Le bois-énergie, quelle place dans la transition environnementale ?
Première source d’énergie renouvelable produite en France, le bois-énergie occupe une place de poids dans la transition environnementale. Il contribue en particulier à décarboner la production de chaleur, largement dépendante des énergies fossiles. Co-produit de l’exploitation du bois, sa place doit être envisagée dans une logique circulaire prenant en compte l’ensemble des usages du bois. En réponse à l’urgence climatique, son usage devrait progresser : l’occasion de renforcer la gestion durable des forêts, sans laquelle aucun usage du bois ne serait possible.
Une énergie renouvelable aux multiples usages
Bûche, plaquette forestière, ou granulés ? Quelle que soit sa forme, le bois-énergie est plus que jamais la première source d’énergie renouvelable produite en France. Cette utilisation du bois comme combustible pour produire de l’énergie représente 40% des énergies renouvelables produites en France. Il en existe plusieurs utilisations, à commencer par le chauffage : 70% de la production de chaleur renouvelable provenait du bois énergie en 2017, selon France Bois Forêt.
Des millions de foyers sont concernés : 7,4 millions de résidences sont équipés d’un chauffage au bois, et 400 000 logements utilisent les réseaux de chaleurs au bois pour leur chauffage ou la production d’eau chaude. Le bois-énergie est également impliqué dans la production des biocarburants de deuxième génération : la cellulose, l’hémicellulose et la lignine, trois composés présents naturellement dans le bois, sont transformés en glucose puis en éthanol.
Ces biocarburants ont vocation à se substituer aux carburants provenant d’énergies fossiles. Le bois énergie peut aussi produire de l’électricité grâce à la cogénération : la chaleur produite est alors utilisée pour chauffer un circuit d’eau qui entraîne une turbine et produit de l’électricité. Le bois-énergie représente ainsi près de 32% de la biomasse-énergie en France. Celle-ci représente plus de 55% de la production d’énergie finale, rappelle le site du Ministère de la transition écologique, et contribue donc fortement à la réduction de notre consommation d’énergies fossiles.
Un enjeu de taille, à l’heure où « nos besoins en chaleur, soit 42% de notre consommation énergétique, restent couverts à près de 80% par des énergies fossiles », rappellent Jean-Louis Bal et Michel Druilhe, respectivement président du Syndicat des énergies renouvelable et président de France Bois Forêt, dans une récente tribune. Une raison qui fait « du bois un levier essentiel pour décarboner notre production de chaleur ».
Bois-énergie et logique circulaire
Mais ce levier qu’est le bois-énergie ne doit pas faire oublier l’essentiel, à savoir que c’est toute une filière qui est ici impliquée. Si le bois-énergie joue un rôle déterminant dans la transition environnementale, celui-ci n’arrive qu’en bout de chaîne, après toute une série d’utilisation du bois comme matériau de construction ou produit d’emballage par exemple. Une notion qu’il est important de maîtriser pour bien comprendre la place du bois-énergie au sein de la transition énergétique.
Pour Jean-Louis Bal et Michel Druilhe, « la production d’énergie intervient en bout de chaîne, valorisant les parties de l’arbre qui n’ont pas d’autres débouchés et contribuant à l’équilibre économique de toute la filière ».
Des propos que confirme Charles Gazan, propriétaire forestier privé en Normandie, en charge d’un massif forestier de 100 hectares : « Lorsque l’on exploite une forêt pour produire de la ressource bois, c’est dans le but de vendre du bois d’œuvre car c’est celui qui a la plus forte valeur monétaire. Le bois énergie représente seulement un complément de revenu ». Des revenus nécessaires pour faire face aux coûts d’entretien de ces forêts privées.
La place du bois-énergie doit en réalité être envisagée dans une logique circulaire : utiliser le bois à des fins énergétiques n’intervient qu’après optimisation des usages précédents. Une logique vertueuse qui renforce les avantages finaux du bois-énergie, en prenant en compte l’ensemble du cycle de vie du bois : stockage du carbone dans les objets en bois, effet de substitution aux énergies fossiles qui viennent se cumuler avec la photosynthèse.
Une approche retenue dans la Réglementation Environnementale 2020 (RE2020), qui reconnaît les avantages des matériaux biosourcés dont le bois en s’appuyant sur cette analyse de cycle de vie dynamique : « Le principe d’ACV dynamique a été retenu par le gouvernement pour la RE2020, nous nous en félicitons. Cette méthode va permettre de mieux répondre aux enjeux de la stratégie bas carbone », se réjouit Frédéric Carteret, président de l’Union des Industriels et Constructeurs Bois (UICB).
