque.

Mais certains équipements, dans lequel le SF6 est sous pression, fuit régulièrement. Ces fuites sont d’autant plus importantes que les équipements sont vieux et la maintenance peu rigoureuse. Pour le cumul des 30 prochaines années, ces fuites représenteront un peu moins d’un mois des émissions mondiales de CO2.

Mais d’autres fuites peuvent intervenir pendant les opérations de maintenance des équipements, pendant le transport et l’installation de ces équipements ou, lors de leur recyclage.

C’est probablement ces dernières opérations, appelées à être plus fréquentes à l’avenir, que le risque est le plus important. Pour le cumul des 30 prochaines années, l’ensemble de fuites représenteront environ un mois et demi des émissions mondiales de CO2.

Des solutions alternatives au SF6, indispensables, sont à l’étude mais aucune décision ne peut être prises à ce jour pour forcer la substitution de ce gaz

Certains constructeurs ont choisi de développer de nouveaux gaz fluorés dont le pouvoir de réchauffement est très inférieur à celui du SF6. Mais ces gaz restent des gaz fluorés dont l’impact sur la santé n’est à ce jour pas suffisamment documenté. Ils pourront toutefois permettre une amélioration de la situation pour les équipements des réseaux de transport Haute Tension.

D’autres, Siemens et Schneider Electric, ont fait le choix de solutions « naturelles » sans impact sur l’environnement, utilisant le vide comme milieu de coupure et l’air comme isolant. Ces solutions seront disponibles d’ici peu de temps dans tous les équipements dédiés à la distribution de l’électricité.

Ce sujet méconnu montre que la transition énergétique nécessaire à la réduction des émissions de CO2 ne se limite pas au développement des énergies renouvelables.

Espérons que, dans les prochains mois, la réglementation tirera parti des solutions mises sur le marché pour accélérer la réduction de l’usage du SF6 dans les matériels électriques.

commentaires

COMMENTAIRES

  • Encore une prise de position très  »partisane », je reprends cette partie en fin d’article:
     »Ce sujet méconnu montre que la transition énergétique nécessaire à la réduction des émissions de CO2 ne se limite pas au développement des énergies renouvelables. »
    L’utilisation des EnR localement, (ou mieux encore en auto-suffisance totalement isolé du réseau!)… NE NECESSITE PAS CES TRANSFORMATIONS EN HT OU PIRE THT (avec obligatoirement en plus les pertes associées!).
    C’est  »le réseau » avec ses centralisations, interconnections, distributions qui impose ces THT pour essayer de limiter les pertes en ligne!
    Il est vrai que  »l’hydraulique » (qui sert surtout de régulateur aux centrales nucléaires comme le barrage de Grand Maison) aura cette forme d’obligation…
    Donc monsieur Morel (auteur de cet article), ne cherchez pas désespérément un nouveau problème dans les EnR au risque de perdre toute forme de crédibilité dans vos articles!

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