Innovation : une hydrolienne reproduit le mouvement des poissons pour générer de l’électricité
Le biomimétisme consiste à transférer des principes élaborés naturellement par les organismes vivants dans le domaine de la recherche scientifique. Il s’agit donc de favoriser l’innovation technologique et la recherche en s’inspirant des propriétés de la nature et du vivant.
Cette stratégie d’innovation présente un potentiel d’autant plus important que nos sociétés ont pour impératifs de se développer de manière écoresponsable.
C’est en tout cas dans cette démarche que s’inscrit la start-up française Eel Energy qui s’est inspirée du mouvement d’ondulation des poissons afin de créer un nouveau type d’hydrolienne.
Une membrane qui ondule comme une anguille
En raison d’un manque de soutien de la part des autorités, et malgré les avantages évidents que présente le territoire français, les énergies marines renouvelables ont beaucoup de mal à décoller. Pourtant, les projets portés par les industriels français démontrent l’ambition et la vigueur d’une filière qui ne demande qu’à s’épanouir économiquement et technologiquement.
La start-up Eel Energy le prouve une fois de plus avec son étonnant projet d’hydrolienne ondulante.
L’aventure Eel Energy débute en 2011 lorsque Jean-Baptiste Drevet, ingénieur spécialisé dans les interactions fluide-structure, se lance dans la conception d’une hydrolienne d’un nouveau genre.
Ici, pas d’hélice ni de turbine. Le prototype se présente sous la forme d’une membrane souple qui imite les ondulations de l’anguille ou de la raie manta. À la différence près que ces ondulations permettent de générer une électricité totalement renouvelable.
L’innovation d’Eel Energy est en quelque sorte une nageoire en fibre de verre, renforcée par du carbone et recouverte de polymère afin de résister aux déchirures et à l’érosion.
Lorsqu’elle ondule sous l’effet des courants, la membrane active des convertisseurs électromagnétiques linéaires qui transforment l’énergie mécanique en énergie électrique.
Un prototype à l’aise en mer comme en rivière
Au fil des années, les caractéristiques du prototype s’améliorent et sa taille augmente. Dans ses dernières itérations, l’hydrolienne d’Eel Energy s’oriente de manière autonome au gré du courant afin de capter 100% de l’énergie cinétique de l’eau.
Elle s’avère également capable de produire de l’électricité lorsque le courant affiche une vitesse faible (0,7 mètre par seconde) et s’adapte à tout type de milieu aquatique.
« La technologie Eel Energy est applicable à tous les types de courants, les premiers développements portent sur les hydroliennes pour les courants de marées, mais des applications en courants océaniques et fluviaux sont envisagées. Cette technologie serait profitable pour de nombreux pays disposant d’une surface côtière, particulièrement en Europe de l’ouest et en France », expliquent les concepteurs de l’engin.
Les premiers essais, en conditions de courants contrôlés, ont été menés dans les bassins de l’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer (Ifremer) afin de valider le fonctionnement de la membrane.
Plus récemment, un prototype à l’échelle 1/6ème a été immergé dans la rade de Brest pour observer les performances de la machine en mer. Les résultats ont permis de mesurer une puissance électrique de 4,2 kW (certification du Bureau Veritas à l’appui).
Vers un développement industriel ?
Eel Energy ambitionne désormais de mener des tests sur un prototype deux fois plus grand et de débuter l’industrialisation de sa membrane dans ses locaux de Boulogne-sur-Mer.
Et pour poursuivre le développement de son concept, la start-up a lancé une levée de fonds de 3 à 7 millions d’euros en juin dernier.
Les concepteurs de cette hydrolienne souhaitent dans un premier temps produire des machines de 30 à 100 kW de puissance destinées aux applications fluviales et aux sites non connectés à un réseau électrique. À terme, il s’agira de machines de 1 MW pour des fermes marines ou fluviales de plus grande ampleur.
Le concept d’Eel Energy présente de nombreux avantages. Il permet de générer une électricité totalement respectueuse de l’environnement de manière prédictible. Les courants de marées sont en effet constants et totalement prévisibles, contrairement aux énergies renouvelables intermittentes.
Enfin, les membranes pourraient être utilisées à proximité des villes et des écosystèmes marins car elles sont peu apparentes (pas de pollution visuelle) et totalement inoffensives pour la faune et la flore.
COMMENTAIRES
Jean Baptiste DREVET ( et non Drou..) !
Oups ! Merci !