La politique énergétique de l’Azerbaïdjan : un levier de puissance régionale

Riche en hydrocarbures, l’Azerbaïdjan s’impose comme un acteur énergétique clé et un partenaire incontournable pour l’Europe, bien que cette relation soulève des controverses. L’économie azérie repose en grande partie sur les énergies fossiles, une dépendance qui divise et attire la critique, notamment en raison de ses engagements climatiques jugés insuffisants et de ses liens avec le conflit du Haut-Karabakh.

Une économie dominée par les hydrocarbures

Comme les Émirats arabes unis, l’Azerbaïdjan se retrouve sous les projecteurs à l’approche de l’organisation de la COP, alors que son économie est fortement tributaire des énergies fossiles. En effet, le pétrole et le gaz représentent près de 50 % de son PIB, la moitié de ses recettes publiques et 90 % de ses exportations. Bien que la production de pétrole soit en déclin, celle de gaz continue de croître, alimentée par des réserves considérables : environ 7 milliards de barils de pétrole et 2 500 milliards de mètres cubes de gaz, positionnant l’Azerbaïdjan parmi les vingt plus grands producteurs mondiaux. Les récentes découvertes, notamment en mer Caspienne par BP, viennent encore renforcer ce potentiel.

Malgré une stratégie affichée pour les énergies renouvelables – l’objectif étant d’atteindre 30 % d’énergies solaires et éoliennes dans la production électrique d’ici 2030 –, la dépendance aux hydrocarbures ne semble pas prête de s’estomper.

Un acteur stratégique pour l’Europe

La position géographique de l’Azerbaïdjan, à la croisée de l’Europe et de l’Asie, renforce son rôle d’exportateur majeur. Avec un marché domestique limité à 10 millions d’habitants, le pays produit quatre fois plus d’énergie qu’il n’en consomme, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). En 2022, l’explosion des prix de l’énergie a permis à Bakou d’engranger des recettes records, atteignant 15 milliards de dollars grâce aux exportations de gaz, contre 5,56 milliards l’année précédente.

L’Europe, en quête de diversification énergétique depuis la guerre en Ukraine et la réduction des livraisons russes, considère l’Azerbaïdjan comme un fournisseur alternatif crucial. En juillet 2022, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a signé un accord de partenariat énergétique avec Bakou visant à doubler les exportations de gaz azerbaïdjanais vers l’Europe d’ici 2027. Le pays est aujourd’hui le quatrième fournisseur de gaz par gazoduc pour l’Union européenne, derrière la Norvège, l’Algérie et la Russie.

Des pays comme l’Italie, la Grèce, la Roumanie et la Bulgarie comptent déjà parmi les principaux clients de Bakou. Plus récemment, la Hongrie, la Slovénie et la Croatie ont à leur tour signé des accords d’importation. En prévision de la fin du contrat de transit entre la Russie et l’Ukraine en décembre prochain, Bakou se positionne comme une alternative possible pour compenser l’arrêt des approvisionnements russes.

Cependant, l’Europe reste prudente face à un engagement sur le long terme. La demande en gaz est en déclin sur le continent, et le Parlement européen a exprimé des réserves en adoptant une résolution non contraignante pour réévaluer les relations énergétiques avec l’Azerbaïdjan.

Une transition énergétique contestée

La volonté de Bakou d’opérer une transition énergétique soulève de nombreux doutes. Contrairement à d’autres pays producteurs comme la Russie ou certains États d’Asie centrale qui visent la neutralité carbone à l’horizon 2050, l’Azerbaïdjan s’est fixé un objectif moins ambitieux : réduire ses émissions de CO2 de 40 % d’ici 2050, et ce uniquement sous condition d’une aide internationale. Par ailleurs, le pays refuse de publier des chiffres sur ses émissions de méthane, pourtant estimées en augmentation de 11 % depuis 2018.

Le plan de développement des énergies renouvelables, présenté comme une solution, fait également l’objet de critiques. Selon la Fondation Heinrich-Böll, liée au parti Vert allemand, la majorité des infrastructures prévues seront construites dans les territoires du Haut-Karabakh, récupérés à l’Arménie en 2020. Le gouvernement y a déjà lancé de vastes projets, dont 28 centrales hydrauliques et plusieurs fermes solaires. Ces initiatives illustrent à quel point l’énergie est un outil au service des ambitions géopolitiques de l’Azerbaïdjan, renforçant son influence régionale tout en consolidant son économie.

L’Azerbaïdjan mise sur ses ressources énergétiques pour s’affirmer comme un acteur clé sur la scène internationale, tout en étant un partenaire stratégique pour l’Europe dans un contexte de crise énergétique. Cependant, sa dépendance aux hydrocarbures, ses ambitions de transition énergétique limitées et les enjeux géopolitiques liés au Haut-Karabakh soulèvent des interrogations quant à la durabilité et à l’éthique de ce partenariat. L’Europe devra trancher entre ses besoins immédiats en énergie et ses engagements environnementaux de long terme.

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COMMENTAIRES

  • c’est pas Coluche qui disait:  » Qu’il suffirait que les gens ne les achètent plus pour que ça se vende pas ! » donc il faut accélérer le développement des ENR ..

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  • Et pour le chauffage des locaux, les déplacements routiers ? Il n’y a pas de miracle à attendre, du moins dans le court et moyen terme.

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