L’Allemagne réforme le financement de ses énergies renouvelables
Adoptée ce mardi 8 avril par le gouvernement allemand, la réforme de la loi de financement des énergies renouvelables modifie sensiblement les règles du jeu en matière de production d’énergie verte. Destinée à enrayer la hausse des prix de l’électricité, cette nouvelle loi devrait dans le même temps freiner considérablement le développement des renouvelables. Un changement cap du gouvernement d’Angela Merkel qui semble privilégier désormais la régulation des coûts.
« Nous avions besoin, d’urgence, d’un nouveau départ pour le tournant énergétique », a déclaré le ministre de l’Economie et de l’Energie, Sigmar Gabriel. Et en effet, si la loi sur les énergies renouvelables (EEG), introduite en 2000 pour soutenir les développements de l’énergie solaire ou éolienne à la place du nucléaire, concrétisait la volonté allemande d’une transition énergétique rapide, elle n’en a pas moins coûté très cher aux consommateurs.
L’objectif de cette transition qui prévoit la suppression totale du nucléaire d’ici 2022 et une évolution progressive des énergies renouvelables jusqu’à représenter 40-45% de la production globale d’électricité en 2025, s’en trouvait du même coup menacé puisqu’il faisait supporter aux ménages les fortes hausses des aides publiques accordées aux renouvelables. Ce régime de subventions aurait même provoqué d’un autre côté, une multiplication incontrôlée de certains moyens de production renouvelables et une offre excédentaire sur le marché de gros de l’électricité, au détriment de la rentabilité des centrales à gaz et à charbon.
Dans les faits donc, ce projet de loi ne revient pas sur les garanties de prix déjà offertes aux producteurs d’énergie verte, qui assurent déjà 25 % de la production électrique, mais envisage principalement de diminuer les futurs tarifs d’achat tout en encadrant le développement de nouvelles capacités de production. Les subventions devraient donc diminuées tandis que l’expansion des énergies éolienne et photovoltaïque sera mieux encadrée. Il est prévu que les capacités de production de l’éolien terrestre et de l’énergie photovoltaïque ne pourront augmenter de plus de 2,5 gigawatts par an, et que celles de l’éolien en mer soient limitées à +6,5 GW jusqu’en 2020.
Très gros consommateurs d’électricité, les industriels sont ainsi ménagés par la chancelière, puisque s’ils auront à payer plus pour l’énergie qu’ils consomment, ils conserveront tout de même la majeure partie des avantages garantissant leur compétitivité, sous forme d’exemptions. Les ménages devraient de leur côté voir leurs factures d’électricité augmenter moins fortement.
Cette loi qui entrera en vigueur dès 2017 se fait l’écho des nouvelles directives de la Commission européenne annoncées cette semaine et qui prévoient un désengagement de l’Europe dans le soutien qu’elle apporte aux énergies renouvelables et l’ouverture de ce secteur à la libre concurrence.
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Thomas Livingston