L’ADEME multiplie les appels à projets pour les énergies marines et fluviales
Le 3 août 2015, le gouvernement a lancé conjointement avec l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) trois appels à projets visant à développer les énergies renouvelables. Ces appels émis dans le cadre du programme des investissements d’avenir portent principalement sur les dispositifs innovants dans le secteur des énergies marines et fluviales, et annoncent l’ouverture prochaine et la connexion au réseau de fermes pilotes d’éoliennes flottantes.
Vers l’innovation et l’industrialisation dans les énergies renouvelables marines et fluviales
Un premier appel d’offres lancé par l’ADEME concerne les énergies renouvelables marines (hydrolien et éolien marins, filière houlomotrice) et fluviales (hydroliennes fluviales).
Dans un premier volet, l’ADEME fait appel à des projets audacieux pour développer les énergies renouvelables marines. Cela concerne la filière hydrolienne, d’une part, qui exploite l’énergie cinétique du courant pour produire de l’électricité. Les hydroliennes retenues devront produire à raison de 250 MWh par an et par élément. L’appel à l’innovation est lancé, d’autre part, auprès de la filière houlomotrice, qui quant à elle mobilise le mouvement des vagues. Ici aussi, la puissance générée devra être de 250 MWh par an et par élément, et le démonstrateur devra fonctionner dans des zones d’une certaine profondeur (plus de 20 mètres).
Mais l’appel de l’ADEME ne s’arrête pas là. L’administration manifeste également son intérêt pour des inventions permettant la mise en forme pratique de telles installations. Ainsi, elle fait appel à de l’innovation dans la fabrication et l’installation de certains éléments de ces machines (flotteurs, ancrages, architecture électrique etc.), qui pourraient faciliter leur industrialisation et donc permettre de produire des centrales houlomotrices et hydroliennes, ou des éoliennes flottantes, à un coût raisonnable.
Un troisième et dernier volet prévoit quand à lui l’ouverture de deux fermes pilotes d’hydroliennes fluviales d’ici 2019 pendant au moins deux ans. L’hydrolien fluvial en est encore à ses balbutiements en France où il commence à se développer grâce à un réseau d’entreprises innovantes. Ces sites de production et seront reliés au réseau public et devront compter cinq hydroliennes au moins, qui devront générer individuellement une puissance de 30 kW.
Vers l’ouverture de fermes éoliennes flottantes
Des fermes pilotes d’éoliennes flottantes verront également le jour en France sur quatre sites préalablement sélectionnés par le gouvernement.
La liste de ces lieux d’implémentation des éoliennes, situés en Bretagne et sur les côtes méditerranéennes, avait déjà été dévoilée au mois de juillet dernier. Ainsi, non loin de l’île de Groix dans le Morbihan, au large du phare Faraman dans les Bouches-du-Rhône, à l’Est de Leucate et au sud-ouest de Gruissan dans l’Aude, on pourra apercevoir dès 2018 les premières éoliennes flottantes reliées au réseau électrique français. Selon le cahier des charges, chaque parc devra contenir entre 3 et 6 éoliennes et chaque éolienne devra générer une puissance de 5 MW au moins. La durée minimum de démonstration sera de deux ans.
Plusieurs entreprises, dont le groupe DCNS, Ideol et Nenuphar se sont montrées intéressées par le projet et se sont déjà fait connaitre pour leurs réalisations dans le domaine des énergies marines renouvelables.
Les éoliennes flottantes présentent un avantage par rapport aux éoliennes en mer sur fondation, car elles peuvent être implantées sur des zones de grande profondeur, là où les vents sont puissants mais où il est très difficile d’implanter des éoliennes marines classiques sur fondations. Elles peuvent également être placées sur des zones où le dénivelé du plancher marin est important et où les eaux sont profondes à proximité des côtes, comme c’est le cas en Méditerranée.
Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) s’est montré satisfait des objectifs de ce projet, et a affirmé dans un communiqué qu’il permettra de « vérifier la faisabilité technique et la viabilité économique d’un parc de quelques machines » et de « mieux cerner l’impact de ces installations sur leur environnement ». Un enthousiasme partagé par France énergie éolienne, qui déclare que cela devrait «permettre de faire émerger une nouvelle filière industrielle française, pionnière dans ce domaine ». »
Un troisième et dernier appel d’offres fait appel à des innovations dans le domaine du stockage de la chaleur et de l’électricité. Cela répond à un enjeu important du domaine des énergies renouvelables à l’heure actuelle, et mènerait à une utilisation optimale de l’énergie renouvelable dont la production est parfois tributaire des conditions climatiques, pour qu’elle se plie au mieux à la demande en électricité. Ainsi, des moyens peu coûteux de stocker l’électricité pourraient permettre d’alimenter le réseau électrique au moment où cette énergie est requise, alors même que les panneaux solaires ne sont plus éclairés ou que le vent n’entraîne plus les pales des éoliennes. De même, convertir l’électricité pour utiliser l’énergie à d’autres fins (production d’hydrogène) permettrait d’utiliser pleinement la production d’électricité renouvelable lorsque celle-ci est générée, mais ne répond à aucun besoin au moment où elle est produite.
La France montre sa détermination à optimiser sa production d’électricité renouvelable et à maintenir une longueur d’avance sur ses voisins européens dans le domaine des énergies marines et fluviales, dans lesquels elle présente un avantage non négligeable notamment en raison de la diversité de ses ressources naturelles.
Crédit photo : Ideol
COMMENTAIRES
Le SER (Syndicat des Énergies Renouvelables) défend, ce qui peut paraître normal, les intérêts des producteurs d’énergie éolienne ou solaire, qui sont des intérêts privés. En aucun cas il défend l’intérêt général, donc le service public de l’électricité. Si le SER est satisfait, c’est que les subventions accordées par le gouvernement pour le développement de ces énergies sont suffisamment généreuses. Or, ce n’est pas le gouvernement qui finance mais bien tous les consommateurs au travers des taxes prélevées sur nos factures EDF (taxes CSPE), lesquelles majorent actuellement ces factures de 15% et pourraient prochainement passer à 50% voire 100% comme en Allemagne où l’électricité est deux fois plus chère qu’en France.
Tous ces appels à projets peuvent donc sembler sympathiques, mais ils ne peuvent que diminuer notre pouvoir d’achat en raison des taxes qu’ils entraînent. Et ceci pour aucun gain, car l’électricité est en France essentiellement produite par du nucléaire et de l’hydraulique, donc n’émet pas de GES.
Alors qu’est-ce qui pousse nos dirigeants et les agences comme l’ADEME à dépenser l’argent des citoyens de notre pays en crise sans aucune raison écologique ni technique ?