Pas de bois-énergie sans gestion durable des forêts
Pour répondre à l’urgence climatique, nul doute que le bois-énergie joue un rôle croissant dans les années à venir. Au risque d’un impact négatif sur les forêts françaises ? Pas si l’on en croit une étude IGN/FCBA/ADEME sur la disponibilité forestière pour l’énergie et les matériaux à l’horizon 2035, selon laquelle 19,8 millions de m3 de bois supplémentaires pourraient être mobilisés annuellement, sans entamer la pérennité de la forêt. Car la forêt continue de s’accroître à un rythme moyen de 85 000 hectares par an depuis 1985, selon le memento inventaire forestier de l’IGN 2018, qui estime que la forêt française métropolitaine progresse de 0,7% par an depuis 1985.
Une pérennité de la forêt indissociable d’une gestion durable. C’est en permettant le renouvellement permanent du stock de bois que cette gestion durable donne au bois-énergie son caractère renouvelable.
Au point que les forêts non gérées durablement ne parviennent plus à jouer leur rôle de « poumon vert » : une étude publiée le 4 mars 2020 dans la revue Nature par une équipe de chercheurs du Musée royal de l’Afrique centrale et de l’Université de Leeds a montré que la forêt amazonienne, faute d’exploitation, verrait sa capacité à absorber le carbone tomber à zéro avant 2035.
Alors comment concilier essor du bois-énergie et pérennité des forêts françaises ? En privilégiant cette gestion durable des forêts, selon Jean-Louis Bal et Michel Druilhe : « La forêt a aussi besoin de l’homme, plus qu’avant, face à un changement climatique dont les manifestations requièrent un entretien adapté, qui, sous l’égide d’un code forestier exigeant, permet d’accroître ce patrimoine vivant ».
Très concrètement, cet entretien passe par des éclaircies, coupes sélectives qui permettent d’éliminer les espèces malades ou blessées, ou par des coupes de régénération qui participent au renouvellement des peuplements.
En particulier, le produit des coupes sanitaires, constitué de bois de petite taille ou de faible qualité, est valorisé sous la forme de bois-énergie. Celui-ci participe ainsi au renouvellement des peuplements et donc à la bonne santé économique de toute la filière. Celle-ci, dans son ensemble, représente 392 000 emplois en France.
COMMENTAIRES
Le bois énergie est une partie prenante fondamentale dans la transition énergétique et permettra le 100% renouvelable en production électrique.
Je me chauffe tout au bois en bûches de 50 cm avec un feu céramique au rendement élevé mais cela demande au bois 2 ans de séchage et 50 stères en rotation afin d’éviter encrassement des conduits par HAP, malgré tout les particules sont toujours existantes…
Faire de l’élec à grande échelle avec du bois, les US en sont revenus. Voir le documentaire de Michael Moore « the Planet of Humans ». Les écolos de là bas voulaient interdire ce documentaire qui est paru quand même sur You Tube et y est tjrs visible. Il y en a des qui ont perdu encore une fois une belle occasion de se taire faute de connaissances sur ce sujet !
L’exploitation des forêts passe trop souvent parle système des coupes à blanc ,suivies de replantations en lignes de mono espèces .On est loin d’une régénération naturelle composée de diverses essences ,mais on assiste à une dérive industrielle fort peu respectueuse de la nature ;
Quelques éléments factuels:
1 Kg de bois « sec » dispose d’un PCI de 4 kWh environ.
Pour obtenir 1 malheureux TWh PCI il faut donc 250 millions de tonnes de bois « sec » environ. A cela il faut retrancher toute l’énergie « grise » contenue dans le process (bûcheronnage , transport, débitage etc…)
Pour ce qui est de la combustion, seuls les foyers fonctionnant à environ 500-600°C permettent d’obtenir une pyrolyse de bonne qualité et donc un bon rendement, gage d’efficacité énergétique et de moindre pollution.
De ce point de vue, un poêle labellisé « flamme verte » fonctionnant en réduit aura finalement un mauvais rendement et rejettera dans l’environnement son détestable lot de suies. Seuls les chaudières associées à des ballons tampon et les poêles à pellet sont satisfaisants, en terme de pollution.
Erratum !! pour 1 TWh PCI il faut 250 mille tonnes (et pas millions!) de bois sec. Cela donne une idée de l’ordre de grandeur des besoins / contraintes en matière d’exploitation forestière et de pollution si le bois « énergie » devait prendre une part significative.
