Energies du futur : pourra-t-on se passer de gaz de schiste ?
Si le XXe siècle fut le siècle du pétrole, le XXIe devrait, au moins pour sa première moitié, être celui du gaz naturel. En effet, des experts prévoient que le gaz va devenir la deuxième source d’énergie mondiale d’ici moins de 20 ans.Le gaz naturel pourrait dépasser le charbon comme source d’énergie d’ici 2030 sur fond de forte demande attendue pour l’énergie surtout en provenance des pays émergents. La demande mondiale pour les différentes formes de gaz naturel devrait ainsi bondir de 35 % d’ici 2030 et de 70 % dans les pays émergents (source: ExxonMobil).Parmi ces formes de gaz naturel, le gaz de schiste (également appelé shale gas) commence à faire parler de lui, notamment en Amérique du Nord et en France.Les « Shales Gas » sont des gisements de type non conventionnel qui se présentent sous la forme d’accumulations continues de gaz naturel réparties sur de larges volumes rocheux s’étendant à une échelle régionale. Le gaz exploité dans ce type de gisement est contenu dans une séquence de roche à grains fins qui est dominée par des Shales (variété de schistes).Ces gaz font partie des gaz non conventionnels parce qu’ils ne peuvent pas être exploités avec les modes de production classiques. Ils sont aujourd’hui produits en grande quantité aux États-Unis où ils représentent 12 % de la production de gaz contre seulement 1 % en 2000. A part quelques pays qui n’ont pas de bassins sédimentaires, on peut trouver des shale gas à peu près partout. Les gaz de schiste commencent donc légitimement à faire parler d’eux en France.Des géants s’intéressent au sous-sol du sud du pays. Total a ainsi acquis un terrain s’étendant sur une surface de 4 327 km2 allant du sud de Valence à la région de Montpellier et estime que la zone pourrait contenir 2380 milliards de mètres cubes de gaz, soit 10 ans de consommation en France.Le débat commence à faire rage en France et l’opposition se radicalise. Il y a crainte de contamination des nappes phréatiques. La pollution, le manque de transparence dans la procédure et l’utilisation en grande quantité d’eau alimentent le débat. L’impact environnemental est loin d’être neutre même s’il faut le relativiser en le comparant avec d’autres activités industrielles.Les principaux risques de l’exploitation de gaz de schiste concernent la pollution de l’air, les risques technologiques, et surtout la ressource en eau, dont la gestion doit intégrer 3 aspects majeurs: la disponibilité de la quantité d’eau nécessaire au forage et à la fracturation, le recyclage et le traitement de l’eau de fracturation et la prévention d’éventuelles contaminations d’aquifères d’eau potable par les puits de forage.Compte tenu des contraintes environnementales mais aussi d’une industrie parapétrolière moins développée qu’aux États-Unis, il faut s’attendre à des coûts de production plus élevés en Europe qu’aux États-Unis. L’intérêt économique de la production des shale gas, dans un cadre de développement durable et en accord avec les populations, reste donc à démontrer. Dans tous les cas, leur développement va prendre du temps et n’en est qu’à ses débuts.