Irak: troubles près d’infrastructures stratégiques dans une région pétrolière
Des centaines de manifestants bloquaient dimanche différents points stratégiques de la province pétrolière de Bassora, berceau d’un mouvement de contestation sociale et qui, à ce jour, est également en proie à une crise sanitaire, a rapporté un correspondant de l’AFP.
Des dizaines de manifestants se sont massés sur la route menant au champ pétrolier de Ben Omar, qui produit actuellement plus de 40.000 barils de pétrole par jour.
L’Irak a récemment signé un protocole d’accord avec la compagnie américaine Orion Gas Processors pour traiter et exploiter le gaz de ce champ pétrolier qui fait également l’objet de négociations avec d’autres compagnies, notamment chinoises ainsi que l’Américain Exxon.
D’autres groupes de plusieurs dizaines de manifestants bloquent diverses routes: à l’est, une artère conduisant vers plusieurs champs pétroliers ainsi que celle menant vers le point de passage de Chalamcha, en direction de l’Iran. Et à l’ouest, celle menant à Bagdad, où des dizaines de manifestants brûlent des pneus, provoquant des embouteillages monstres.
Enfin, des habitants convergeaient de nouveau vers le siège du gouvernorat dans la ville de Bassora, où des manifestations ont eu lieu vendredi et samedi.
D’imposants cordons de policiers et militaires ont été déployés sur un large périmètre alentour, comme en de nombreux autres endroits de la province pétrolière, qui souffre d’un manque cruel d’infrastructures.
Les exportations de pétrole ont atteint en août un pic annuel avec près de 112 millions de barils vendus pour plus de 7,7 milliards de dollars, selon le ministère du Pétrole.
Pourtant, la majorité des habitants, en particulier à Bassora, ont le sentiment de ne pas bénéficier des juteuses recettes de l’or noir et se plaignent d’un chômage galopant dans une région où les compagnies pétrolières emploient surtout de la main d’oeuvre étrangère.
Début juillet, ils avaient lancé de Bassora des manifestations qui ont ensuite gagné l’ensemble du sud du pays, pour réclamer de meilleurs services publics.
En outre, depuis trois semaines, la province de Bassora est en proie à une crise sanitaire sans précédent: près de 20.000 personnes ont été hospitalisées pour des intoxications après avoir bu de l’eau puisée dans le Chatt al-Arab.
L’agriculture, elle, pâtit également de cette pollution de l’eau, couplée à une sécheresse, importante cette année.