Avant de commencer à exprimer une opinion, il faut examiner le contexte dans lequel on s’exprime. Quelle est le rôle le plus important des forêts en période de réchauffement climatique dont il a été clairement identifié le responsable principal : la teneur en CO2 de notre atmosphère. L’action la plus importante et au dessus de n’importe quelle autre est de limiter nos rejets de CO2 et l’on voit bien que nos nombreuses actions sont en cours pour celà. Le bois jusqu’à présent semble passer au travers des gouttes et rien ne semble s’opposer à son succès, alors que limiter l’utilisation du bois s’impose puisque contrairement à tous les autres combustibles, tant que ce bois est vivant, il absorbe du CO2 et en quantité tres importante. Alors la logique voudrait que la meilleure utilisation du bois et des forêts serait de leur foutre la paix et de les laisser croitre au maximum.
Arrêter l’utilisation du bois n’est pas réaliste puisque en dehors du chauffage, et bien sûr l’entretien d’une filière complète, parfaitement utile, les utilisations du bois sont nombreuses. Nous n’allons pas faire une liste à la Prévert, mais les principales, sont : la construction (avantage majeur vis à vis du béton) , l’ameublement, les tonneaux (j’aurais du commencer par ça !), la chimie organique etc…Et toutes ces applications certes ne font pas perdurer le rôle majeur de pompe à CO2 joué par le bois-arbre ou le bois-forêt, mais au moins ne libèrent pas ou tres peu de CO2 dans la nature. Alors continuer à promouvoir le bois energie à seule fin de produire de la chaleur est une petite contradiction à laquelle il convient de s’attaquer au plus vite. Cela veut-il dire supprimer totalement le bois-energie, ce n’est pas ce que je dis. Mais de là à en encourager l’utilisation du bois dans d’énormes installations de production simple de chaleur , souvent surdimensionnées (plus c’est gros mieux ça passe et peu importe ce qui se passe après) dont le sens peut apparaitre douteux (rendement réel d’exploitation et non rendement nominal théorique) il y a sans doute des mesures simples à prendre. Si vous voulez des idées…..
Choppin : Alors la logique voudrait que la meilleure utilisation du bois et des forêts serait de leur foutre la paix et de les laisser croitre au maximum.
Pas d’accord. La logique est de les laisser devenir adulte et seulement atteindre le moment ou leur croissance diminue en vitalité. Les couper à ce moment là et pour ceux qui ne peuvent pas servir en menuiserie, ou construction d’en servir comme bois de chauffage. Bien sur, dès qu’un arbre est coupé un autre et replanter et le cycle continue.
Laisser un arbre mourir de sa belle mort est la pire solution car il pourrira en s’oxydant et relâchera tout le carbone qu’il aura absorber durant sa vie, soit même très peu vers la fin.
Quant à l’utiliser pour produire de l’électricité c’est une solution pour les défauts de production des renouvelables conventionnels éoliens et solaires. Le bois c’est du renouvelable pilotable à utiliser dans cet emploi.
L’émission télé de lundi 15 mars remettait bien les choses en place et a rejoint mes convictions de départ. Promouvoir le bois énergie conduit au massacre de nos forêts. Déjà, à la base, si je brûle une tonne de bois aujourd’hui le CO2 produit ne sera absorbé par une replantation qu’en 100 ans pour du chêne, 50 ans pour beaucoup de feuillus et 30 ans pour des résineux, cette temporalité fait que le bois n’est pas une énergie verte dans l’optique d’être neutre en 2050!!! Comme on pouvait s’y attendre la mode des pellets a conduit à ne plus se contenter des déchets de bois d’œuvre ou des menues branches du bucheronnage. Des coupes rases de forêts traditionnelles sont faites pour alimenter les usines à pellets, le sol mis a nu et détruit, ne refera pas une vrai forêt avant 50 ans et si, comme c’est souvent le cas, on ne plante que du résineux ce ne sera plus jamais une forêt mais un champ stérile de monoculture. La forêt est hyper importante pour stocker le carbone et pour la bio diversité, la gérer arbre par arbre avec précaution et planter des espèces feuillues diversifiées devrait être la seule politique acceptée. Cela réduit à très peu de choses le bois à brûler, et ne permet surtout pas d’alimenter des centrales (cf la contestation à Gardanne). Tous les lobbies du monde font la promotion de ce qu’ils vendent, le bois, le biogaz, les agrocarburants, etc. Mais on détruit nos forêts pour brûler le bois, on plante autre chose que des aliments pour méthaniser, on aggrave ça avec les agrocarburants, on couvre des hectares de bonne terre de plaine et de forêts avec des panneaux solaires, et le remède est souvent pire que le mal. Il n’y a pas de solution miracle, tout doit être fait avec mesure et sagesse, on n’a plus le temps de faire des conneries! Le réchauffement est en cours et la biosphère en partie détruite!