Jeux Olympiques de Paris : un laboratoire pour demain ?

Une tribune signée Julien Tchernia – PDG et cofondateur d’ekWateur.

 

Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris arrivent à grands pas. Quelque 15 millions de touristes et 10 500 sportifs vont rejoindre la capitale. La fête promet d’être immense ! Nous pouvons d’ores et déjà s’en féliciter, les Jeux 2024 seront les « moins polluants de l’histoire ». Les Jeux de Rio ont émis 3 600 000 tonnes de CO2, ceux de Londres 3 400 000 tonnes, Paris ne sera qu’à 1 580 000 tonnes. Évidemment, nous ne connaitrons le budget carbone total qu’après les évènements.

Une énergie 100 % renouvelable

Le développement des énergies renouvelables assure une part importante de la réduction de l’impact des JO. Un processus de long terme car le solaire représente seulement 4 % de notre production électrique, l’éolien 10 % et l’hydraulique 12 %. La part de ces technologies dans notre mix énergétique doit encore s’accentuer.

L’alimentation des JO en énergie se base sur un mécanisme mis en place depuis le 1er janvier 2012, celui des Garanties d’Origine (GO). Ce sont des certificats qui attestent que l’électricité achetée est bien renouvelable. Les montants récoltés par les producteurs d’énergie grâce à la vente de ces GO leur permettent de rentabiliser leurs centrales renouvelables et d’en développer de nouvelles. Fournies par EDF, les garanties acquises par Paris 2024 soutiendront ainsi la production de huit fermes éoliennes et solaires réparties sur le territoire.

Transformer le monde de l’évènementiel

Traditionnellement, les grands événements sportifs sont alimentés par des groupes électrogènes, notamment pour l’éclairage des stades, les retransmissions TV, ou encore les écrans géants dans les fan zones. Des dispositifs  très gourmands en gasoil. Pendant nos JO, la norme est de capitaliser massivement sur le réseau électrique,les groupes électrogènes ne seront allumés qu’en ultime recours.

Enedis a réalisé des travaux sur la totalité des sites olympiques et paralympiques, multipliant les raccordements aux réseaux électriques et doublant ainsi les capacités d’approvisionnement. Des efforts majeurs pour des infrastructures qui consomment habituellement jusqu’à 4 000 litres de gasoil lors d’un match de foot.

Assurer la durabilité des installations inclut la pérennisation des bornes d’approvisionnement pour les sites provisoires, comme au parc du Château de Versailles pour les épreuves d’équitation. Enedis y a installé des bornes rétractables dans le sol, réutilisables pour d’autres événements, accompagnées de groupes électrogènes zéro émission.

Une transformation qui envoie un message au monde de l’événementiel. Les groupes électrogènes doivent appartenir au passé, ou tout du moins être décarbonés. L’avenir est à l’autoconsommation, à la décentralisation et à l’électrification.

Sensibiliser à l’autoconsommation

Les énergies renouvelables sont une des clés du changement de paradigme de notre consommation énergétique. Les Jeux Olympiques illustrent cette transition en montrant concrètement la production décentralisée d’électricité, son importance, ses coûts, et son rôle dans notre quotidien.

Investir dans des panneaux solaires pour auto-produire son électricité incite à maîtriser sa consommation et rentabiliser son investissement, favorisant la sobriété énergétique. De même, les habitants d’une commune investissant collectivement dans un parc éolien rendent l’énergie plus tangible que celle produite dans une centrale située à 200 kilomètres de chez soi, qui semble arriver magiquement dans nos maisons. On appuie sur un bouton, la lumière s’allume.

Installés sur les toits du village olympique, des panneaux photovoltaïques fourniront une partie de l’électricité du lieu de vie des athlètes. Une centrale géothermique construite dans le quartier Pleyel (Saint-Denis) et jouxtant le village assurera la climatisation pendant les JO et le chauffage pendant l’hiver lorsque les infrastructures seront utilisées pour un autre usage. Enfin, le centre aquatique de Saint-Denis s’est, quant à lui, doté de 2 500 panneaux. Ils garantiront l’autosuffisance énergétique des lieux.

Mobilité durable : avons-nous fait les bons choix ?

Grâce aux efforts faits sur la consommation d’énergie, le budget carbone des Jeux se répartit équitablement en trois blocs d’émissions : un tiers pour le bâti, avec 95 % des sites déjà existants, un tiers pour le merchandising et la restauration, et un tiers pour les déplacements.

