La baisse des découvertes de pétrole fait craindre une pénurie d’ici 2020

Malgré les enjeux climatiques actuels, le pétrole est toujours une matière première essentielle à la vie économique des pays développés. Si près de 60% des ressources pétrolières mondiales sont consommées par l’homme pour se déplacer (carburant), d’autres secteurs économiques affichent d’importants besoins en or noir (production d’électricité, travaux publics, agriculture…). L’Agence internationale de l’énergie (AIE) évalue à une quarantaine d’années la date d’épuisement des réserves mondiales de pétrole actuellement connues : cette estimation est bien évidemment revue à la hausse ou à la baisse lors de la découverte de nouveaux gisements. Les opérations de prospection pétrolière ont connu des jours plus prospères : selon un rapport de l’AIE publié à la fin du mois d’avril, les découvertes de nouvelles réserves de pétrole dit « conventionnel » ont atteint un niveau historiquement bas en 2016. Faisant craindre une future pénurie à l’horizon 2020. Explications.

Les découvertes pétrolières s’effondrent…

Doit-on s’inquiéter du niveau historiquement bas des découvertes de pétrole conventionnel ? La question peut sembler alarmiste, mais elle n’en reste pas moins légitime à la vue des chiffres avancés par l’AIE dans son rapport publié le 27 avril : les volumes de brut conventionnel découverts en 2016 se sont élevés à 2,4 milliards de barils. Un chiffre qui est loin d’être au niveau de la moyenne annuelle de ces 20 dernières années, située autour des 9 milliards de barils annuels.

« Les découvertes mondiales de pétrole ont atteint un niveau record de baisse en 2016, les entreprises ayant continué à réduire leurs dépenses et les projets de pétrole conventionnel sanctionnés étaient au plus bas niveau depuis plus de 70 ans », déplorent les responsables de l’AIE.

Les nouveaux projets ayant obtenu une décision finale d’investissement ont en effet atteint un niveau de faiblesse équivalent à celui des années 1940 : ces « ressources approuvées » en 2016 concernent un volume de 4,7 milliards de barils, soit 30% de moins qu’en 2015. Un niveau également très éloigné des 21 milliards de barils de 2014, année pendant laquelle les « capex » (ou dépenses d’investissement) dans l’exploration-production ont atteint des sommets.

… en même temps que les prix du brut

Les auteurs du rapport de l’AIE estiment que cette baisse historique des découvertes conventionnelles est à mettre sur le compte de la réduction massive des investissements des compagnies pétrolières. Cette tendance a débuté en 2014, lors de la chute brutale des prix du brut : en l’espace de 3 ans, dans une période caractérisée par la surabondance de l’offre, le prix du baril est passé de 115 à 50 dollars (avec des passages à 30/40 dollars).

La chute des prix a finalement été contenue à la fin de l’année 2016 grâce à la mobilisation de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et de la Russie : en plafonnant leur production à 1,8 million de barils par jour, les cours du brut sont finalement remontés.

« Ce net ralentissement de l’activité dans le secteur pétrolier conventionnel résulte de la réduction des dépenses d’investissement générée par la baisse des prix du pétrole. Les compagnies n’ayant pas relancé leurs capex dans l’exploration-production, la tendance se poursuivra encore en 2017 », précise cependant l’AIE.

La résilience de l’industrie du pétrole de schiste

Les auteurs du rapport s’étonnent en revanche de la bonne santé du marché des hydrocarbures de schiste aux États-Unis. Il apparait en effet que les coûts de production ont baissé de plus de 50% depuis 2014, tirant vers le haut les investissements dans l’exploitation de cette ressource présente en grande quantité aux États-Unis.

C’est en 2006 qu’a débuté l’exploitation du pétrole de schiste aux États-Unis : le pays abrite la deuxième plus importante réserve de pétrole non-conventionnel du monde après la Russie. Véritable enjeu économique et énergétique, grâce auquel le gouvernement américain souhaite s’appuyer pour assurer son indépendance énergétique, le pétrole de schiste n’a cessé de prendre de l’envergure, notamment depuis 2014 et la chute des prix du baril de brut. Le département de l’énergie américain estime à 5 millions de barils la production journalière américaine.

Le cas du bassin permien de l’ouest du Texas est à ce titre caractéristique de la bonne santé du marché : il est désormais rentable pour un exploitant d’extraire du pétrole de schiste lorsque le prix du baril avoisine les 40-45 dollars sur le marché. En 2014, l’opération n’était pas rentable pour un prix du baril à 90 dollars.

Un marché « à deux vitesses »

Alors que les investissements dans l’exploitation de pétrole conventionnel devraient continuer à baisser au cours des trois prochaines années, l’industrie américaine du pétrole non-conventionnel devrait bénéficier encore et toujours de la baisse de ses coûts de production. Faisant apparaitre ce que Fatih Birol, le directeur de l’AIE, qualifie de « marché pétrolier à deux vitesses ».

Cette croissance de l’offre non-conventionnelle devrait d’ailleurs permettre de répondre à une demande en pétrole toujours croissante au niveau mondial. L’AIE estime en effet que la demande en or noir continuera d’augmenter de 1,2 milliards de baril par jour au cours des 5 prochaines années. Dans ce contexte, le directeur de l’AIE se pose la question « de savoir combien de temps la hausse de l’offre de pétrole de schiste américain compensera le ralentissement de la croissance des autres secteurs pétroliers ».

Une question à laquelle les spécialistes craignent parfois de répondre. Car à l’heure actuelle, les conditions sont réunies pour que les consommateurs doivent faire face à un important déficit de l’offre dès l’horizon 2020. Des tensions entre l’offre et la demande qui devraient à moyen terme faire repartir les cours du brut à la hausse.

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