La fasciation, cause naturelle des "marguerites mutantes" de Fukushima
La publication à la fin du mois de mai dernier d’une photo de plusieurs marguerites difformes (voire mutantes pour certains) à proximité de la centrale de Fukushima au Japon affole la toile. Il n’en fallait pas plus en effet pour que les internautes s’interrogent sur le lien possible entre l’accident nucléaire japonais et la malformation caractéristique de ces fleurs. Une inquiétude légitime pour le commun des mortels mais qui reste toutefois assez farfelue pour l’ensemble des scientifiques interrogés.
En effet, si le niveau de radiation aux alentours de Fukushima est supérieur à la moyenne, il n ‘y a à ce jour aucune preuve du lien entre la radioactivité ambiante et la drôle de forme de ces marguerites. Au contraire, en cherchant un peu, on s’aperçoit que ces marguerites ont été surprises à Nasaushiobara, une commune située à plus de 110 kilomètres du site nucléaire. Une distance assez éloignée donc et à laquelle les niveaux de radioactivité restent « faibles et raisonnables » selon les autorités japonaises (0,5 μSv/h à 1 m du sol).
Même avec des niveaux de radiation dix fois supérieurs à ceux rapportés, « il est peu probable que cette intensité d’irradiation ait pu induire un niveau significativement plus élevé de mutation« , soulignait par ailleurs Edwin Lyman, membre de l’Union of Concerned Scientists.
D’autre part, ces déformations n’ont à priori rien d’exceptionnel. Comme l’explique dans le Huffington Post, Beth Krizek, biologiste à l’Université de Caroline du Sud, « je pense que les gens ne devraient pas paniquer. Ceci n’est pas inhabituel« . Selon elle, les malformations présentes sur ces photos correspondent à ce qu’on appelle une « fasciation », un phénomène de croissance anormale d’une tige, qui peut prendre la forme de faisceau ou de crête.
La fasciation est généralement causée par des mutations d’origine naturelle, des infections bactériennes, des attaques d’insectes, des changements hormonaux ou des stress environnementaux, et a déjà pu être observée sur de nombreuses espèces des 20.000 membres de la famille des marguerites aujourd’hui connus dans le monde.
Ces marguerites japonaises semblent donc souffrir d’un syndrome relativement courant et ne peuvent en aucun cas être considérées sans analyse plus poussée comme les effets de la contamination qui a touché la région en 2011.
Crédits photo : San Kaido