Si l’on sait que le secteur du BTP doit encore accélérer sa transition, Paris 2024 auraient pu bien mieux faire sur la partie merchandising. Seulement 20 % des peluches mascottes sont produites en France. Les transports sont encore plus à pointer du doigt.

Les sites ont été choisis pour être accessibles via les transports en commun. L’ensemble du parc automobile utilisé pour acheminer les équipes olympiques, les journalistes ou les membres du comité roule à l’hydrogène. Pourquoi ne pas avoir investi dans des voitures électriques ?

L’hydrogène ne peut efficacement lutter contre le dérèglement climatique que s’il est vert, issu d’énergies renouvelables. Actuellement, 95 % de celui-ci provient de combustibles fossiles. De plus, cette énergie n’est pas adaptée à tous les secteurs.

Pour les véhicules, les voitures électriques consomment trois fois moins d’énergie que les véhicules à hydrogène. Pour accélérer la transition vers la sobriété énergétique, le Giec le dit, les véhicules électriques sont “la façon la plus efficace de décarboner le transport.” Les Jeux auraient dû davantage promouvoir ces mobilités.

Quant aux déplacements des spectateurs et athlètes venant de loin, les vols durant ces Jeux devraient générer environ 500 000 tonnes de CO2, représentant un tiers de leur impact total. Il n’existe aucune mesure concrète pour maîtriser ces émissions et l’avion vert reste encore une perspective lointaine.

Le virage de la transition écologique est long, nous pourrions être plus rapides, les JO auraient pu être plus écologiques, mais nous sommes sur la bonne voie. Nous avons les solutions, accélérons les choses !

commentaires

COMMENTAIRES

  • Le GIEC a parlé, donc parole d’évangile ! Quand cessera-t-on de nous abrutir avec des « vérités » assénées par des « experts » autoproclamés ? Dans l’immédiat, le bilan des véhicules à motorisation thermique, en tenant compte de la totalité de leur consommation d’énergie, donc y compris pendant les phases de construction et d’élimination, est loin d’être l’abomination que nous décrivent les apôtres de la religion écolo.

    Répondre
  • Les JO sont l’opium du peuple, avec le Tour de France, le match de foot et tous les autres « spectacles » de ce genre.
    Aliénée dans le divertissement, le consumérisme, et les réseaux sociaux, notre société n’est plus capable de penser son avenir.

    Répondre
  • A partir des années 1982, les établissements hospitaliers (tous les CHU, et autres hôpitaux), les industries sensibles, et d’autres sites, nécessitant une alimentation électrique permanente, ont utilisé, durant 396 heures (18 h * 22), l’électricité produite par leur groupe électrogène (diesel en particulier), pour pallier les insuffisances du réseau électrique.

    Le groupe électrogène actuel est pilotable, avec un temps de réponse n’excédant pas 10 à 15 secondes, voire moins, pour des équipements pris en charge par un système dit « temps zéro ». Il peut fonctionner avec du gazole, mais aussi des carburants de synthèse, voire de l’hydrogène (Cummins …).

    S’attaquer au groupe électrogène, alors qu’il demeure, plus que jamais, un élément indispensable, pour pallier les lacunes d’électricité verte (disponibilité de moins de 10 %, à partir de 21 h, en période d’absence de vent, procède d’une grande malhonnêteté intellectuelle.

    Un groupe électrogène de 2 MWe, permettant d’assurer l’éclairage et d’alimenter les équipements de secours, consomme
    environ 500 litres de carburant par heure. nous sommes loin des 4.000 litres, sauf si le match se prolonge !…

    Gilbert Pajot

    Répondre
  • La production d’électricité est déjà presque totalement décarbonée en France, tout en en exportant une grosse partie. Alors pourquoi tant investir dans des productions renouvelables ? « Les émissions du système électrique français sont restées en 2023 parmi les plus faibles d’Europe (ce qui était également le cas en 2022), et pèsent relativement peu dans le bilan carbone national (moins de 5 %, contre 22 % pour l’Allemagne, 19 % pour l’Espagne et 21 % en moyenne pour l’Union européenne) » Source : RTE bilan électricité 2023.
    Côté hydrogène, la situation ne s’avère pas brillante : https://www.lepoint.fr/economie/la-cour-des-comptes-europeenne-etrille-la-strategie-de-l-ue-pour-l-hydrogene-vert-24-07-2024-2566314_28.php

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