La culture de la marijuana contribue au réchauffement climatique
Afin de satisfaire aux réglementations environnementales du gouvernement qui visent à réduire les émissions de gaz à effet de serre des États-Unis, l’Oregon se lance en 2007 dans un ambitieux plan de promotion de l’efficacité énergétique. Cet État situé sur la côte Ouest milite notamment pour le développement d’une consommation d’électricité responsable et pour le développement des énergies renouvelables. Toutefois, à l’heure où l’usage récréatif de la marijuana vient d’être autorisé en Oregon, les dirigeants politiques de l’État craignent pour leur objectif de sobriété énergétique : la culture intérieure de cannabis nécessite en effet d’importants volumes d’électricité, notamment pour éclairer les plants.
« Ils sont énergivores! Ils utilisent un montant impie d’électricité », affirme Dave Kanner, un administrateur officiel de la ville d’Ashland, située dans le sud de l’Oregon. « Ils » ce sont les producteurs de marijuana en intérieur. Comme bon nombre de ses concitoyens, M. Kanner craint pour la stabilité du réseau électrique de son État et de sa ville face à l’hypothétique hausse de la demande électrique induite par la légalisation de la marijuana et sa conséquence : l’augmentation des personnes qui en cultivent chez eux (à usage personnel et/ou commercial).
Surtout qu’en achetant son électricité sur le marché de gros, la ville d’Ashland propose les tarifs parmi les plus avantageux de la région. Une caractéristique qui pourrait rendre la ville particulièrement attrayante pour l’industrie du cannabis, en plein essor de ce côté-ci des États-Unis. Le seul problème étant que ces tarifs relativement bas sont garantis uniquement en dessous d’un certain volume. En d’autres termes, une hausse de la consommation électrique, et les prix de l’électricité risquent de s’envoler pour les habitants de la ville, cultivateurs ou non.
« Si nous nous retrouvons à devoir payer notre électricité plus chère en raison de la production de marijuana à échelle industrielle, qui sera désigné comme responsable? », se demande M. Kanner. Selon le Conseil de l’énergie de l’État de l’Oregon, la production intérieure de cannabis devrait entraîner une hausse de la consommation électrique équivalente aux besoins de 180.000 à 300.000 foyers jusqu’en 2035.
En effet, la culture « indoor » de la marijuana nécessite d’importants volumes d’électricité en raison de l’utilisation de matériels hautement énergivores : de puissantes lampes de serre (qui fonctionnent en permanence), des systèmes de climatisation et de ventilation, des pompes et des purificateurs d’eau… Pour preuve, dans une commune de Murcie en Espagne, des plantations clandestines de marijuana étaient responsables de blackout réguliers dans un quartier résidentiel. Les voisins des « cultivateurs en herbe », lassés des coupures d’électricité intempestives, ont fini par prévenir la police…
Autre illustration du caractère énergivore de la culture intérieure de marijuana : elle entraînerait chaque année en Californie l’émission de quelques 4 millions de tonnes de CO2.
Voilà pourquoi les services publics de l’Oregon sont à la recherche de moyens légaux pour réduire l’impact de cette industrie énergivore. Une option serait de faire payer les producteurs de marijuana en fonction de leur consommation électrique. Une autre solution serait d’ajouter au secteur de l’agriculture d’intérieur des normes d’efficacité énergétique pour inciter les producteurs à surveiller leur consommation.
C’est cette dernière option qui séduit le plus Dave Kanner. « C’est ce que nous avons fait avec beaucoup d’autres acteurs industriels : nous les incitons à être plus économes en énergie ».
Crédit photo : Mark
COMMENTAIRES
Et la culture des tomates sous serres chauffées toute l’année, quelle consommation d’électricité ?
Cela est valable pour d’autres cultures sous serre, pour avoir des fraises en hiver par exemple.