La révolution géothermique de l’aéroport d’Orly
L’architecture est certes moins moderne que celle de Roissy-Charles de Gaulle et cet aéroport-ci ne grandira plus, mais la plateforme francilienne n’en a pas moins débuté sa mue écologique. « On a une chance inouïe d’avoir sous nos pieds une nappe d’eau chaude (NDLR : étendue sur quelque quinze mille kilomètres carrés) souterraine qui va nous permettre de chauffer une grande partie d’Orly sans émettre de CO2. Nous sommes le premier aéroport d’Europe à le faire », déclarait non sans fierté Pierre Graff, PDG d’Aéroport de Paris (ADP), en avril 2008.
L’aéroport chauffé grâce à la géothermie
Deux ans plus tard, ce séduisant projet de chauffage géothermique qui consiste à creuser deux puits à environ mille sept cents cinqante mètres de profondeur et vise à couvrir 30 % des besoins propres au deuxième aéroport de France à l’horizon 2020 (NDLR : 20 % à court terme) est plus que jamais en bonne voie. Mitoyens de la centrale thermique, débutés l’année dernière, estimés à environ onze millions d’euros, les travaux doivent en effet prendre fin cet automne alors que les premières estimations tablaient sur une mise en service courant 2011.Suivant la technologie classique de la géothermie, l’eau du sous-sol, naturellement chauffée à 74 degrés celsius, rejoindra le circuit de chauffage avant de ressortir à 40 degrés celsius pour être réinjectée dans le sol. « Le forage est réalisé grâce à un trépan qui s’enfonce en tournant. Les dents creusent le sol, tandis qu’un liquide de forage constitué d’eau et d’argile est injecté pour faire remonter les débris vers la surface. Un derrick de plus de trente-huit mètres a aussi été installé pour mettre en place progressivement les 6,5 km de tubes au fur et à mesure du percement », précise par ailleurs ADP dans son communiqué de presse.
Avec le soutien de la Région et de l’ADEME
Via un réseau de trente-cinq kilomètres les aérogares « Ouest » et « Sud » bénéficieront toutes deux de ce dispositif qui doit générer une économie annuelle de l’ordre de neuf mille tonnes d’émissions de dioxyde de carbone, distribuer l’eau chaude au futur quartier Coeur d’Orly et qui bénéficie d’un soutien budgétaire de la Région Île-de-France, laquelle a considéré que l’initiative d’ADP « entre pleinement dans le plan de relance de la géothermie instauré en 2006 ». Elle est en outre en stricte conformité avec les engagements climatiques contractés par l’entreprise française, qui a signé début 2008 avec des professionnels du secteur aérien une Convention dans le cadre du Grenelle de l’environnement.Décidément dans tous les bons coups, l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) fournit elle aussi un appui technique et financier au projet. Ses experts lui apporte leurs compétences en matière de géothermie, énergie renouvelable en pleine expansion tant dans les habitations que dans les infrastructures publiques. Quand bien même les médias concentrent leur attention sur le solaire et l’éolien l’avenir écologique de la France passe également par elle.