État des lieux de l’industrie nucléaire dans le monde
Le World Nuclear Industry Status Report (WNIS) est une étude réalisée chaque année afin de dresser un panorama exhaustif et complet de l’état du parc nucléaire civil mondial. Ce document fournit des données complètes concernant l’exploitation, la production et la construction des réacteurs nucléaires. Selon les conclusions de l’édition 2017 du WNIS, la production nucléaire a augmenté de 1,4% en 2016 et représente 10,5% de l’énergie produite à l’échelle mondiale. Il apparait en revanche que le nombre de réacteurs en cours de construction est en baisse. Explications.
403 réacteurs nucléaires en service dans le monde
Au cours des 12 mois de l’année 2016, le parc nucléaire mondial a accueilli 10 nouveaux réacteurs nucléaires. À elle seule, la Chine a mis en service la moitié de ces nouvelles installations électronucléaires : sa production a ainsi augmenté de 23%. Les 5 autres réacteurs ont vu le jour en Inde, en Russie, en Corée du Sud, au Pakistan et aux États-Unis.
Au total, ce sont désormais 403 réacteurs nucléaires qui sont actuellement exploités dans 31 pays différents. Ce parc affiche une puissance totale de 351 GW, et a permis de générer l’année dernière quelques 2.274 TWh d’électricité sans émettre de gaz à effet de serre. Un volume énergétique en hausse de 1,4%.
« La part du nucléaire dans la production mondiale d’électricité est restée stable au cours des cinq dernières années, s’établissant à 10,5% en 2016, après une baisse quasi continue depuis le maximum historique de 17,5% en 1996. Depuis 2014 la part du nucléaire dans la consommation d’énergie primaire est également restée stable aux alentours de 4,5 %, niveau le plus bas depuis 1984 », précisent les auteurs du rapport.
5 grands pays se partagent la majorité de la production électronucléaire mondiale : dans l’ordre croissant, les États-Unis, la France, la Chine, la Russie et la Corée du Sud ont en effet produit l’année dernière 70% de l’électricité nucléaire mondiale. On note une large domination des États-Unis et de la France, qui ont produit à eux-seuls 48% de la production. On note également que la Chine a progressé d’une place dans le classement.
Le nombre de réacteur en construction ralentit
Le WNIS souligne cependant un ralentissement de la construction de nouveaux réacteurs nucléaires : le développement de trois réacteurs a été lancé au cours de 2016 (deux réacteurs en Chine, un au Pakistan). L’année précédente, ce chiffre s’élevait à dix. Au cours du premier semestre 2017, seule l’Inde a débuté la construction d’un réacteur.
« Au 1er juillet 2017, il y avait 53 réacteurs en construction (…) pour une capacité totale de 53,2 GW, en baisse de 8 % par rapport à l’année précédente », résument les auteurs du rapport.
Au niveau des fermetures, on compte deux déconnexions en 2016 : un réacteur en Russie et un autre aux États-Unis ont cessé de produire de l’électricité. Pour l’heure, l’année 2017 compte également deux fermetures de réacteurs : le premier en Suède et le second en Corée du Sud. L’âge moyen des réacteurs du parc nucléaire mondial est de 29,3 ans.
Les professionnels du secteur s’inquiètent
Le ralentissement du rythme de fabrication de réacteurs électronucléaires inquiète l’Association Nucléaire Mondiale. « Le monde n’est pas sur le chemin qui permettrait d’offrir une électricité fiable et bon marché à la population de la planète, tout en respectant nos objectifs environnementaux », estime en effet Agneta Rising, directrice de cette organisation internationale qui fait la promotion de l’industrie nucléaire.
Les acteurs du secteur nucléaire se sont donnés pour objectif de contribuer à la réduction des émissions mondiales de dioxyde de carbone en chapeautant la production de 25% de l’électricité mondiale en 2050. Or, face à la concurrence des énergies renouvelables intermittentes et du gaz de schiste, la croissance du parc nucléaire est aujourd’hui « insuffisante » pour maintenir ce cap et faire en sorte que l’atome joue son rôle dans la transition énergétique mondiale.
Pour favoriser la construction de nouveaux réacteurs, Mme Rising a appelé les gouvernements et les acteurs du secteur nucléaire à travailler trois axes principaux : favoriser la reconnaissance du nucléaire comme une technologie à faible émission carbone, prendre en compte les inquiétudes en matière de sûreté afin de rassurer le grand public et, enfin, œuvrer à l’harmonisation des régulations.
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