La mobilisation anti-gaz de schiste prend de l’ampleur
Samedi, plusieurs milliers de personnes, dont José Bové, se sont rassemblés en Ardèche contre l’exploitation du gaz de schiste, malgré l’annonce par la ministre de l’Environnement de la suspension des travaux.
Derrière le slogan « No gazaran », entre 10.000 (selon la préfecture) et 20.000 personnes (d’après les organisateurs) ont fait du village de Villeneuve-sur-Berg l’épicentre de l’opposition croissante à l’exploitation du gaz de schiste. L’ambiance était bon enfant et familiale.
La foule, venue de toute la France, s’est rassemblée sur une aire de repos au bord de la route nationale, interdite à la circulation, pour dire « Stop au gaz de schiste ». La région est particulièrement concernée. En effet, dans la plaine de Mirabel, en contrebas, « ils risquent de forer deux puits » et d’ériger une torchère, pour brûler les gaz, explique Guillaume Vermorel, spéléologue et l’un des initiateurs du rassemblement.
« Ils »? Les industriels Schuepbach Energy et GDF-Suez qui ont obtenu un permis pour explorer 930 km2 autour de Villeneuve. Deux autres permis, dits de Nant (Aveyron) et Montélimar (Drôme), ont également été accordés en mars 2010 par les services de l’ancien ministre de l’Environnement, Jean-Louis Borloo.
Devant la fronde grandissante des élus locaux et régionaux, des riverains et des écologistes, Nathalie Kosciusko-Morizet a annoncé début février la suspension des travaux d’exploration dans l’attente des conclusions d’une mission d’évaluation des enjeux environnementaux, en juin.
Pour José Bové, député européen Europe Ecologie, fer de lance de la contestation et présent au rassemblement, l’exploitation de ces gisements pose la question du « gaspillage énergétique ». « Il est temps de se demander comment on rend l’énergie plus efficace, renouvelable et non destructrice de l’environnement », plaide l’ancien du Larzac.
A ses yeux, il n’y a qu’une issue à la mobilisation, née en quelques semaines seulement « du mépris des citoyens et des élus » par le gouvernement et des entreprises qui « jouent aux apprentis sorciers » : l’abrogation des permis.
En se basant sur les dernières déclarations du ministre de l’Industrie et de l’Energie, Eric Besson, et le choix en faveur de l’exploitation du gaz de schiste de la part de plusieurs pays européens, comme les Pays-Bas, on ne peut que douter de cette issue.