La France : entre électricité décarbonée et dépendance aux énergies fossiles

Malgré une électricité produite à 95 % à partir de sources bas-carbone en 2024, la France demeure largement dépendante des énergies fossiles, à hauteur de 60 % de sa consommation énergétique totale. Ce paradoxe met en lumière les défis à surmonter pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, un objectif ambitieux nécessitant un équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre et leur absorption par les puits de carbone.

Une électricité majoritairement bas-carbone

En 2024, grâce à une nette amélioration de la disponibilité de son parc nucléaire, la France a retrouvé des niveaux de production proches de ceux d’avant la pandémie de Covid-19. Cette reprise rapide, combinée à une production record d’énergies renouvelables, a permis d’atteindre une proportion inédite de 95 % d’électricité bas-carbone. Le nucléaire, avec une part de 67,41 %, demeure la principale source d’électricité, tandis que les énergies renouvelables, représentant 27,6 %, enregistrent une progression significative.

Cette augmentation est principalement attribuée à une production hydraulique exceptionnelle, favorisée par une pluviométrie record en 2023, atteignant son plus haut niveau depuis 2013. Cependant, malgré ces progrès, la part des énergies renouvelables reste inférieure à celle de certains pays européens comme l’Allemagne et le Royaume-Uni, et en deçà de l’objectif européen de 42,5 % d’ici 2030.

Exportations record mais électrification insuffisante

L’excédent d’électricité produit en France a permis d’exporter 89 TWh en 2024, battant un record. Ces exportations ont bénéficié à l’Allemagne, la Belgique, l’Italie ou encore le Royaume-Uni, contribuant ainsi à réduire la dépendance de ces pays au charbon et au gaz. Toutefois, cette performance s’explique également par une consommation d’électricité intérieure relativement basse, reflet de comportements plus économes en énergie de la part des Français.

Cependant, ce faible niveau de consommation masque une réalité préoccupante : l’électrification des usages reste insuffisante pour réduire significativement la dépendance globale aux énergies fossiles.

Une économie encore fortement dépendante des énergies fossiles

Si la production électrique française est majoritairement décarbonée, la consommation d’énergie globale repose encore sur des ressources fossiles, comme le pétrole et le gaz naturel. En 2022, ces deux sources représentaient respectivement 39 % et 18 % de la consommation finale d’énergie, contre seulement 27 % pour l’électricité.

Les transports, grands consommateurs de pétrole, sont en tête des secteurs les plus énergivores, suivis par les bâtiments (chauffage et usages résidentiels ou tertiaires), l’industrie et l’agriculture. Cette dépendance aux énergies fossiles, majoritairement importées, accroît non seulement l’impact climatique, mais aussi la vulnérabilité de l’économie française face aux fluctuations des marchés internationaux.

Les étapes cruciales vers une transition énergétique

Pour atteindre ses objectifs climatiques, la France doit accélérer l’électrification des usages, une priorité soulignée par RTE. Cela implique des transformations profondes :

  • Développer un parc automobile entièrement électrique ou hydrogène.
  • Réduire l’empreinte carbone de l’industrie via des procédés innovants.
  • Accélérer la rénovation énergétique des bâtiments pour limiter leur consommation.

Ces efforts nécessiteront des politiques publiques ambitieuses, ainsi qu’un soutien accru aux technologies et infrastructures de transition énergétique.

En résumé, bien que la France soit en bonne voie sur le plan de la décarbonation de sa production électrique, la transition globale de son modèle énergétique reste un défi majeur. Seule une électrification massive et rapide pourra réduire la dépendance persistante aux énergies fossiles et rapprocher le pays de son objectif de neutralité carbone.

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COMMENTAIRES

  • Article très objectif et sans parti pris. Comme l’article le souligne , il importe de convertir à l’électricité les autres formes d’énergie utilisés dans toutes les activités, notament le transport responsable du tiers de nos émissions de GES, suivi par le batiment, l’industrie, et l’agriculture.

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  • Certes, mais pendant combien de temps encore devrons nous subir en Europe des mesures drastiques et ruineuses pour les Européens, qui n’auront au niveau mondial qu’un effet insignifiant ? Entendre M. Jancovici plaider pour cette politique afin de « donner l’exemple » est ahurissant. Comme si les Chinois attendaient qu’on leur donne l’exemple ! Sans compter que pour les camions de 44 t, j’attends encore qu’on nous en montre un seul à motorisation électrique…

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  • Si le prix de notre électricité n’était pas arrimé sur celui du gaz (cher et en majorité en provenance des USA) , les industriels et les entreprises en général seraient moins réticents à électrifier leurs usages.

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  • La décarbonation par le nucléaire à l’U235 n’est pas durable.
    Les ressources restantes dépendront largement de la puissance nucléaire que la Chine développera.
    Pour l’instant, celle-ci est limitée, mais s’ils veulent accélérer, cela peut augmenter rapidement.

    Répondre
  • Eh Marc !
    Et la 4 G à développer rapidement qui sera en ce cas un moyen d’avoir une source d’énergie nucléaire disponible et non négligeable pour des siècles !
    MAIS dans 25 ans, nous et la terre entière seront tjrs tributaire des énergies fossiles et, comme la ligne d’horizon, plus on avancera et vœux pieux (d’atteindre la neutralité carbone) reculera.
    D’ailleurs, le comble c’est que la transition énergétique a besoin du fossile pour son saint frusquin cortège de matières premières qui lui sont nécessaires (métaux, terres rares etc) dont l’extraction est en train de dévaster la planète en polluant les nappes phréatique jusqu’à plus soif.. Leurs effets sont plus néfastes que celui du CO² d’origine que la transition veut combattre!

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